Musée des Ursulines de Québec
Québec, Québec

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Feuilles d'or et doigts de fée

 

 

TRANSCRIPTION

Voix de Didier Prioul, professeur, Faculté des lettres, Université Laval, Québec

'J'ai une position un petit peu différente de la majorité. Je sais qu'elle est probablement très utopique mais, en tout cas, moi, je suis pour la conservation in situ des ensembles décoratifs. Donc, là on a encore des témoins, on a encore des ensembles, qu'il faut garder. Le transfert vers l'espace d'exposition, pour moi, c'est complètement autre chose. En fait, on fait un choix différent. Il faut bien comprendre qu'on crée une rupture radicale et qu'on ne transporte pas le religieux dans l'espace d'exposition. Que ce soit le musée d'art, le musée de société, le musée historique : on va protéger des objets, mais on va créer une rupture en augmentant la perception sensible de l'objet, en faisant en sorte que ses qualités esthétiques vont être extrêmement importantes. L'exemple presque caricatural c'est le cas de l'orfèvrerie dans les espaces de musée, où l'on s'amuse parfois à dire, de manière ironique, que des jeunes enfants les perçoivent comme des trophées de golf et non pas par rapport à ce qu'ils sont comme objets religieux. Il ne faut pas oublier non plus qu'en les mettant sous vitrine et en les présentant de cette façon-là, on les présente comme des trophées. Le simple geste muséographique les amène vers cette perception-là, et les enfants ne sont pas plus bêtes que d'autres. Pourquoi est-ce qu'ils les perçoivent comme ça? C'est parce qu'il y a une incitation à le percevoir de cette façon-là. Là, il y a une réflexion importante à faire. Ça veut dire qu'on réduit la compréhension de l'objet à cette notion de perception sensible et on le coupe des questions de contemplation. C'est un choix de société, de protection, mais qui fait en sorte que la question de l'in situ, dont on parle peu ou pas, qui est présente et qu'on discute comme étant un camp impossible à maintenir, fait en sorte que l'objet, et pour le patrimoine religieux c'est majeur, que l'objet, qui est bien plus qu'un objet esthétique, qui est bien plus qu'un objet de patrimoine, qui est bien plus qu'un tableau de Plamondon ou qu'une sculpture de Levasseur que l'on regarde, que l'on va regarder de manière esthétique, transféré dans un espace d'exposition, a une densité de sens d'une extrême complexité. Donc c'est cette question de l'in situ qui me tracasse, moi, beaucoup, et qui fait en sorte qu'on ne peut pas, et le cas des Ursulines est un exemple, la Chapelle des Ursulines est un exemple qui nous permet encore de réfléchir et de travailler sur cet in situ'.

 

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