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Début de La Seigneurie des Mille-Îles, section Rivière-du-Chêne

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Les origines de la seigneurie: 1683-1738

La seigneurie des Mille-Iles est concédée en 1683 à Michel Sidrac du Gué de Boisbriand, un officier militaire. Comme aucune concession de terre est effectuée, elle retourne au Domaine Royal en 1714. La même année, la seigneurie élargie est reconcédée à ses deux gendres, Jean Petit et Charles Gaspard Piot de Langloiserie. En 1718, ces derniers divisent le territoire en deux; Langloiserie obtient la partie est, devenue ensuite la section Blainville, et Petit prend la portion ouest, connue sous le nom de Rivière-du-Chêne ou Dumont, à la suite du mariage de l'héritière Petit avec Eustache Lambert Dumont en 1733.

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L'arrivée des premiers colons : 1739-1760

L'occupation initiale de la section Rivière-du-Chêne s'amorce à partir de 1739 avec l'arrivée des premiers colons, originaires surtout de l'île Jésus et de la région de Terrebonne. Entre 1739 et 1760, Eustache Lambert Dumont, lui-même ou par ses procureurs, concède au total 66 terres; celles-ci sont localisées en bordure des rivières des Mille-Iles, du Chêne et du Chicot.
En 1752, le seigneur Dumont obtient, à la suite de la seigneurie d'origine, un nouveau fief de quatre lieues et demie de front par trois lieues de profondeur; cette augmentation se prolonge vers le nord jusqu'aux limites de la future paroisse de Saint-Sauveur.

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Le véritable progrès de la seigneurie 1762-1807

Le développement réel de la seigneurie commence à partir de 1762 avec l'arrivée du seigneur Eustache-Louis Lambert Dumont. Celui-ci deviendra rapidement le premier et principal développeur de la seigneurie. Il entreprend aussitôt la construction d'un moulin à farine et d'un moulin à scie à l'embouchure de la rivière du Chêne. De plus, il poursuit de façon intensive la concession des terres déjà amorcée par son père; ainsi, vers 1785, la Grande-Côte, la Côte du Lac, le Grand et le Petit Chicot, et les terres de part et d'autre de la rivière du Chêne sont des secteurs de colonisation presque totalement concédés.

En 1770, le seigneur Dumont donne à la Fabrique un grand terrain en bordure du chemin du roi pour la construction d'une église. C'est entre le pôle du moulin à farine et le pôle de l'église, bâtie en 1783, que va se développer le futur village de Saint-Eustache. En moins de trente ans, presque tous les lots urbains sont concédés. On retrouve surtout des artisans, des commerçants et quelques professionnels.

Grâce au seigneur Dumont, l'accroissement de la colonisation se poursuit à travers l'ensemble de la section Rivière-du-Chêne. Les côtes Saint-Nicolas, Saint-Louis, Petit et Grand Saint-Charles, Saint-Augustin, des Anges et des Saints se développent rapidement. Au recensement de 1790, la section Rivière-du-Chêne, avec 2385 habitants, dépasse largement les seigneuries voisines de Blainville, du Lac des Deux-Montagnes et d'Argenteuil. Dans le Bas-Canada, la paroisse de Saint-Eustache est la quatrième plus populeuse après Montréal, Québec et l'Assomption.

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Difficultés agricoles et soulèvement armé : 1805-1837

Avant 1800, la culture du blé représente 80 % de la production agricole. Cependant, à partir de 1805, la concurrence croissante du Haut-Canada, les techniques agricoles désuètes et le morcellement des terres obligent un très grand nombre de censitaires à délaisser la culture du blé. Peu à peu, après les mauvaises récoltes de 1826 et 1827, le blé est remplacé par la pomme de terre, l'avoine et un accroissement de l'élevage.

Le mouvement patriote, qui se répand dans le district de Montréal surtout à compter de 1834, trouve de nombreux partisans parmi les cultivateurs mécontents et endettés de la seigneurie. Le 14 décembre 1837, l'armée britannique du général John Colborne, composée de 1250 militaires et de 8 canons, écrase sans pitié les quelques 250 Patriotes dirigés par le docteur Jean-Olivier Chénier.

