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L'accès aux designs des Bell Labs américains prit fin au début des années 1960. Northern Electric établit ses propres laboratoires de recherche pour concevoir des produits qui satisfirent les besoins du marché canadien plutôt que d'y adapter les produits américains.

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Téléphone Contempra
1920 - 1970
Globalement
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Crédits:
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

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Combiné Contempra
1920 - 1970
Globalement
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Crédits:
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

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Le téléphone Contempra fut un des premiers designs des laboratoires de recherches et développement de Northern Electric. Il fut conçu par John Tyson et sa production débuta en 1968. Cet appareil très populaire a aussi été fabriqué sous licence en Europe. Le Contempra a été désigné comme un des plus importants designs canadiens du 20e siècle. Des modèles à cadran et Touch Tone furent offerts.

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Système téléphonique à clés NE-1A2
1940 - 1970
Dans tout le Canada
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Crédits:
Apple Inc.

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Le téléphone multilignes de série nécessitait beaucoup d'équipement pour son fonctionnement et considérablement de câblage lors des déplacements d'appareils et lorsque de nouvelles fonctions étaient requises. Northern a conçu le NE-1A2, un ensemble à modules enfichables, pour faciliter le travail de l'installateur quand des changements étaient requis, puisqu'il n'avait plus à recâbler l'équipement fil par fil.

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Appareil d'affaires à six clés
2000 - 2007
Partout au Canada et les États-unis
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Crédits:
Catalogue Northern Electric 1917

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Le téléphone multilignes de série des années 1970 prédominait en noir.

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Appareils Logic 10 et Logic 20
1940 - 1970
Dans tout le Canada
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Crédits:
Bibliothèque et Archives nationales du Québec

10

La gamme d'appareils Logic, de 1974, a été conçue pour fournir un plus grand nombre de lignes que le téléphone de série à 6 boutons. Des modèles de dix et de vingt lignes étaient offerts, toutefois, comme ils utilisaient l'équipement NE-1A2, ils nécessitaient de gros câbles pour se relier à cet équipement.

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Troisième usine rue Shearer à Montréal
1940 - 1980
Montréal, Québec, Canada
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Crédits:
Northern Telecom

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La vie à la Maison-mère

En 1916 un numéro d'un magazine d'affaires local décrivait l'usine de la rue Shearer de Northern Electric comme la plus importante dans tout l'Empire britannique. Sa construction massive possède 11 millions de briques, 12 152 tons d'acier et 5 151 piliers supportent ses colonnes. L'édifice abrite huit étages couvrant 22 âcres de surface. C'est une quantité énorme de briques et de mortier. De l'ouverture en 1914 jusqu'à sa fermeture 65 ans plus tard les employés l'appelaient la Maison-mère.

Ce grand ensemble de la rue Shearer était probablement le meilleur exemple de fabrication à intégration verticale de la région montréalaise, sinon dans tout le Canada. On disait souvent : « si la Northern ne peut le fabriquer à l'usine Shearer personne à Montréal ne le pourra. ». Pour plusieurs la Maison-mère avait sa propre personnalité, son attrait avec une touche de mystère et comme une mère elle envoya ses enfants aux deux guerres mondiales, appuya ceux qui sont restés au pays et veilla sur plusieurs pendant la grande crise économique. La Maison-mère était beaucoup plus que de la brique et du mortier, c'était des personnes, des personnes ordinaires qui jouaient, qui se socialisaient et qui ont formé une communauté au sein d'un quartier.

Cette histoire est celle de plusieurs personnes, dont certaines étaient plutôt colorées. Elles ont travaillé à la Maison-mère au fil des ans et y ont contribué à son succès. À son sommet l'usine avait plus de 5 000 employé sur une seule équipe de travail. Ils étaient des outilleurs, des ingénieurs de design, des techniciens, des électriciens, des monteurs, des menuisiers et des ouvriers. La plupart habitaient les quartiers environnants : Pointe-Saint-Charles, Goose Village, Griffintown, St-Henri, Ville-Émard, Verdun, LaSalle et Notre-Dame-de-Grâce. Leurs origines étaient variées : Canadienne française, Écossaise, Irlandaise, Anglaise, Italienne et Polonaise pour n'en nommer que quelques-uns, c'était une petite O.N.U.

La population d'une équipe de travail dans l'usine était équivalente à celle d'une petite ville et comme l'émission télévisée The Naked City qui proclamait qu'il y a un million d'histoires dans le Naked City, il en avait beaucoup dans la Maison-mère. Chaque employé y avait son histoire préférée. La plupart des histoires étaient drôles indiquant la camaraderie entre les employés. Voici quelques-unes de ces chroniques? celles qui peuvent être contées.

