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Chronique no. 3

L'établissement du clergé catholique

- L'établissement du clergé catholique aux Îles-de-la-Madeleine
- L'apport du clergé dans la communauté
- Notes bibliographiques

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Monseigneur Angus Bernard MacEachern
1835
Provinces Maritimes, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


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L'établissement du clergé catholique aux Îles

À la fin du 18e et au début du 19e siècle, le diocèse de Québec est chargé de l'administration religieuse de Terre-Neuve, des provinces maritimes et des Îles-de-la-Madeleine. Cette administration fournie la plupart des missionnaires pour ces contrées appartenant au Bas-Canada.

Les deux premiers missionnaires des Îles-de-la-Madeleine, l'abbé Thomas François Leroux et l'abbé William Phelan, exercent leur ministère auprès de la population de l'archipel respectivement de 1774 à 1784 et de 1784 à 1792. Dans les années qui suivent, les Îles seront desservies par des moines récollets, des sulpiciens et des jésuites qui s'y rendent occasionnellement, lorsque la navigation le permet.

En 1793, l'abbé Jean-Baptiste Allain tente d'établir sa mission à Havre-Aubert. Ce missionnaire de Saint-Pierre et Miquelon refuse de prêter serment d'allégeance à la nouvelle constitution civile du clergé de France. Instaurée suite à la Révolution Française, cette convention abolit les privilèges du clergé et sort la religion catholique de l'État civil. L'abbé Allain s'enfuie des Îles Saint-Pierre et Miquelon avec quelques résidents, surtout des descendants Acadiens, anti-révolutionnaires. Il obtient de l'évêque de Québec, l'autorisation de s'établir aux Îles-de-la-Madeleine. Peu de temps après son arrivée dans l'archipel sur l'île de Havre-Aubert, il fait élire un premier conseil de fabrique et érige une modeste église et un presbytère au pied des collines des Demoiselles.

En 1818, Mgr Plessis, évêque du diocèse de Québec qui gère l'ensemble du territoire, met en place un vicariat apostolique pour la Nouvelle-Écosse. Cette partie du diocèse est dirigée par Mgr Burke, un évêque auxiliaire. Les Îles-de-la-Madeleine sont annexées à l'Île du Cap-Breton pour des fins religieuses. En 1819, Québec nomme l'abbé Madran pour desservir les Îles. Ce dernier consent à y passer trois ans. Les missionnaires qui desservent le territoire madelinot, souffrent de l'isolement, de conditions de vie difficiles et sont peu portés à s'y établir. Il faut attendre plusieurs années pour qu'on se décide à s'y installer en permanence.

Le 25 novembre 1821, les Îles-de-la-Madeleine, le Cap-Breton et le Nouveaux-Brunswick sont confiés à un évêque subordonné à l'archevêché de Québec, Mgr. Angus Bernard MacEachern. Ce dernier établi son siège épiscopale à Charlottetown. Le 11 août 1829, huit ans plus tard, Charlottetown est érigé au rang de diocèse et Mgr. MacEachern est nommé officiellement évêque.

Les échanges entre la région des Maritimes et le diocèse de Québec, ne cessent pas pour autant. Comme le diocèse de Charlottetown est majoritairement anglophone, les candidats francophones qui se dirigent vers la prêtrise sont peu nombreux, Québec continue donc d'envoyer de nombreux prêtres et missionnaires dans ces régions maritimes du Bas-Canada. Ce n'est que dans les années 1850, que le diocèse de Charlottetown suffit à la demande et que les Îles-de-la-Madeleine sont complètement administrées par celui-ci (1).

Durant la période où l'archipel est sous la juridiction du diocèse de Charlottetown, les conseils de fabrique sont abolis, il n'y a pas de prêtres réguliers et les prêtres séculiers ont tous les pouvoirs. Les prêtres séculiers sont les administrateurs. Ils tiennent les comptes de la paroisse, contrôlent les établissements d'enseignement supérieur et exercent une forte influence sur la commission scolaire.

Avec l'aide du diocèse de Québec, l'archipel des Îles-de-la-Madeleine obtient en 1825 des missionnaires à poste fixe pour des mandat précis. Se succèdent alors l'abbé Pierre Béland qui demeure jusqu'en 1827, l'abbé Pierre Bédard de 1827-1830, l'abbé P.H. Brunet de 1830 à 1833, l'abbé Brassard de 1833 à 1837 et l'abbé Noël de 1837 à 1839. En 1839, l'abbé Alexis-Alphonse Bélanger prend la relève jusqu'en 1846 et s'occupe alors de l'unique mission qui dessert l'ensemble de l'archipel.

À cette époque il existe déjà sur les Îles quelques modestes chapelles. On en trouve une notamment à Havre-aux-Maisons et l'Étang-du-Nord. Celle-ci sera à l'origine, comme expliqué dans la chronique ''Historique de l'église Saint-Pierre et de sa paroisse''.

