14

Émile Lépine
(graveur et technicien responsable du matriçage (mastering) chez London, chez SNB et chez RSB à Montréal)

Double inversion d´une piste hors phase
(59'') - Émile Lépine, enregistré en 2006

«C´est un artiste connu qui ouvrait un studio quatre pistes. Pour vérifier l´azimuth, le parallélisme de la tête entre les côtés A et B, on ajustait une petite vis pour que la tête soit au maximum des hautes fréquences, en supposant que les fréquences sont bien en phase. Une chose qu´il ne savait pas, c´est qu´une de ces pistes, une seule de ces pistes, était inversée, hors phase. Mais on ne s´en apercevait pas trop en l´écoutant. En mettant ensemble ces bandes deux pouces en monophonie, le chanteur est disparu, parce qu´une des pistes du chanteur était hors phase. J´ai téléphoné au producteur. Je lui ai dit : «Écoute, l´une de tes pistes dans ton multipiste est en inverse». Pendant ce temps-là, l´ingénieur du son me téléphone et me dit : «Comment est ma bande». Là, je lui dis la
même chose. J´aurais jamais dû. J´aurais dû le dire à une personne. Le producteur est allé en studio et a changé la piste. L´ingénieur, lui, a changé l´autre piste sur le côté. Ce qui fait qu´on est revenu au même point. L´inverse était inversé.»

15

Émile Lépine dans la salle de matriçage de l'usine London
1982
Montréal
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16

Émile Lépine
(graveur et technicien responsable du matriçage (mastering) chez London, chez SNB et chez RSB à Montréal)

Problèmes de sibilance tenaces
(36'') - Émile Lépine, enregistré en 2006

«On parlait de [la difficulté de graver les] sibilances. Un artiste connu, est arrivé, qui traduisait des chansons américaines. Il enregistrait Si tu savais… SSSSi tu SSSsavais. Le S, je n´ai jamais, jamais été capable de le graver. Le pauvre artiste a dû retourner en studio. Le producteur lui disait attention au SSSSi. Il a eu beau recommencer, le disque n´est pas sorti comme il l´aurait voulu, mais on avait pas le choix. On ne pouvait pas graver le fameux S.»

17

Microphones au studio 270
2006
Montréal
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18

Jean-Pierre Loiselle
(technicien et preneur de son au studio 12 de Radio-Canada à Montréal)

Positionnement aléatoire des microphones
(1´22') - Jean-Pierre Loiselle, enregistré en 2006

«Il y avait des preneurs de son [de Radio-Canada] qui faisaient un enregistrement d´orgue. Il y avait une messe. Ils sont venus faire l´installation de la console. Il fallait faire ça avant le dîner. Les preneurs de son avaient installé les microphones sur une perche, pour enregistrer de l´orgue. Puis, ça avait été placé derrière le choeur en arrière de l´église pour ne pas que ça nuise pour la messe. Les preneurs de son sont allés dîner. Ils sont revenus. Il y a eu probablement une mésentente entre l´assistant et le preneur de son. L´assistant était supposé revenir pour replacer les microphones à la bonne place parce que l´organiste
arrivait pour faire la répétition, et ensuite l´enregistrement. Il commence à jouer, puis on supposait que les microphones avaient été placés à l´endroit traditionnel. Ils avaient été laissés derrière. On n'aurait jamais placé les micros là. Ils écoutaient puis le son était très bon, même exceptionnel. C´était un endroit où le preneur de son allait assez souvent. Il dit : «Vraiment aujourd´hui, je ne sais pas ce qui se passe». L´assistant preneur de son le regarde et lui dit : «Sais-tu où ils sont tes micros, ils sont encore accotés sur le mur derrière l´autel». Il n´en revenait pas. On aurait pu les laisser là. C´est une anecdote [qui prouve que] souvent, il y a des règles, mais ça ne veut pas dire que c´est le seul endroit pour une bonne prise de son. Ce n´est pas absolu, mais c´est sûr qu´on ne peut pas se permettre de chercher pendant des heures. On ne peut pas demander à l´organiste de jouer pendant deux heures pour essayer de trouver un coin spécial.»

19

Importance de l'entretien des équipements
2006

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20

Stéphane Morency
(technicien et preneur de son au studio Karisma à Montréal)

Test de son fait en catastrophe
(1´18') - Stéphane Morency, enregistré en 2006

«Je voulais être armé parce que je m´en allais à la guerre. Faire le son dans des salles de spectacles à la grandeur du pays, dans les petits bars, tout partout, ce n´est pas simple. On est tout le temps à la merci de l´acoustique et de l´équipement qu´on a. Si on a au moins une couple d´outils pour se remettre sur pied… L´artiste est aussi bon que ce qu´il va entendre dans son moniteur. S´il est indisposé toute la soirée parce qu´il entend tout le temps un ring ou un feedback, ou il ne s´entend pas parce que les moniteurs n´ont pas été bien calibrés, parce que ça n´a pas été bien fait, ça été fait juste à l´oreille… C´est des mathématiques, l´acoustique, alors ça prend des représentations graphiques précises pour pouvoir en peu de temps faire le maximum avec ce qu´on a. C´est toujours stressant un show, surtout quand c´est juste un soir. Tu voyages, tu arrives, tu t´installes. L´équipement fait défaut. T´as pas eu le temps de faire ta balance de son. On ne peut pas faire un show, un, deux, trois, Go. Quoique c´est déjà arrivé, faire des balances pendant la première pièce. Le show commence, puis tu retombes sur tes pattes. Si tu as de l´expérience, tu retombes sur tes pattes assez vite. Tout est interrelié. La performance de l´artiste est la base; nous autres, on est juste des accessoires, pour que le public puisse apprécier la performance de l´artiste qu´il aime. Si cet artiste n'est pas à l´aise, toute la raison d´être de la soirée est gâchée.»

