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26 novembre 2006

Mon cher grand-papa,

Pour te raconter l'histoire qui a mené à la reconnaissance de la réserve de la biosphère du Lac-Saint-Pierre et ainsi créer l'exposition " Histoire d'îles ", j'ai planifié des rencontres avec Normand Gariépy, Hélène Gignac et Louis Gagné. J'aurai beaucoup de recherche à faire sur ce sujet. Mais je pars tout de même avec une longueur d'avance car je sais déjà que le projet prend son origine vers 1989 avec un projet de Parcs Canada. Cet organisme fédéral voulait créer un parc protégé se rapprochant un peu de l'idée d'une réserve de biosphère comme proposée par l'UNESCO. Ce territoire protégé devait inclure le lac Saint-Pierre, les îles de Sorel, de Berthierville, de Boucherville, ainsi que les installations de Parcs Canada situées à Chambly et à Saint-Jean le long de la rivière Richelieu.

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Entre Montréal et Québec, le fleuve s'élargit; ce qui forme le lac Saint-Pierre



Crédits:
Prêt : Luc Lamoureux

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Lors de mes recherches, j'ai appris que ce projet est parvenu jusqu'aux oreilles de notre député, M. Louis Plamondon. C'est donc M. Plamondon qui, connaissant son intérêt pour les causes environnementales, encouragea Normand Gariépy à rencontrer le promoteur de ce nouveau projet. Lors de cette rencontre, Normand Gariépy apprit que le projet de créer cette réserve de la biosphère de style éclaté impliquait l'expropriation des résidents des îles et des utilisateurs. Tu imagines ça?

Complètement en désaccord avec ce plan, Normand Gariépy refusa de cautionner le projet tout comme M. Plamondon. À partir de là, le projet n'a pas fait long feu. Par contre, cela a eu pour effet d'allumer l'étincelle qui brillera dans les yeux de Normand Gariépy tout au long du projet et qui, crois-moi, brille encore aujourd'hui.

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Photographie aérienne d'une île de l'archipel du lac Saint-Pierre
Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada


Crédits:
Normand Gariépy

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Ensuite, avec l'aide de M. Plamondon, Normand réussit à rassembler la documentation nécessaire afin de produire un document d'information sur le projet de réserve de biosphère. Réalisé en 1993, ce tout premier document a été présenté au conseil d'administration de l'Office de tourisme du Bas-Richelieu. Normand Gariépy, d'ailleurs, siégeait sur ce conseil d'administration. Quelque temps après, il devint président de l'Office de tourisme du Bas-Richelieu et fit part de son désir de piloter son projet de réserve de biosphère du Lac-Saint-Pierre à partir de cette organisation. Malheureusement, les membres du conseil d'administration ne partagaient pas tous son enthousiasme et son optimisme; certaines personnes ne voyant en ce projet qu'une utopie, un rêve d'enfant. Mais Normand Gariépy n'avait pas dit son dernier mot.

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Les salicaires qui envahissent les berges des îles de Sorel
Chenal du Moine, Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada


Crédits:
Aline Viau Bélanger

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C'est dans ce contexte que M. Gariépy prit la décision de créer, en 1994, la Société d'initiative et de conservation du Bas-Richelieu (SICBR). J'ai pu en apprendre davantage sur les objectifs de la SICBR en visionnant une entrevue que Normand Gariépy avait donnée à un journaliste peu après la reconnaissance de la réserve de la biosphère. Grâce à cet entretien, j'ai appris que cet organisme à but non lucratif était composé d'environ six à sept membres bénévoles et avait comme mandat de réaliser deux projets.

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Un canard colvert femelle avec ses cinq rejetons
avril à juin 2004
Baie-du-Febvre (Québec), Canada


Crédits:
Rosaire Lemay

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C'est à cet organisme que l'on doit, entre autres, la création d'une patinoire sur certains chenaux à Sainte-Anne-de-Sorel. Constatant que l'entretien d'une telle patinoire exigeait beaucoup trop d'efforts, la SICBR transporta ce projet sur la rivière Richelieu, à la hauteur du parc Soleil; tu sais le parc où tu m'as souvent vu pratiquer des sports d'été. Mais d'autres problèmes surgirent et, quelques années plus tard, c'est dans le carré Royal, au centre-ville de Sorel-Tracy, que s'est installé la SICBR pour y établir sa patinoire. Plusieurs patineurs profitent d'ailleurs encore aujourd'hui de cette belle initiative pour aller se divertir les soirs et les fins de semaine d'hiver.

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La patinoire de la Société d'initiative et de conservation du Bas-Richelieu sur la rivière Richelieu
Rivière Richelieu, Sorel-Tracy (Québec), Canada


Crédits:
Luc Lamoureux

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Le deuxième projet de l'organisme, tu le devines sans doute, était d'obtenir que l'UNESCO reconnaisse le lac Saint-Pierre comme réserve de la biosphère. Il est important que tu retiennes que tout le projet est issu d'une mobilisation de la population contrairement aux autres réserves de biosphère qui sont généralement des projets gouvernementaux.

Responsable de ce dossier, Normand Gariépy a su s'entourer d'une équipe remarquable. Effectivement, ses compagnons de chaloupe, comme il le dit lui-même, Hélène Gignac et Louis Gagné possédaient chacun une expertise particulière et ont su partager le rêve de Normand.

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Deux rameurs avec, en arrière-plan, le phare de l'île du Moine
Chenal du Moine, Sainte-Anne-de-Sorel (Québec), Canada


Crédits:
Aline Viau Bélanger

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Après quelques semaines de recherches, j'ai pu enfin rencontrer les trois protagonistes de ce projet audacieux. Au cours des trois entrevues, j'en ai beaucoup appris sur la réserve de la biosphère du Lac-Saint-Pierre; sur les raisons qui les ont poussés à s'embarquer dans un tel projet. Mais j'ai également beaucoup appris sur ces trois complices que je qualifierais d'assez loquaces!

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Louis Gagné, Hélène Gignac et Normand Gariépy lors d'une rencontre d'information
Biophare, Sorel-Tracy (Québec), Canada


Crédits:
Patrick Turgeon, Les 2 Rives