1

Imaginer l'histoire
Dans son livre ANCIENT PEOPLE OF THE ARCTIC, dans le chapitre intitulé A People of the Imagination, à la page 10, Robert McGhee écrit, « Les Paléo-Eskimaux offrent un défit fascinant à l'archéologie. Les outils, armes, et les sculptures qui sont encore dans un état remarquable et qui ont été perdues ou abandonnées dans la neige et l'obscurité de l'hiver polaire sont les témoins d'une vie bien particulière qui était celle des camps inuit il y a bien longtemps. Bien qu'ils soient nombreux et en excellent état, ces objets sont les seuls matériaux que les archéologues peuvent interroger. Les Paléo-Eskimaux n'ont laissé aucun descendant qui puisse aujourd'hui nous renseigner sur la langue, les structures sociales et les systèmes de croyances qui constituent cette part essentielle d'une tradition culturelle. Il n'existe aucune archive écrite mais seulement quelques vagues récits oraux que l'on peut recueillir auprès d'autres peuples qui ont été en contact avec les Paléo-Eskimaux » (p. 10)

Histoire des Eskimos
« Therkel Mathiassen, l'archéologue en chef de la Cinquième Expédition de Thulé, considérait que la culture des Thuléens était celle des ancêtres des Inuit contemporains qui vivent au Canada et au Groenland. Contrairement à la théorie antérieure de Steensby, celle de Mathiassen suggérait donc que les ancêtres des Eskimos étaient des sociétés principalement orientées sur la chasse aux mammifères marins et que celles-ci s'étaient progressivement déplacées vers l'est à partir de leur région d'origine, située sur les côtes de l'Alaska. Ce grand mouvement aurait eu lieu il y a approximativement 1000 ans. Les travaux subséquents effectués par les archéologues ont montré que l'hypothèse de Mathiassen était vraisemblablement la bonne. L'archéologie a par ailleurs découvert qu'il avait existé non pas une mais plusieurs cultures orientées vers la mer et ce, bien avant que la culture de Thulé ne s'impose. Celle-ci aurait donc comme origine ces cultures maritimes antérieures qui se sont développées le long des côtes de l'Alaska et de l'est de la Sibérie il y a 2000 ou 3000 ans.
Ainsi, l'archéologie a confirmé les spéculations antérieures selon lesquelles les Eskimos étaient arrivés il y a relativement peu de temps dans l'Arctique canadien et au Groenland et que leurs ancêtres provenaient de l'Alaska. Toutefois, toutes les cultures archéologiques qui ont pu être placées en descendance directe avec celle des Eskimos entraient aussi dans la catégorie que Steensby a nommé Culture des Néo-Eskimos dont la principale caractéristique était une économie axée sur la chasse aux mammifères marins, en particulier le phoque et la baleine. En revanche, nous ne disposons d'aucune trace archéologique de la culture plus ancienne des Paléo-Eskimaux de l'intérieur dont Steensby avait postulé l'existence. Aujourd'hui, la plupart des archéologues ont rejeté l'existence d'hypothétiques Paléo-Eskimaux et avec elle, des présupposés relevant de fausses théories »... (p 23)

2

Un peuple asiatique en Amérique

Les preuves recueillies par Therkel Mathiassen et ses collègues lors de la Cinquième Expédition de Thulé de 1921-24 suggèrent que les Inuit, loin d'avoir une très longue histoire dans la région, sont des descendants des chasseurs de baleine de la culture de Thulé qui se sont répandu dans le Nord canadien à partir de l'Alaska au cours du dernier millénaire. Les racines les plus profondes de l'histoire des Eskimos semblent se trouver dans les régions de l'Arctique de l'Ouest, le long des côtes de la mer de Béring et de la mer des Tchouktches. (24)
Diamond Jenness, un ethnologue au service du Musée national des Civilisations à Ottawa, a reçu une importante collection d'artefacts archéologiques. Ces artefacts proviennent en fait de la collection du Major L.T. Burwash qui a lui-même recueilli ou acheté ces objets alors qu'il était un ingénieur employé par le Gouvernement pour mener des travaux dans l'Arctique, en particulier dans plusieurs villages du nord de la Baie d'Hudson. Un grand nombre de ces artefacts sont identiques à ceux qui ont permis de déterminer l'existence d'une culture dite de Thulé et tout à fait semblables à ceux qu'utilisaient les Inuit de jadis -soit ceux du siècle dernier ou ceux qui ont vécu un mode de vie dit 'traditionel' plutôt qu'un mode de vie inspiré des traditions occidentales modernes. D'autres artefacts de la même collection sont cependant fort différents. Jenness donne le point de vue suivant sur cette collection:
« J'ai mis à part tous les artefacts de nos propres collections au Musée et les objets des collections rapportées par Boas, Mathiassen et d'autres, je les reconnais tous comme appartenant soit à la culture de Thulé, soit à la culture moderne des Inuit contemporains...». (24)

Les chants et les légendes inuit utilisent souvent des termes que les Inuit n'utilisent plus du tout. Pour mener à bien la traduction de ces termes, l'équipe du Centre du patrimoine inuit a donc consulté les aînés comme il se doit, mais aussi parce que ce sont aujourd'hui ceux qui connaissent le mieux les traditions des Inuit.