Le cinquième étage de l'aile A abritait l'atelier de placage et un des ateliers de peinture. Un grand four à rayons infrarouges servait à sécher les pièces fraîchement peinturées qui étaient suspendues par des crochets. Ces crochets étaient entraînés par un convoyeur au haut du four, semblable à ce qui se trouve chez les nettoyeurs à sec. Un soir pendant que je marchais au cinquième étage, je sentis du poulet qui cuisait. J'ai regardé aux alentours et je n'ai rien vu sauf quelques ouvriers assis qui parlaient pendant leur pause du repas. Cette bonne senteur de poulet BBQ m'intriguait, alors en suivant mon nez, je suis arrivé au four et j'aperçus au travers d'une fenêtre deux poulets accrochés au convoyeur qui les transportait doucement à travers le four. Cela sentait vraiment bon. Je ne sais pas s'ils ont eu des frites avec leur poulet, possiblement, mais comment ils les ont frits, eh bien, c'est une autre histoire.

Les ascenseurs jouaient un rôle important dans l'exploitation de l'usine qui comportait huit monte-charge et cinq pour les passagers. Un des monte-charge situé entre les ailes I et J était surdimensionné. Pendant la crise économique un cadre supérieur entreposait sa voiture durant l'hiver sur un des étages supérieurs vacants. La voiture était transportée par le monte-charge surdimensionné à l'étage voulu. Les parechocs et toute garniture chromée étaient enlevés, puis acheminés à l'atelier de placage pour y être chromés de nouveau et ensuite réinstallés à temps pour le printemps.

Il y avait une secrétaire affectée à un des services d'ingénierie, cette belle rousse venait d'une famille irlandaise de Verdun. Elle savait se défendre comme elle était la seule fille avec trois frères. Elle ne se faisait pas dénigrer et pouvait prendre des farces aussi bien que de les rendre. Cupidon a trouvé cette jeune Irlandaise qui ne se laissait pas faire et elle annonça un jour qu'elle se mariera à un jeune homme de souche italienne. À l'approche du mariage, les filles du bureau ont annoncé leur intention de lui donner une réception-cadeau. Un des techniciens mâles à demandé, à une des organisatrices, ce qu'ils pouvaient contribuer. On lui a prestement dit qu'une réception-cadeau n'était qu'une affaire de filles et que la participation masculine n'y était surtout pas bienvenue; ils pouvaient organiser ce qu'ils voulaient pour le fiancé.

Malheureusement le fiancé n'était pas connu d'aucun des gars et de plus il ne travaillait pas chez Northern Electric. Alors ils ont décidé qu'ils organiseraient leur propre réception-cadeau pour la fiancée le jeudi, la veille du mariage pendant la pause du lunch. Le jour venu, un des concierges livra un wagon utilisé pour la cueillette des déchets au laboratoire d'ingénierie du septième étage. Le wagon fut décoré avec des serpentins en papier crêpe et de grandes affiches sur les côtés l'identifiant comme le Italian Welcome Wagon.

À midi pile le wagon fut transporté du laboratoire aux bureaux du huitième étage. Il était escorté par un contingent d'ingénieurs et de techniciens pendant qu'il faisait son chemin vers le bureau de la fiancée. Le maître de cérémonie, qui voyageait dans le wagon, chantait la plainte O Sole Mio. Elle était heureuse de nous voir et accepta gracieusement le grand nombre de cadeaux qu'on lui donna. Parmi les cadeaux se trouva une paire de bas noirs, pour être portés lors des fêtes italiennes, un livre de recettes italiennes, un microsillon de chansons d'amour italiennes dont quelques titres furent changés à « Chansons pour la lune de miel » ou « C'est tout? » avec quelques autres titres appropriés. Elle aussi reçut le fruit d'une souscription parmi les gars. Elle était ébahie, mais nous remercia profondément en disant « Attendez votre tour ».

