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Un service pas comme les autres

Cette photographie fut prise le 28 avril 1908, lors du service funèbre de 17 des 34 victimes de cette tragédie.

À l’aube du 26 avril 1908, un glissement dans de l’argile à Leda s’est produit soudainement sur la rive ouest de la rivière du Lièvre qui était gelée à ce moment-là et comportait une couche d’environ 0,5 mètre de glace en surface. Trois maisons situées sur la rive ouest ont immédiatement été englouties, entraînant 6 personnes vers la mort. En atteignant la rivière, le glissement a généré une vague extrêmement destructive qui s’est abattue sur une partie du village de Notre-Dame-de-la-Salette, situé sur une basse terrasse sur la rive opposée.

Emportés par la vague, de gros blocs de glace de rivière ont écrasé des bâtiments. Douze bâtiments ont été complètement détruits par la vague et 27 autres personnes ont perdu la vie. On a trouvé des débris jusqu’à 15 mètres au-dessus du niveau de la rivière. L’écoulement d’eau boueuse qui a suivi le glissement a été observé jusqu’à Montréal. Ce glissement de terrain s’est produit dans la niche de décollement d’une coulée de terre plus ancienne dont l’ampleur était beaucoup plus grande. Par la suite, le village a été déplacé sur une terrasse plus élevée.

Source : http://atlas.nrcan.gc.ca/auth/francais/maps/environment/naturalhazards/landslides/1

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Service funèbre pour 17 des 34 victimes de l’éboulement de Notre-Dame-de-la-Salette
1908
Municipalité de Notre-Dame-de-la-Salette, Petite-Nation (Québec), Canada


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Les victime sont-elles oubliées?

La plupart des dépouilles ont été inhumées le 28 avril 1908. Voici les noms qui ont pu être retrouvés en consultant les actes de la paroisse.

Alexina Lamoureux, femme de Napoléon Charron et ses enfants, Amanda, quatre ans, Adélard, trois ans et Charron, sept mois. Rose Anna Charron (inhumée le 24 juin), 31 ans, femme d'Augustin Larivière et ses enfants Camille, 10 ans, David, Emma, six ans, Rose, deux ans et  Albert, onze mois, Georges Morissette, 10 ans, fils de Louis et de Sophie Deslauriers, Cléophas Deslauriers, 34 ans et sa femme, Célina Paquin, 35 ans ainsi que leurs enfants, Damien, 11 ans et Wilfrid, huit ans et Albert, sept ans, Lucien, cinq ans, Béatrice, trois ans (inhumée le 5 juin) et Alice, six mois, Emilie Labelle, 75 ans, veuve de Emmanuel Lapointe, Daniel Lapointe, 19 ans, Eddy, 14 ans, Arthur, 12 ans, Angus, neuf ans et Henri Lapointe, sept ans, fils de feu Camille et de Christian McMillan (à connaissance, Christiane McMillan, veuve de Camille Lapointe, a survécu), Alesina Légaré, 30 ans, femme de Joseph  Murray (corps non retrouvé) et ses fils Arsidas, 10 ans, Wilfrid, neuf ans (inhumé le 3 juin) et ses filles, Florida, sept ans et Anna, cinq ans (inhumée le 28 mai), Adélard Murray, 30 ans, fils de François et de Louise Gagnon, Émelie Gravel, 39 ans, femme de Paul Desjardins et leur fils Elias, 6 ans, Florimond Desjardins, 13 ans, fils de Paul et Alphonsine Mallette.

Extrait d'un article de journal paru dans La Patrie entre le 27 et le 30 avril 1908

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Image de l’éboulis de Notre-Dame-de-la-Salette
1908
Municipalité de Notre-Dame-de-la-Salette, Petite-Nation (Québec), Canada


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Une effroyable catastrophe
Textes parus dans le journal «La Patrie», les 27, 28, 29 et 30 avril 1908

Une trentaine de personnes trouvent une mort horrible à Notre-Dame-de-la-Salette

Éboulis, glace et torrent

Le sinistre est arrivé vers cinq heures dimanche matin - Les communications interrompues – Une partie de la population de Buckingham se porte hier sur les lieux, le village de la Salette étant à 18 milles de Buckingham.

M. Maurice Brosseau, colon de la région apporte la nouvelle à Buckingham, après avoir parcouru 18 milles à cheval dans des chemins impraticables.

