Musée régional de Vaudreuil-Soulanges
Vaudreuil-Dorion, Québec

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Bohème dans la ville, vie et oeuvre d'Onésime-Aimé Léger

 

 

8. Les amitiés sincères

Les premières grandes amitiés naissent généralement à l'école où l'on se découvre des affinités et des passions communes. Reconnu comme étant un bon vivant, aimant la fête et vivant au jour le jour sans se préoccuper du lendemain, Onésime-Aimé Léger (1881-1924) s'est vite entouré d'un groupe d'amis, artistes et bohèmes comme lui. Cependant, c'est surtout au cœur des ateliers, dans ces lieux clos, protégés du monde extérieur où la création et la passion prennent toute la place, qu'il trouvera ses grandes amitiés.

Au cours de sa carrière, Léger occupe plusieurs ateliers, qui lui servent également de logis, et qu'il partage souvent avec des amis. En 1909, il est au 80, rue Desjardins à Montréal; en 1910, au 17, rue Bleury; en 1912, au 373, rue Lartigue; en 1913, au 37, rue Notre-Dame Est; en 1914, au 567, rue Sainte-Catherine; en 1915, au 70, rue Saint-Jacques; en 1916, au 68, rue Ontario Est et en 1917, au 250, rue Sanguinet, app. 8. Dans les dernières années de sa vie, c'est chez sa mère qu'il trouve refuge.

Pourtant, c'est dans un autre atelier qu'Onésime-Aimé Léger se lie d'amitié à un artiste aujourd'hui inconnu, Émile Vézina (1876-1942). C'est sous les combles de l'atelier de L'Arche que les deux hommes se rencontrent. Émile Vézina prend possession de cet atelier en 1904 et en fait le haut lieu de la création artistique et de la bohème intellectuelle montréalaise. Peintre, poète, caricaturiste et sculpteur, Vézina accueille à cet endroit de nombreux amis tout en y donnant des cours de peinture. Onésime-Aimé Léger y passe une grande partie de son temps et il y fait plusieurs rencontres jusqu'à ce que Vézina quitte l'atelier en 1913 par manque de ressources financières. C'est probablement aussi par l'entremise de son ami Émile Vézina que Léger fait la connaissance, vers 1910, d'un homme qui deviendra son protecteur et son grand ami, le photographe Lactance Giroux (1869-1942). On sait que trois des filles de Giroux, Elzire, Antoinette et Germaine sont allées à l'atelier de L'Arche à quelques reprises et ont servi de modèles à Émile Vézina.

Des preuves concrètes demeurent de cette grande amitié. Dès 1911, Onésime-Aimé Léger réalise un buste de son ami. La même année, cette œuvre retient l'attention du public lors d'une exposition au Club Saint-Denis. Également, Lactance Giroux a pris quelques belles photographies de son protégé entre 1911 et 1920. De plus, pour aider Léger financièrement, Lactance Giroux l'engage pendant plusieurs années afin qu'il retouche les photographies en couleurs, comme la mode le voulait à l'époque, tout en lui offrant fréquemment le gîte et le couvert.

Les amitiés d'Onésime-Aimé Léger ne seraient pas complètes sans mentionner ses amis du groupe des peintres de la Montée Saint-Michel. Ce groupe est constitué de sept peintres : Ernest Aubin (1892-1963); Joseph Jutras (1894-1972); Jean-Onésime Legault (1882-1944); Élisée Martel (1881-1963); Jean-Paul Pépin (1897-1983); Narcisse Poirier (1883-1984) et Joseph-Octave Proulx (1888-1970). Tous ces jeunes artistes ont étudié aux cours du soir du Conseil des arts et manufactures de Montréal. C'est là qu'ils se sont connus et se sont liés d'amitié.

Ce groupe informel réunissait des peintres passionnés par leur art. Ces artistes se donnaient rendez-vous à la Montée Saint-Michel, boulevard actuel du même nom, qui traversait alors le village de Saint-Michel (Montréal) pour se rendre au Domaine des Sulpiciens. C'est là qu'ils se rencontraient pour peindre en plein air, d'où leur appellation. Ils occuperont également, à leur tour, l'atelier de L'Arche entre 1923 et 1925.

Jusqu'au décès d'Onésime-Aimé Léger, les amis de la Montée Saint-Michel veilleront sur lui et l'entoureront de toute leur amitié en lui procurant un peu de travail et souvent un abri pour quelques semaines. Du 15 avril au 15 mai 1941, a lieu la première exposition du groupe des peintres de la Montée Saint-Michel. Cette exposition remporte un succès mitigé. Les bouleversements sociaux et politiques apportés par la Deuxième Guerre mondiale ne favorisent pas la tenue d'un tel événement. Qu'importe, six œuvres d'Onésime-Aimé Léger y sont présentées à titre posthume et en souvenir de liens d'amitié inoubliables.

 

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