Moulin Seigneurial de Pointe-du-LacTrois-Rivières, Québec
Maître Meunier L'HISTOIRE DU MOULIN SEIGNEURIAL DE POINTE-DU-LAC... PAS SI BANALE!
PAS SI BANAL...
Au milieu du 17e siècle, Louis XIV dote la Nouvelle-France d'une politique de colonisation qui vise à réformer le régime seigneurial. Afin de favoriser le peuplement, de nouvelles terres sont concédées à des hommes, nommés seigneurs. Ceux-ci s'évertuent, entre autres, à peupler leurs seigneuries en octroyant gratuitement des terres à tout homme désirant s'établir. Le seigneur doit également ériger un manoir et y tenir feu et lieu, faire construire une église et un moulin banal.
PAS SI BANAL... (suite)
En revanche, le colon s'engage à défricher sa terre et à y résider, à payer une rente annuelle, généralement versée le 1er mai, à effectuer les corvées exigées par le seigneur et à faire moudre le grain au moulin. C'est que le moulin seigneurial est banal, c'est-à-dire que les cultivateurs ont l'obligation d'y faire moudre leur grain et d'en céder une partie en échange de ce service. Le seigneur retient 1/14 du grain moulu, dont la vente génère un profit, mais sert aussi à défrayer l'entretien du moulin et à payer le salaire du meunier.
La présence d'un moulin à farine sur la seigneurie est essentielle, puisque le pain est à la base de l'alimentation des colons. Le seigneur doit donc s'empresser d'établir un moulin. En fait, un délai d'un an à compter de la concession de la seigneurie lui est alloué pour le construire. S'il ne respecte pas cette échéance, l'État peut autoriser autrui à s'en charger et, surtout, à percevoir les droits de banalité.
Le meunier est engagé par le seigneur. Il signe un bail qui lui délègue la garde du moulin, mais il doit rendre régulièrement des comptes sur l'état de ses affaires. À Pointe-du-Lac, les seigneurs accordent une grande liberté aux meuniers. Ce sont eux qui gèrent les redevances et le commerce de surplus. Il s'agit là d'un signe de confiance. Un bon meunier est une richesse à chérir.
UNE ÉPOQUE RÉVOLUE
L'avènement de l'industrialisation au Québec bouleverse irrémédiablement le rôle des moulins à farine au sein des communautés villageoises. Dès le début du 20e siècle, les minoteries, automatisées et plus productives, remplacent les moulins dont les équipements sont devenus vétustes. De la centaine de moulins en opération au Québec à la fin du 19e siècle, il n'en reste plus que quelques-uns en bon état, les autres ayant été mal entretenus ou carrément détruits. Parmi ceux qui ont survécu aux affres du temps, certains s'adonnent encore à la fabrication de la farine, mais font figure d'exception. Les autres, quant à eux, ont opté pour une vocation touristique, tout comme le nôtre.