TRANSCRIPTION

Extrait d'entrevue avec Paul Crête sur son vécu dans la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes.

Nous autres, quand qu'on était jeunes on allait à messe le dimanche. On s'en venait icitte, sur le coin de la rue Montfort pis on attendait l'autobus.

Et ça, c'est en quelle année?

J'allais à la petite école, à peu près entre 10 ans, 11 ans, 12 ans. En tout cas, on allait à l'autobus l'hiver, l'autobus passait et on se cachait en arrière du bus et on allait à la messe en se tenant en arrière du bus jusqu'à la rue Cantin et Alfred. On allait à la messe et on revenait en arrière du bus. On se pendait en arrière.

Te rappelles-tu quand l'église a brulé?

Oui. J'ai justement déjà fait un dessin. (...) J'ai dessiné, un dimanche ou un samedi matin, je n'étais pas loin de là et j'ai dessiné l'église l'hiver qu'elle a passé au feu. Oui je m'en souviens qu'est-ce que cela avait de l'air, le séminaire, la grotte jusqu'au chemin Montréal, le premier presbytère qui était un hôtel, une salle paroissiale le long du chemin Montréal, c'est toute parti ça là ça fait longtemps en maudit. Mais je m'en souviens, ben oui je m'en souviens, j'ai été enfant de choeur là, j'ai sonné les cloches. Quand qu'on était jeunes à l'école Ducharme on avait une messe pour les jeunes, le curé Ducharme avait fait une messe pour les jeunes à 8 heures et quart le matin, il ne voulait pas avoir de jeunes les autres messes, c'était notre messe. Les maîtres et les maîtresses, pis on avait des pères et des frères, ils prenaient les présences à 8 heures et quart, si tu n'étais pas à messe de 8 heures et quart le dimanche, ils avaient toute la liste eux autres là, on se faisait mettre en pénitence. Si tu n'allais pas à la messe des enfants à 8 heures et quart on se faisait mettre en pénitence à l'école.

Et il fallait aller à l'autre messe en plus?

Non ben des fois j'allais à la messe avec mon père, pis je n'avais pas de notes, je n'avais pas de raison de manquer la messe de 8 heures et quart. Imagine-toi l'hiver, on restait sur la rue, dans ce temps à, la rue Bégin, où qui est le Jean Coutu, la grosse hiver nous autres là, on n'avait pas de parents pour aller à la messe, notre messe, il fallait qu'on marche dans la grosse neige pour aller à Notre-Dame-de-Lourdes, qui était loin, c'était notre messe à 8 heures et quart, le curé Ducharme ne voulait pas avoir de jeunes les autres messes. C'était tough. Je m'en souviens, être mis en pénitence à la récréation, dehors, parce qu'on n'avait pas été à la messe de 8 heures et quart. Même dans mon temps ça finissait d'être grave les prêtres, j'ai trouvé ça méchant moi-là. Ils prenaient nos présences, imagine-toi donc, ce n'est pas de leur affaire si je vais à la messe avec mon père ou si je ne vais pas à messe pantoute, ils prenaient les présences, on n'était pas tu penses, des, comme je disais tout à l'heure, tenir le monde en ignorance.

Quand l'église a brulé, tu te rappelles de l'impact dans la communauté?

Là y avait beaucoup de monde, j'avais été là, y avait du monde qui ont trouvé ça très dur, notre église, les bonnes femmes qui pleuraient. C'est vrai, c'était une belle église pis ç'a fait de quoi. Notre-Dame-de-Lourdes. Ils ont sauvé plusieurs livres parce que mon père, qui a été baptisé là, j'ai eu son baptême (baptistère), en 1912, ils en ont gardé pas mal. Mon père, mes soeurs, moi, on a été baptisé là, mes enfants ont été baptisés là, on appartient là tsé. C'était beau dans le temps, c'était simple. Y avait ben des p'tits pères, les Montfortains, qui étudiaient pis des fois on allait les voir.

Il y avait une ancienne, sur le bord du chemin Montréal, le séminaire, l'église il y avait une grande, j'appelle ça une cabane moi là, dans le temps où le monde allait à la messe en chevaux, il y avait toujours comme des granges avec des grands openings, tsé là. Dans ce temps-là, c'était là. Ben les pères Montfortains, les juniors, avaient tourné ça en tennis court. Pis le soir ils jouaient au tennis là-dedans. Tsé on n'a pas de portrait de rien de ça, c'est de valeur.