En 1846, la population augmentant, les Îles sont finalement divisées en deux missions: la mission de Notre-Dame-des-Monts de Havre-Aubert qui englobe l'Île d'Entrée, Bassin, l'Étang-du-Nord (Lavernière, Les Caps, Gros-Cap, Boisville) et la mission de Havre-aux-Maisons qui comprend le reste de l'archipel habité, dont Cap-aux-Meules, Grand-Ruisseau et Grande-Entrée.

L'abbé Bélanger se charge de la mission de Havre-Aubert, fondée en 1793, et qui est restée la seule paroisse des Îles jusqu'en 1846. L'abbé Cajetan Miville-Deschênes vient aux Îles pour desservir la nouvelle mission de Havre-aux-Maisons. L'abbé Miville-Deschênes entreprendra en 1847, la construction de la première église de Havre-aux-Maisons, située près de la baie et donc facilement accessible pour les habitants du village de Barachois qui sont desservis par cette mission.

À partir de la fin des années 1860, la construction des paroisses et de leurs édifices religieux connaît un essor rapide sur l'archipel.
En 1865, l'abbé Charles Nazaire Boudreau, curé de Havre-Aubert obtient l'autorisation de débuter la construction de l'église de Bassin. La bénédiction a lieu huit ans plus tard soit le 13 novembre 1873. La paroisse de Bassin sera créée canoniquement en 1877.

En 1872, Lavernière qui obtient la permission de bâtir son église remplaçant ainsi la chapelle Saint-François-Xavier située à la Côte de l'Étang-du-Nord et érigée en 1828. En 1876, l'église Saint-Pierre est bénie et forme la troisième mission de l'archipel après Havre-Aubert et Havre-aux-Maisons.

En 1887, les travaux de construction de la chapelle de Grande-Entrée débutent grâce à l'abbé Edmond Meunier. Cette chapelle, dédiée au Sacré-Coeur, est officiellement érigée en paroisse en 1928 sous la cure de Jean Buote.

En 1946 les Îles-de-la-Madeleine passent du diocèse de Charlottetown au diocèse de Gaspé et ce, après plusieurs tentatives infructueuses, notamment en 1922 et en 1923. Cette décision s'impose car les Îles sont déjà rattachées au district scolaire de Gaspé depuis 1852.

De la fin des années 1940 jusqu'au début des années 1960, la paroisse Saint-Pierre de Lavernière est divisée en deux autres paroisses : Fatima créée en 1948 et Cap-aux-Meules fondée le 7 janvier 1960.

La dernière paroisse de l'archipel à voir le jour est celle de Pointe-aux-Loups en 1966. Son église est inaugurée en 1968.

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L'abbé Cajetan Miville Deschênes, curé de la mission de Havre aux Maisons de 1846 à 1868
1868
Îles de la Madeleine, Québec, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


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M. l'abbé Georges Antoine Belcourt, curé de la mission de Havre aux Maisons de 1872 à 1874
1874
Îles de la Madeleine, Québec, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


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L'apport du clergé dans la communauté

L'apport du clergé, du diocèse de Charlottetown, de Québec et de Gaspé est important pour le milieu madelinot. Érections de paroisses et construction d'églises, présence du clergé dans le secteur de l'éducation, des soins de santé et de la vie communautaire (2), sont autant d'aspects où les ecclésiastiques ont laissé leur marque.

En 1938, les Soeurs de la Charité de Québec prennent en charge l'implantation de l'hôpital de l'archipel Notre-Dame-de-la-Garde et ajouteront l'enseignement à leurs responsabilités. Ce n'est qu'en 1973, qu'elles cèdent la propriété de leurs biens à une corporation laïque qui se charge d'administrer l'hôpital et le Centre Local de Services Communautaires (C.L.S.C.).

Trois communautés religieuses viennent appuyer le travail de la Congrégation Notre-Dame qui oeuvre dans le domaine de l'éducation depuis 1877, soit l'Institut Séculier des Oblates de Marie-Immaculée, les Filles de Marie de l'Assomption et les Frères du Sacré-Coeur.

Les diverses communautés religieuses présentent aux Îles-de-la-Madeleine mettent sur pieds une série de regroupements allant des mouvements de pastorale jusqu'aux activités sportives et récréatives(3).

L'oeuvre des communautés religieuses sur l'archipel des Îles-de-la-Madeleine a largement contribuée à l'épanouissement de la société. Aujourd'hui, seule la Congrégation Notre-Dame et quelques membres de l'Institut Séculier des Oblates sont encore présents sur notre territoire.

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Notes bibliographiques

(1) Hubert, Paul. Les Îles de la Madeleine et les Madelinots. Les Éditions de la Source, 1979, p.105.

(2) Fortin, Jean-Charles, Larocque, Paul, Histoire des Îles-de-la-Madeleine, Les éditions de l'IQRC, 2003, p. 122.

(3) Fortin, Jean-Charles, Larocque, Paul, Histoire des Îles-de-la-Madeleine, Les éditions de l'IQRC, 2003, p. 242.