Musée régional de Vaudreuil-Soulanges
Vaudreuil-Dorion, Québec

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De la subsistance à la collection : les appelants de chasse du Suroît
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1917 : une année charnière

La chasse à l'aide d'appelants vivants semble avoir connu au Québec une large diffusion. Cette pratique perdurera théoriquement jusqu'en 1917, année de son interdiction. En effet, cette date charnière marquera l'entrée en vigueur d'une loi issue d'un traité intervenu un an plus tôt entre les États-Unis et le Canada qui défend l'emploi de leurres vivants. Ce traité sera à l'origine d'une utilisation accrue des appelants artificiels en bois1. Cette convention bilatérale avait pour but de protéger les oiseaux migrateurs de l'exploitation à outrance2.

La disparition du canard du Labrador en 1878 et la mort de la dernière tourte en 1914 avait suscité une large prise de conscience sur les méfaits de l'abattage massif de cette ressource collective déjà mise à mal par une chasse irresponsable. Dès lors, cette volumineuse loi mettra fin, entre autres, à la chasse commerciale aux oiseaux migrateurs (viande et plumes), à la chasse nocturne, au ramassage des œufs et bien sûr à l'utilisation d'appelants vivants3.

C'est donc à partir de 1917 que se généralisera l'emploi des appelants de chasse tel que nous le connaissons encore aujourd'hui. Ainsi, les canards et bernaches de bois ne s'imposeront pas en raison d'un souci esthétique, mais bien à la suite d'une obligation pour les chasseurs de remplacer l'une de leurs façons de faire devenue illégale par un autre procédé s'apparentant davantage à celui en usage anciennement chez les premiers habitants du contient nord-américain4. Cela dit, il est intéressant de noter que même après son interdiction, certains chasseurs continuèrent et continuent encore aujourd'hui, d'employer illégalement des appelants vivants en raison de leur efficacité5.

1. Bien sûr, il est important de spécifier que des appelants en bois ont été réalisés artisanalement et industriellement avant 1917 au Québec, mais leur utilisation semble s'être limitée à un nombre plus restreint de chasseurs avant cette date (Patricia Fleming, dir. Traditions in Wood, a History of Wildfowl Decoys in Canada. Camden East, Camden House Publishing, 1987, pp. 15-29).

2. Sébastien Daviau, «L'appelant de chasse québécois : de la subsistance à la collection», Au fil du temps, publication de la Société d'histoire et de généalogie de Salaberry, vol. 14, no 1, mars 2005 et Serge St-Pierre, «Une manne ailée : la chasse à la sauvagine», Cap-aux-Diamants, no 8, hiver 1987, pp. 27-29.

3. Sébastien Daviau, loc. cit., p. 21.

4. Ibid., p. 21.

5. André Côté. Les sauvaginiers du lac Saint-Pierre et leurs appelants. Sorel-Tracy, Imprimerie Edmond & Pelletier inc., 2004, p. 17.

 

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