Les emplois secondaires étaient plutôt communs et il n'était pas difficile de trouver des personnes qui à l'extérieur du travail réparaient des téléviseurs, ils exécutaient des travaux électriques, de plomberie et de la réparation automobile; tous les métiers étaient présents à Shearer. Si votre montre nécessitait une réparation vous pouviez vous rendre chez une bijouterie, attendre dix jours et payer de 20 à 25 $ simplement pour un nettoyage et un ajustage. Un des concierges se spécialisait dans la réparation des montres et des horloges. Pour obtenir ses services vous vous rendiez au monte-charge au bout de l'aile I et vous poussez sur le bouton pour l'appeler, car il y était l'opérateur. Vous attendiez que le monte-charge soit déchargé puis rechargé avant de lui remettre votre montre en lui expliquant son problème. Il retroussait sa manche pour l'ajouter à une dizaine de montres, son autre bras pouvait en avoir autant. Il vous disait de revenir reprendre votre montre dans deux jours. Il ne remettait pas de coupon pour les montres qui lui étaient laissées.

Le temps venu pour reprendre votre montre, vous vous rendiez de nouveau au monte-charge. Il retroussait sa manche, vous la lui montrez et il vous disait le coût de la réparation. À ma connaissance jamais une montre n'a été perdue ni prise par une autre personne. Le coût était très raisonnable, habituellement dans les cinq dollars. Si elle n'était pas réparable, il la remettait à son propriétaire mais elle lui était normalement laissée pour ses composants. Cela contribuait aux coûts raisonnables.

Le temps des fêtes était toujours spécial à Shearer. Jusqu'au milieu des années 1970, le 24 décembre les employés ne travaillaient qu'une demi-journée, toutefois, peu d'entre eux travaillaient. Les femmes dans les ateliers nettoyaient les tables de travail et les recouvraient de nappes. Ils y placèrent des sandwiches, des pâtisseries, des bonbons et plus encore. Comme elles provenaient de plusieurs nationalités elles se rivalisaient par leurs mets propres à leurs pays d'origine. Cette nourriture était incroyable.

C'était la coutume que les divers services organisent des fêtes de Noël, habituellement le vendredi avant Noël après les heures du travail dans un club du quartier. On fêtait de 16h jusqu'au lendemain matin, ceux qui devaient travailler le samedi quittaient un peu plus tôt.

Il était strictement interdit de consommer de l'alcool au travail, mais cela n'était pas un empêchement pas pour certains. Un 24 décembre je devais me rendre au travail, comme j'enlevais mon manteau, un de mes collègues dépose sur mon bureau un gros bocal contenant un liquide clair en disant : « Mets ça dans le laboratoire pour moi. »; à ce moment précis un des gérants en sortant de son bureau vit le bocal et demande ce qu'il contient. Mon confrère enlève le couvercle, met son doigt dans le contenant puis le frotte derrière son oreille et dit : « De la lotion après-rasage », il remet le couvercle en place puis sort en laissant le bocal sur mon bureau.

Le chef en regardant le bocal et moi-même me dit d'un air sévère : « C'est mieux de ne contenir de l'alcool », puis il s'éloigne. Après son départ, j'ai ouvert le bocal et j'ai humé le contenu et ma surprise j'ai découvert que Beefeater fabriquait de la lotion après-rasage. D'après l'air sévère du chef je savais que je devais le faire disparaître. Comme je ne voulais pas être trouble-fête, j'ai mis le contenant dans une grande enveloppe et je me dirigeai vers le laboratoire d'ingénierie. Notre laboratoire abritait une chambre climatique qui servait à tester les produits, elle avait une plage allant de -34 °C à plusieurs centaines de degrés. J'y ai placé le bocal avec un moule à glaçons et baissé la température le plus possible?

Mon confrère qui revint plus tard le matin me demanda ce dont j'ai fait avec son bocal de boisson des fêtes. Je lui ai dit qu'il était en train de refroidir dans la chambre climatique avec le moule à glaçons. Quand beaucoup plus tard il alla chercher son contenant il était très givré et son contenu était dur comme roche. La force des choses est la mère d'inventions et la plupart des grandes inventions sont le résultat de découvertes inattendues. Eh bien, ce 24 décembre je crois avoir réalisé l'ultime invention, « Le Ginsicle ». C'est vrai que cela n'a pas été un succès, mais a épargné quelques types des foudres de leur chef sinon leur emploi. La boisson congelée fut sortie discrètement de l'usine plus tard. Le temps de Noël était toujours intéressant à la Maison-mère.

L'auteur, un retraité de Northern Electric, a travaillé à Shearer pendant 11 ans, jusqu'à sa fermeture vers le milieu des années 1970.

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Téléphone coffret
1940 - 1970
Dans tout le Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


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Northern Electric vendait des composants à des tiers comme Deco-Tel, qui fabriquait leurs propres boîtiers spécialisés.