Trois envoyés spéciaux de la Patrie arrivent la nuit dernière sur les yeux

Buckingham, 27. Samedi soir, le coquet petit village de Notre-Dame de la Salette s'est endormi, comme à l'ordinaire, dans le calme et la tranquillité.

Les eaux de la Lièvre qui coulait au bas de la berge taillée à pic étaient grossie par la fonte de la neige, mais pas plus qu'à l'ordinaire, à cette époque de l'année. La rivière charriait de la glace, mais la crue des eaux donnait un passage libre aux glaçons. Tout était donc à l'état normal, lorsqu'une par une, les lumières s'éteignirent dans les petites maisons de ferme et que la nuit s'étendit sur le village.

À quatre heures du matin, dimanche, les habitants furent éveillés par un sourd grondement comme le bruit du tonnerre. En même temps, le sol oscilla et les maisons sursautèrent. Brusquement, arrachés de leur sommeil, muets de terreur, les habitants écoutèrent et attendirent, se demandant si ce n'était pas la fin du monde.

Du côté de la rivière, le bruit sourd continuait de se faire entendre, augmentant la confusion des gens. Puis, le bruit cessa et tout rentra dans le silence le plus absolu.
Soudain, l'on entendit un craquement terrible, non plus du côté de la rivière, mais au centre même du village. Il y eut comme une poussée dans l'air et un sifflement comme le bruit d'un cyclone.
Où étaient ces maisons ?

Les villageois s'élancèrent dehors et s'aperçurent que la moitié du village était disparue et que là où était la côte coulait un impétueux torrent. Là où étaient les fermes et leurs dépendances, s'élevaient des pyramides de glace que les flots tourmentés de la Lièvre assaillaient de toute part.
Quatorze maisons de ferme étaient disparues. Qu'étaient devenus les habitants? Où étaient les quarante personnes qu'abritaient ces maisons? Il n'y avait pas un être vivant dans cet amoncellement de ruines.

L’éboulement

Sur l'autre rive de la rivière, là où il y avait une côte de quarante pieds de hauteur, et sur laquelle était située la ferme de Camille Lapointe, il n'y avait plus qu'un trou béant. La ferme, la maison et ses dépendances avaient tout simplement été précipitées dans la rivière et projetée de l'autre côté. Alors, la glace s'est amoncelée et forma un barrage de trente-cinq a quarante pieds de hauteur, l'eau s'élevant de plus en plus.

Le village étant situé dans une petite baie couronnée de hautes collines. C'était la partie la plus basse du sol de la région, et comme les eaux de la rivière devaient se trouver une issue, elles débordèrent, entraînant une masse terrible de glace sur le petit hameau.

Une quinzaine de maisons furent englouties et tous ceux qui les habitaient ont péri. Il n'y eut pas d'appel au secours. En un instant. Tout était consommé.

Comme un immense raz de marée les flots s'élancèrent dans la rivière au-dessous, et s'étant forcé un chenal autour de dix arpents de terre qui formaient le barrage, la rivière baissa jusqu'à ce qu'elle atteigne un niveau d'environ douze pieds plus élevé que celui de samedi.

La rivière du Lièvre est large de 100 pieds à cet endroit. Les maisons sont réparties des deux côtés. Du côté ouest, la falaise atteint une hauteur de 40 pieds contre 10 pieds du côté est. A quatre heures hier matin, sur une longueur d'environ un demi-mille, la terre s'est écroulée dans la rivière, engloutissant deux maisons. Le déplacement de l'eau a rejeté les banquises de glace de la rivière sur l'autre rive, une inondation s'est produite, et la glace, projetée avec violence contre les maisons en a détruit 11.

La cause du désastre est la formation géologique de la falaise, qui repose sur un lit d'argile et de sable. Les sources qui viennent prendre naissance en-dessous minent le sol peu à peu.

Explication scientifique

Voici comment le Dr H.M. Ami, du Bureau Géologique, d’Ottawa, explique scientifiquement le phénomène désastreux qui vient d’arriver à Notre-Dame de la Salette, et qui n’est pas sans précédent en cette région.

Les côtes de glaise qui bordent la Lièvre, sont de très récente formation et sont formées de glaise marine.

Au fond de la Lièvre et des terrains avoisinants se trouve un vieux lit de granite laurentien.
Sur cette couche éphémère, repose un lit plus récent de glaise et de gravier ordinairement divisé en deux parties, d’âges divers. Ces couches de glaise ne sont pas très solidement cimentées l’une à l’autre, à cause de leur récente formation.