3

Chasseur de morse sur la banquise d'Igloolik
1822
Nunavut, Canada
ATTACHEMENT AUDIO
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
McGhee, Robert
Musée canadien des civilisations

4

Un géant adopta un jour un nourrisson inuit. Comme lorsque le géant allait dormir, il dormait pendant une année entière, il demanda au petit garçon de le réveiller advenant l'arrivée d'un ours polaire. Le jeune garçon avait deux grosses pierres à sa disposition pour réveiller le géant. Lorsqu'un ours apparut, le jeune garçon réveilla le géant afin que ce dernier puisse partir à la chasse. Mais le géant le reprit: « Non », dit-il, « ce n'est pas un ours polaire, c'est un renard que je vois ». En réalité, le géant appelait des renardeaux ce que nous, humains, appelons des ours polaires. Il réitéra donc sa demande au petit garçon: « Réveille-moi lorsque tu verras un ours polaire. Lorsque tu apercevras l'ours tu verras qu'il bloquera le passage entre les deux grosses montagnes de Tikinguyak que tu vois là-bas ».
Le géant donna ensuite d'autres instructions au jeune garçon, à savoir, que lorsqu'il apercevrait l'ours, et qu'advenant qu'il ne parvienne pas à le réveiller, il devrait utiliser la plus grosse des pierres et le frapper sur le crâne. Lorsque le géant se rendormit, le jeune garçon aperçut en effet qu'un ours polaire commençait maintenant à bloquer les deux montagnes. Comme convenu, il frappa la tête du géant avec une grosse pierre mais ce dernier ne se réveilla pas. Le jeune garçon saisit alors la plus grosse pierre pour réveiller le géant. Celui-ci se réveilla et plaça le jeune garçon dans un trou d'un lacet d'une de ses kamiks (une de ses bottes). (Les bottes en peau ont une boucle qu'on utilise pour faire les lacets autour de la cheville). Ainsi, le géant emmena le jeune garçon à la chasse avec lui. Comme le géant était cependant encore un peu endormi, il donna sa canne au jeune garçon et lui dit de partir à la recherche d'autres Inuit avec lesquels il pourrait vivre. Le géant pointa au jeune garçon la direction ou la région où vivent d'autres Inuit, lui disant aussi que s'il se perdait, il lui suffirait de laisser sa canne lui indiquer la bonne direction à prendre, la canne sachant fort bien où se trouvent d'autres Inuit. La canne était en effet pourvue d'une sorte d'indicateur de direction à prendre, si bien qu'en la faisant tourner, elle pouvait alors indiquer la bonne direction à suivre. Le jeune garçon se mit alors à la recherche d'autres Inuit et grâce à la canne, finit par les trouver.

5

Ossements de baleine utilisés pour la construction des murs et des chevrons dans les maisons d'hiver
2005
Arctique, Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Image tirée du livre "ANCIENT PEOPLE OF THE ARCTIC" par Robert McGhee
Musée canadien des civilisations

6

L'histoire d'un homme et d'une baleine qui s'est échouée sur la plage
Il était une fois une femme qui avait deux maris, les hommes avaient souvent deux épouses à cette époque. Ses deux époux allaient ensemble à la chasse en utilisant un umiaq, une embarcation. Un jour, alors que ses deux maris étaient partis à la chasse, le premier et le plus âgé s'engagea à l'intérieur des terres où il accosta sur une île. Dès qu'il mit le pied-à-terre et qu'il s'éloigna du rivage, le second mari s'empara de l'embarcation et quitta rapidement les lieux pour s'en retourner au campement. Alors qu'il était en train de partir, le second mari s'adressa ainsi au premier: « Je reviendrai te prendre l'été prochain ». Et le premier mari fut abandonné sur l'île, seul et sans nourriture. Comme une baleine boréale s'était cependant échouée sur l'île du premier mari, celui-ci fabriqua un abri avec les os de la baleine se nourrissant de sa chair et utilisant sa graisse pour se chauffer. Une année plus tard, alors qu'on était de nouveau en été, le second mari s'en retourna sur l'île s'attendant à trouver un cadavre. Mais lorsque ce dernier arriva sur l'île, le premier mari se cacha soigneusement. Tandis que le jeune mari grimpa sur l'endroit le plus élevé de l'île espérant repérer plus facilement le corps défunt de son compagnon, le premier mari profita de son éloignement de l'embarcation pour lui dérober à son tour le kayak. En s'en allant, il dit à son compagnon qu'il reviendrait dans un an, et il s'en retourna au campement. Une année plus tard, le premier mari tint parole et revint sur l'île. Il y découvrit un cadavre car cette fois, aucun narval ne s'était échoué sur le rivage. Le jeune mari avait succombé à la famine. Le premier mari retrouva alors sa femme et il se mit à vivre de nouveau avec elle.
Récit de Martha Taliruq

7

Campement de tentes de Paléo-Eskimaux
2005
Haut Arctique, Canada
ATTACHEMENT AUDIO
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
McGhee, Robert
Musée canadien des civilisations

8

Début du récit de l'histoire (1 minute)
Navaranaaq a été adoptée par des Inuit d'un clan différent du sien. Quand le vent soufflait du sud, elle disait qu'à l'endroit où vivait son peuple d'origine, les femmes devaient maintenant être seules puisque les hommes étaient partis à la chasse. Son clan d'adoption alla alors vérifier si les femmes étaient vraiment seules. Toutes les femmes furent tuées, sauf deux fillettes qui se réfugièrent dans des tanières d'animaux, cachées derrière des chiennes avec leurs chiots. Elles s'accrochèrent à un jeune chien pour ne pas être découvertes. Ainsi cachées, les deux fillettes furent épargnées. Il y avait un certain nombre d'iglous et une femme dans un iglou voisin, quand elle réalisa qu'on allait venir la tuer, brûla toute sa literie. Un des assassins enleva la fenêtre de glace de l'iglou et regarda pour voir s'il y avait quelqu'un à l'intérieur en criant : « Où est celle-ci là en bas ? »

Fin du récit