TRANSCRIPTION

R.C. : L'usine Singer de Saint-Jean qui a été construit au début du siècle, 1900, est devenue des plus importantes, parce qu'elle a connu l'évolution des premiers modèles de machine à coudre à pédale aller jusqu'aux machines à coudre électroniques. Et cette grande ville qui employait à l'époque jusqu'à 2500 personnes, fournissait le Canada, un peu les États-Unis, mais surtout l'Afrique. Le marché canadien était seulement que 8-10%. Alors, cette grande ville avait été réalisée sur le bord du Richelieu pour la communication facile par bateau vers les États-Unis et des États-Unis par bateau encore vers l'Afrique. Les machines à coudre étaient distribuées dans des caisses de bois en Afrique. Et il y avait un délai de plusieurs mois entre la sortie de l'usine et l'arrivée de la machine à coudre dans les magasins rudimentaires de l'Afrique. Les gens pouvaient avec ces machines à coudre manuelles, avec un attachement à la main... y avaient pas à ce moment-là développé encore la machine à coudre avec, opérée par les pieds, qu'on appelle machine à coudre à pédale. Alors quand on parle de Singer au Québec ou au Canada ou même ailleurs, les gens nous disent toujours : oui, ma grand-mère avait, elle a une ancienne machine à coudre à pédale.
F.B. : C'est vrai.
R.C. : Elle veut pas s'en défaire, même qu'a coud encore avec.
F.B. : C'est vrai.
R.C. : Alors vous voyez là la qualité du produit. La qualité du produit Singer était assez formidable. Et ces machines-là qui étaient assez simples, n'étaient pas compliquées comme aujourd'hui, brisaient très rarement, très rarement. Et les Africains, pour eux, avoir une machine à coudre Singer, c'était le summum. C'était comme avoir, ici, la plus belle voiture dans votre cour. Même que, à l'usine, nous avions eu une plainte une fois de l'Afrique, parce qu'on exportait beaucoup à l'Afrique. J'ai vu même cette plainte, j'étais en charge du contrôle de qualité et j'ai eu la lettre. On se plaignait que les machines à coudre des années, euh, 50-60, on se plaignait que les machines à coudre n'avaient plus le son des machines à coudre d'autrefois. C'est une drôle de plainte. On expliquait qu'elles étaient trop silencieuses, qu'elles ne chantaient plus. Autrefois, les machines à coudre étaient un peu plus bruyantes, bruyantes mais elles chantaient, comme ils disent les Africains. Mais, leur idée... vous voyez, c'est une question de prestige. Les Africains dans leurs huttes à une certaine distance des routes voulaient envoyer un signal aux passants, que eux avaient une machine à coudre dans la hutte. Alors, d'où cette plainte que la machine à coudre était trop silencieuse.
F.B. : C'était un symbole de prestige un peu.
R.C. : Exactement. Alors, voyez, c'est une plainte assez rare. Mais on avait regardé ça. Et, euh, c'était une plainte un peu inappropriée.
F.B. : Vous avez rien changé dans les machines à coudre.
R.C. : On n'a rien changé.