L’eau s’infiltre entre les deux couches et y charrie du sable et du gravier qui finissent par former des milliers de petits rouleaux. Ainsi la couche supérieure repose sur cette multitude de petits rouleaux.

L’humidité mine peu à peu ce qui retient l’une à l’autre les deux couches jusqu’à ce que, comme dans le cas qui vient de se produire, la couche supérieure se détache complètement, glisse sur ses petits rouleaux naturels et, emportée par son propre poids, s’éboule dans la vallée.
Ces éboulis se produisent ordinairement le printemps, à cause de la crue des eaux de cette période.

L’été dernier, ayant été très sec, la glaise est devenue très cuite et de larges fissures s’y sont faites.

Par ces fissures, lorsque les pluies vinrent, l’eau s’introduisit facilement jusqu’à la couche inférieure où elle accomplit graduellement son œuvre de désagrégation.

La crue des eaux considérable de ce printemps aida de son côté à déterminer le terrible éboulement d’hier.

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Rapides de la Petite Nation à Chénéville
1942
Municipalité de Chénéville (Petite-Nation, Québec) Canada


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Tempête sur le sud du Québec

Cette photographie prise en 1942, probablement autour du 16 ou du 17 juin, nous montre les rapides de la rivière Petite Nation, à la hauteur de Chénéville.

Des recherches dans les archives nous ont permit de découvrir qu'une tempête de type tropical s'est abattue sur le Québec, dans une trajectoire qui traversa le territoire d'ouest en est, entre les 13 et 15 juin 1942. Cette tempête était le résultat de la rencontre entre un très fort courant chaud remontant vers le nord à partir de la Baie de Chesapeake et d'un front froid s'étendant vers le sud-ouest et se déplaçant lentement vers l'est, soulevant l'air tropical instable. Le front froid avait déjà créé de l'activité cyclonique dans la région de la Baie James le 12 juin.

Déjà, le 11 juin, un anticyclone s'était intensifié au sud du Groenland, bloquant ainsi l'avance des dépressions voyageant dans la masse d'air tropical au sud du Québec. Trois petites dépressions remontèrent successivement le front froid, créant un système quasi stationnaire de production de pluie et laissant entre 100 et 200 mm d'eau sur certains endroits du sud du Québec. Le niveau de certains cours d'eau grimpa fortement, comme l'indique cette photographie.

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Billots de bois agglutinés à la suite de la crue des eaux aux rapides de Bois-Franc
1978
Municipalité de Bois-Francs, La Lièvre (Québec) Canada


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Billots échouées sur les berges suite à une importante crue des eaux

C'est au printemps de 1978 que cette photographie fut prise, dans la municipalité de Bois-Francs, au nord de Maniwaki. On peut constater sur cette photographie que la crue des eaux était très importante, puisque ces billots flottaient préalablement sur la rivière et qu'ils ont été laissés sur les berges parce que l'eau les recouvrait.

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Billots de bois agglutinés à la suite de la crue des eaux
1978
Vallée de la Petite-Nation, (Québec) Canada


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La colère et la puissance de l'eau

Cette photographie nous propose un autre point de vue sur la surprenante crue des eaux de 1978 à Bois-Francs. Nous pouvons voir les nombreux billots de bois qui sont échoués sur les berges alors que de nombreux autres flottent sur l'eau.

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Moulin à scie Pambrun à Chénéville aux abords de la rivière de la Petite-Nation
Vers 1910
Municipalité de Chénéville (Petite-Nation, Québec) Canada


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Travailler à proximité de l'eau

Cette photographie nous permet de découvrir le moulin à scie Pambrun de Chénéville, aux abords de la Petite-Nation vers 1910. Le fondateur du moulin était Adrien Avila Pambrun, né le 9 juin 1869 à Vaudreuil et décédé le 8 juin 1945 à Templeton.

Le moulin devint par la suite propriété de William Antoine Aurèle Pambrun, qui le transforma possiblement en moulin à farine lorsque le transport du bois par les draveurs cessa sur la rivière Petite-Nation.

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Inondation de la rivière de la Petite Nation à Saint-André-Avellin
1943
Municipalité de St-André-Avellin (Petite-Nation, Québec) Canada