Parmi les conséquences immédiates de cet affrontement, soulignons une centaine de Patriotes tués et 65 maisons incendiées dans le village. Dans les années suivantes, plusieurs familles quittent la région de Saint-Eustache. Les répercussions se font aussi sentir au niveau de la structure sociale et économique; durant les années 1840, le régime seigneurial décline très rapidement et il est finalement aboli en décembre 1854.

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Les débuts du régime municipal : 1845-1860

À partir de 1845, une nouvelle entité administrative, la municipalité, va remplacer rapidement le régime seigneurial. La Corporation municipale du village de Saint-Eustache voit le jour en 1848, suivie de celle de la paroisse en 1856.

L'abolition de la tenure seigneuriale laisse présager des jours meilleurs aux colons des anciennes seigneuries; ceci entraîne la modernisation progressive de l'appareillage agricole, comme des batteuses à grains et des charrues en fer. Dans les deux municipalités locales, le développement de l'industrie se traduit par l'ouverture de meuneries, de fromageries et de beurreries.

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La crise agricole et la restructuration de l'économie : 1870-1931

Au début des années 1870, les États-Unis ferment la porte aux produits agricoles canadiens et ce, en même temps que se fait sentir la concurrence des céréales de l'Ouest canadien. Ces deux facteurs conjugués aux faiblesses de l'agriculture régionale entraînent une crise générale qui persiste jusqu'au début du vingtième siècle. Avec une population de 3287 habitants en 1861, la vieille paroisse de Saint-Eustache connaît une baisse de population pour se retrouver à 1699 au recensement de 1911. Heureusement, pour remédier à cette situation, plusieurs cultivateurs de la région eustachoise abandonnent la culture des céréales pour se tourner vers l'horticulture et l'arboriculture fruitière, notamment les vergers. Dans la zone urbaine, c'est-à-dire dans le village, quelques petites industries viennent s'y installer, entre autres l'usine de conserves Windsor en 1890, la compagnie de conserves alimentaires en 1899 et, plus tard, l'usine de conserves David-Lord.

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La création de nouvelles municipalités : 1921-1961

Le territoire où avait été construit le Grand moulin, à la décharge du lac des Deux-Montagnes, regroupe en 1900 un petit noyau de population. La construction vers 1915 d'une ligne de chemin de fer reliant ce territoire à Montréal entraîne un développement résidentiel important sans compter la venue de nombreux vacanciers. Jusqu'alors rattaché à la Municipalité de la paroisse de Saint-Eustache, ce territoire est érigé en village sous le nom de Village de Saint-Eustache-sur-le-Lac, en 1921, et devient, en 1958, la Ville de Deux-Montagnes.

À l'ouest de Saint-Eustache-sur-le-Lac, les plages sablonneuses bordant le lac des Deux-Montagnes attirent de nombreux vacanciers à partir des années 1930. En 1958, le territoire compris entre la ville de Deux-Montagnes et les limites de la paroisse de Saint-Joseph-du-Lac est détaché de la Paroisse de Saint-Eustache et forme, en 1961, la Ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

En 1948, le village de Saint-Eustache obtient son statut de ville. Son territoire, entouré par celui de la Corporation de la paroisse, ne favorise pas son expansion. Au début des années 1960, la construction de l'autoroute 640 semble séparer encore plus le secteur urbain d'avec la section rurale. Finalement, en 1972,a lieu la fusion de la Ville et de la Paroisse sous le nom de Ville de Saint-Eustache. La population passe de 15 000 en 1971 à 44 000 personnes en 2000. Cette expansion démographique sans précédent, jumelée à une croissance industrielle et un secteur agricole très compétitif fait de Saint-Eustache, la plus importante agglomération urbaine dans les Basses-Laurentides.

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Fin de La Seigneurie des Mille-Îles, section Rivière-du-Chêne