14

Gyttja... exotique

Mot d’origine suédoise, gyttja (prononcer yit-chah) désigne une boue riche en matière organique qui s’est accumulée sur le fond de certains lacs et étangs. La photographie provient d’une carotte prélevée dans un petit bassin lacustre semblable à celui du lac de kettle de Saint-Émile-de-Suffolk. La partie pâle de la base indique des sédiments riches en carbonate de calcium tandis que la partie plus foncée (en haut de la carotte) est typique de la matière organique gélatineuse de la gyttja.

Cette séquence de sédiments en dit long car elle permet de reconstituer la végétation du passé et, par la bande, les climats anciens : l’âge est plus jeune près du sommet de la carotte et plus éloigné vers la base. Cette datation relative trouve appui dans la datation radiocarbone de certains niveaux qui nous apporte des âges absolus.

15

image groupe montérégie 1

16

Tout le « gréement » nécessaire à l’échantillonnage sur un lac dans le but de ramener des carottes de sédiments.

Sur cette photographie, on retrouve l’équipe de travail (le photographe ne pouvant y figurer) : Pierre J.H. Richard, Maxime Paiement et Hans Asnong.

Hiver 2004

Photographie de Alayn C. Larouche

17

image équipes travail montérégie carotte

18

Équipe de travailleurs en action.

Photographies prises lors d’un échantillonnage dans la région de la Montérégie, dans un contexte similaire aux tourbières de notre région.

Mars 2004
Photographie de Pierre J.H. Richard, FRSC, professeur émérite

De gauche à droite :
Maxime Paiement, Hans Asnong et Alayn C. Larouche

19

image 3 chercheurs de proche montérégie

20

texte 3 cherchers en action

21

images groupe chercheurs phoque

22

Un phoque dans la Petite-Nation?!

Guy-Louis Poncelet, naturaliste, artiste, amant de la nature, fasciné par les sciences de la terre, a fait une étonnante découverte à l’été 2006. Sur les parois fraîchement exposées d’une sablière à Saint-André-Avellin, il note la présence de petits ossements à la base d’une séquence de sédiments de plusieurs mètres d’épaisseur. L’endroit est situé sous le niveau maximal atteint par la mer de Champlain et à une profondeur incompatible avec l’enfouissement d’une carcasse d’animal domestique. Il conclut donc qu’il s’agit des restes d’un mammifère marin.

Il intéresse alors Jean Veillette, chercheur émérite à la Commission géologique du Canada (CGC), qui reconstitue l’environnement de mise en place et informe de la découverte Richard Harington, paléontologue réputé et curateur émérite de la zoologie du quaternaire au Musée canadien de la nature à Ottawa. Ce dernier visite le site et émet des instructions pour la poursuite des fouilles.

Un groupe de Jeunes trotteurs de l’Outaouais, sous la direction de Jean Veillette et de Jean-Marc Soucy, professeur au Cégep de l’Outaouais, fouille le terrain pendant trois jours et produit plusieurs nouveaux fragments d’os. En novembre 2006, l’identité de la bête est révélée.

Richard Harington présente un rapport détaillé précisant que les ossements proviennent du membre inférieur droit (tibia, péroné, os du talon et de la cheville, métatarses et phalanges) presque complet, probablement d’un phoque annelé (phoca hispida), lequel occupe généralement un environnement de glaces ancrées à la rive.

Un âge radiocarbone de 11 625 ± 35 ans AA (avant aujourd’hui) sur les ossements a ensuite été obtenu par l’entremise du chercheur A.S. Dyke de la CGC. Selon Harington, il s’agit de l’âge le plus ancien obtenu à ce jour sur des restes de mammifères marins provenant des dépôts de la mer de Champlain, incluant
les ossements de baleines boréales et de rorquals. Imaginez Saint-André-Avellin sous plusieurs dizaines de mètres d’eau salée et Chénéville, un bord de mer où des phoques se prélassent sur le rivage.

23

images ossements phoque et sablière st-andré

24

Des ossements particuliers, témoins d'époques aux bouleversements spectaculaires

Ces ossements trouvés dans la carrière Bélanger, près de Saint-André-Avellin, datent d’environ 11 600 ans. Ce sont probablement les os de la patte arrière droite d’un phoque annelé, d’abord à cause de leur petitesse, mais aussi parce que nous avons de nombreux fossiles de phoques annelés dans cette région de la mer de Champlain (45° 44’ N, 74° 59’ O, 164 mètres au-dessus du niveau de la mer).

Le pollen retrouvé dans la matrice limoneuse autour des ossements est dominé par l’épinette (Picea), le pin (Pinus) et le chêne (Quercus) avec des traces de sapin (Abies), de bouleau (Betula), d’aulne (Alnus) et de plantes comme de
l’herbe, de la sauge et de l’herbe à poux. Ainsi, la masse de pollen est typique pour les sédiments de la mer de Champlain dans la région de l’Outaouais.

25

image prêle / fossile

Source : www.visoflora.com

26

Fossile de prêle

Plante médicinale de premier plan, la prêle, alliée des fougères, se retrouve partout dans les zones tempérées de l’hémisphère nord. Elle était utilisée traditionnellement chez les Amérindiens et les premiers colons pour développer les fibres musculaires, souder les fractures, ou en infusion pour traiter les maladies rénales ou la gonorrhée.

La distribution de la prêle a régressé au même rythme que la disparition des tourbières. Mais sa présence est associée à des nappes d’eau en surface ou en profondeur. La présence de fragments fossiles le long de la rivière Petite Rouge ajoute aux données sur l’histoire géologique de la région. Ces prêles fossiles, en tout point semblables aux prêles qui poussent présentement en bordure des cours d’eau de la région, sont âgées d’environ 5800 à 7200 ans. Ainsi, la fossilisation de ces plantes aurait été rapide depuis la déglaciation du territoire.

27

image pierres de fée
Pierres de fée
Photo Guy-Louis Poncelet