Musée régional de Vaudreuil-Soulanges
Vaudreuil-Dorion, Québec

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De la subsistance à la collection : les appelants de chasse du Suroît

 

 

L'art du leurre

La chasse aux oiseaux migrateurs a toujours demandé un grand sens de l'observation de la part des chasseurs. En effet, ceux-ci doivent mettre à profit leurs connaissances des habitudes des espèces chassées afin de les attirer et ainsi déjouer leur méfiance naturelle. L'une d'entre elles consiste en l'utilisation de «faux-frères», ou plus simplement, d'appelants possédant des positions et des attitudes propices à rassurer les volées de canards et de bernaches qui survolent le site où sont embusqués les chasseurs1.

Cette pratique est néanmoins récente. En effet, avant 1917, comme mentionné précédemment, les chasseurs n'étaient pas confrontés à cette obligation puisque généralement, ils utilisaient des appelants vivants, domestiqués ou aux ailes brisées. Comme l'indique Paul-Louis Martin2, au début du 20e siècle, des membres de la famille Pellerin de Yamachiche avaient dressé une douzaine de canards noirs. Ceux-ci les suivaient docilement jusqu'à leur lieu de chasse et pataugeaient sans s'éloigner de la cache ou de la chaloupe. Leurs cris enthousiastes trompaient les canards sauvages qui avaient tôt fait de les rejoindre.

Avec la disparition d'appelants vivants et l'emploi généralisé d'appelants de bois, les chasseurs n'auront d'autres choix que de raffiner leurs techniques de chasse, d'où l'utilisation de «faux-frères». Les sculpteurs vont, par exemple, représenter des oiseaux se nourrissant, se reposant et se lissant les plumes. Disposées en quantité limitée à travers les autres appelants, ces pièces rassuraient les canards par leur aspect paisible. Des appelants représentant des bernaches et des canards noirs étaient également mis à contribution. Leur présence suffisait à déjouer la méfiance des oiseaux de l'espèce chassée (morillons, colverts ou garrots) et leur donnait l'illusion que le cours d'eau ou le marais était sécuritaire.

Bien que moins répandues que les appelants de bois, certains chasseurs utilisaient les dépouilles ou les plumes des canards abattus pour fabriquer des leurres. Les planches simples ou doubles servaient à donner l'impression que les canards morts étaient toujours bien vivants. Une autre technique consistait, à l'exemple des taxidermistes, à recouvrir des morceaux de liège avec de la peau et des plumes de canards.

1. Michel Bélisle et François St-Onge. La chasse à l'appelant des rives du Suroît au pays du Survenant. Vaudreuil-Dorion, Musée régional de Vaudreuil-Soulanges, 1998, p. 11.

2. Paul-Louis Martin. La chasse au Québec. Montréal, Les Éditions du Boréal, 1990, p. 356.

 

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