1.2 Des chemins de portage aux premiers canaux militaires
Très tôt, les utilisateurs européens de cette voie commerciale et militaire voudront réduire au maximum le temps nécessaire au passage des principaux rapides de Soulanges. Tributaires des moyens technologiques disponibles à cette époque, les premières tentatives furent principalement l'aménagement des berges le long du parcours et la construction d'un petit nombre de rigolets permettant le halage des embarcations évitant ainsi le déchargement systématique des marchandises que nécessitaient les nombreux portages. Néanmoins, ce passage obligé demandait de grands efforts en temps et en énergie aux hommes qui devaient traverser cette barrière naturelle que constituait le fleuve à cet endroit.
Il faudra attendre la fin du 18e siècle pour que soient érigés les premiers véritables canaux sur le territoire de la seigneurie de Soulanges. Dans un premier temps, cette initiative résulta d'une nécessité militaire. En effet, durant la révolution américaine, les autorités britanniques, maîtres du Canada depuis 1763, réalisèrent qu'il était essentiel d'améliorer l'approvisionnement de leurs troupes cantonnées dans les forts de la région des Grands Lacs afin de faire face à cette nouvelle menace issue de leurs propres colonies. Ainsi, entre 1779 et 1783, les ingénieurs anglais procédèrent à la construction de quatre petits canaux : le canal de Coteau-du-Lac (1779), le canal du Rocher-fendu (1783), le canal du Trou (1783) et le canal de la Faucille (1783).
Profitant également aux commerçants, ce réseau de canaux permettait dorénavant de relier Montréal à Kingston en douze jours, tandis que le chemin en sens inverse, en raison du courant et des vents favorables, pouvait être effectué en moins de quatre jours.