21

Magnétophone Studer conservé au studio 12 de Radio-Canada
2006
Montréal
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22

Ian Terry
(technicien et preneur de son au studio Tempo à Montréal)

Session d´enregistrement coûteuse
(1´20'') - Ian Terry, enregistré en 2006

«C´était une séance d´enregistrement pour un commercial où on avait plusieurs versions d´une publicité à faire. Il y en a une qui était plutôt classique. On avait une douzaine ou une quinzaine de cordes dans le studio qui jouaient une pièce acoustique pendant 30 secondes. Puis on avait un section jazz avec les cuivres. On avait une version rock. La job d´un assistant, c´est de prendre soin de noter où sont les prises sur le compteur et de placer le ruban à la bonne place pour continuer d´autres enregistrements. On finit la version rock. On revient pour jouer la pièce classique, ça n´existe plus. Au lieu de noter et de faire un
reset (positionnement) du compteur à zéro à chaque fois, il est revenu au début. Donc ceux de classique et de jazz n´existaient plus parce qu´on a fait le rock par-dessus. Ça c´est le plus gros désastre que j´ai jamais eu. Évidemment, c´était la faute de l´assistant, mais c´était ma responsabilité. Donc, moi j´ai payé de ma poche pour faire revenir les musiciens. C´était à peu près dix fois plus que ce que j´avais gagné pour la session.»

23

Console des années 1970 chez Tempo (selon des plans de Westlake), avec Billy Szawlowski
1974
Montréal
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24

Gilles Valiquette

(auteur-compositeur-interprète, réalisateur, technicien et preneur de son, ex-président de la SOCAN, fondateur du collège MusiTechnic à Montréal)

Conseil douteux d´un producteur à un groupe qui commence
(53'') - Gilles Valiquette, enregistré en 2006

«Puis un moment donné, on a trouvé un producteur qui nous a fait un package deal (forfait). Tu payais 500 dollars. Tu avais trois heures de studio. Il mixait tout ton truc. Il t´imprimait 500 disques. Puis là il te donnait ça. Le producteur, c´était l´ancien chanteur des Habits jaunes. Lui, il n´avait pas de studio. Il agissait comme un genre d´agent. Il s´occupait de tous les détails. Lui-même n´avait rien comme outils. La seule affaire qu´il nous a dit, c´est «de faire un chanson niaiseuse. Ça va marcher. Comme ça vous allez rentrer dans votre argent». J´ai composé deux chansons originales dont Chante et danse avec moi. C´était un mauvais choix parce ça ne nous représentait pas. Le son qui était là-dessus, ça n´était pas nous autres. C´était tellement mauvais que personne a ramassé ça. La session a été fait chez Stereo Sound avec un 4 pistes, sur Côte-de-Liesse.»

25

Studio du collège MusiTechnic
2006
Montréal
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26

Gilles Valiquette
(auteur-compositeur-interprète, réalisateur, technicien et preneur de son, ex-président de la SOCAN, fondateur du collège MusiTechnic à Montréal)

Rencontre ratée avec un bon producteur
(1´22') - Gilles Valiquette, enregistré en 2006

«J´étais en studio. J´étais en train de faire mon troisième album. J´essaies d´aller chercher le son des chanteurs folk britanniques de l´époque. On parle de John Martin, Fairport Convention, des disques que moi j´aime bien, Nick Drake. Alors, j´apporte ces disques-là pour montrer un peu à l´équipe ce que j´essaies de faire. On écoute ça, puis on essaie des affaires. Cette journée là, c´est laborieux. Tous ces disques là, ils ont été réalisés par une maison de production indépendante en Angleterre qui s´appelle Witchseason. Le gars qui les a réalisés, il s´appelle Joe Boyd. Pendant qu´on est en train de travailler, la secrétaire avertit que quelqu´un voudrait visiter le studio. On le laisse rentrer. Il est en complet avec la petite mallette. Il me serre la main et s´assoit en arrière pour nous regarder travailler. Un moment donné, il se lève pour demander l´autorisation de prendre quelques photos. Il revient me voir et me remercie en me saluant. Mon affaire, ça marche toujours pas. Deux heures plus tard, on prend une pause pour le souper. Je demande à la secrétaire : «C´est qui le gars qui est venu tantôt?». Elle ne savait pas, mais il avait laissé sa carte. C´était Joe Boyd, en personne, c´était lui. Il y avait le logo sur la carte de la maison de production. Ça se peux-tu? Écoute je voulais me donner des coups de poing.»

27

Enregistrement au studio Victor
2000
Montréal
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