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La famille Eskimo-Aléoute

Toutes les langues parlées par les peuples « Eskimo » (Inuit et Yuit), tout comme la langue des Aléoutes (les indigènes des Îles aléoutiennes, au sud-ouest de l'Alaska), appartiennent à la même grande unité: la famille Eskimo-Aléoute (ou eskaléoute). Cette famille comprend en tout sept langues distinctes subdivisées en deux branches: Aléoute & Eskimo.

La famille ESKIMO-ALÉOUTE

Comme un arbre, une langue possède plusieurs branches. La famille Eskimo-Aléoute possède ainsi deux grandes branches: la branche Aléoute et la branche Eskimo.

Ces deux grandes branches possèdent à leur tout plusieurs autres branches que l'on nomme des sous-branches. La branche aléoute dispose d'une seule sous-branche que l'on appelle aussi Aléoute. La branche Eskimo, elle, possède deux sous-branches que l'on nomme Inuit et Yupik.

Ces sous-branches se subdivisent encore en sous-sous-branches que l'on nomme des langues. La sous-branche aléoute possède ainsi une langue qui est l'Aléoute.
Les deux sous-branches de l'Eskimo sont, comme nous venons de le voir, l'Inuit et le Yupik. La sous-branche de l'Eskimo comporte en effet six langues: l'Inuit, le Yupik du centre de l'Alaska, l'Alutiiq, le Yupik de la Sibérie centrale, le Naukanski, et le Sirenikski.
Tableau des deux principales branches de la famille des langues Eskimo-Aléoutes: l'Aléoute & l'Eskimo

BRANCHES
1) Aléoute

SOUS-BRANCHE
L'Aléoute est une sous-branche de l'Aléoute

LANGUE
L'Aléoute est la langue de la sous-branche Aléoute

BRANCHES

2) Eskimo

SOUS-BRANCHES DE l'ESKIMO

Inuit & Yupik

LANGUES

1) Inuit
2) Yup'ik du centre de l'Alaska
3) Alutiiq
4) Yupik du centre de la Sibérie
5) Naukanski
6) Sirenikski

À ces six langues de la branche Eskimo, s'ajoute la langue de la branche Aléoute ce qui fait un total de sept langues pour la grande famille de l'Eskimo-Aléoute selon une distinction présentée par Louis-Jacques Dorais.

1.1 Distribution géographique

« La famille Eskimo-Aléoute s'étend de la région de la mer de Béring, à l'ouest, aux rives du détroit du Danemark (entre le Groenland et l'Islande), à l'est (cf. carte 1). Elle couvre quatre pays: l'Union soviétique (Tchoukotka en Sibérie; Îles Commander), les USA (côtes de l'Alaska), le Canada (Inuvik (Territoire du Nord-Ouest), la région Kitikmeot, celle du Keewatin, et celle de la Terre de Baffin au Nunavut); le Nunavik; le Nord du Labrador); et le Groenland (qui est aujourd'hui un territoire autonome au sein du Royaume du Danemark)... (Page 5, Chapitre 1. Inuit Uqausiqatigiit INUIT LANGUAGES AND DIALECTS, Louis-Jaques Dorais, Arctic College - Nunatta Campus, Iqaluit, 1990).

Au sein de la famille linguistique Eskimo-Aléoute, il y a enfin de nombreux dialectes que l'on trouve en Sibérie, en Alaska, au Canada et au Groenland.
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Auteur 288: Centre du patrimoine inuit
Dans le cadre de cette exposition, nous nous limitons ici à expliquer la terminologie employée par les Inuit du Keewatin (& quelques groupes vivant dans la région Kitikmeot). En raison des limites qui nous sont imparties, nous ne présentons donc que des chansons, des légendes et des histoires en provenance de ces régions. Plusieurs dialectes proviennent de la région Kitikmeot mais cela tient au fait que les peuples qui occupaient ces territoires n'ont jamais cessé de voyager entre le Keewatin et la région Kitikmeot.

Les Inuit avaient l'habitude de chasser dans tous les vastes territoires de l'Arctique, leur seule contrainte étant de le faire à pied. Jadis, ces peuples se déplaçaient ainsi énormément à pied. L'hiver, ils utilisaient des traîneaux à chiens et l'été, naviguaient à bord de leurs kayaks. Lorsqu'on écoute les aînés, on s'aperçoit qu'en hiver, les Inuit vivant le long des côtes appréciaient quitter ces régions pour rejoindre l'intérieur des terres. Ils y allaient pour pêcher du poisson dans les lacs et se poster à l'affût pour chasser le caribou qui avait aussi l'habitude de migrer. Lorsque les glaces prennent, les ours polaires se déplacent plus loin vers la mer. Ils veulent se rapprocher du rivage de la banquise où ils sont en meilleure position pour chasser leurs proies. Au printemps, lorsque la chaleur fait fondre les glaces, ils reviennent près des côtes. Cette même saison est aussi pour les Inuit une période idéale pour se déplacer vers l'intérieur des terres avec tout leur équipement. En définitive, ce n'est qu'avec l'arrivée des Qablunaat (les Blancs), avec l'introduction de leur diète alimentaire et de leurs matériaux que les Inuit ont commencé à se sédentariser dans des communautés. Les gens y trouvaient alors du travail pour le compte de la Compagnie de la Baie d'Hudson ou pour d'autres institutions, comme la Gendarmerie Royale du Canada, les stations de baleiniers, les missions chrétiennes ou les institutions gouvernementales.

En Inuktitut, les noms sont habituellement descriptifs. Il n'est donc pas étonnant que les Inuit nomment les gens selon les descriptions qui circulent à leur égard. Les Inuit désignent ainsi les autres Inuit en tenant compte de leur lieu d'origine et des caractéristiques des régions d'où ils proviennent.

Dans le monde inuit, le vent le plus fort ou l'endroit duquel provient le plus souvent le vent, soit le nord-ouest, se nomme U-an-naq. L'Étoile polaire (Upluriagjuaq) est quant à elle située au nord et le soleil se déplace autour du sud, se levant à l'est et se couchant à l'ouest. Les Inuit de la région du Keewatin et de Gjoa Haven se déplaçaient régulièrement dans ce vaste territoire. Sur le chemin de Baker Lake à Gjoa Haven, il y a un lac du nom de Garry Lake en anglais et de Hanningajuq en Inuktitut. Le courant de la rivière s'y oriente d'ouest en est. Han-ni-nga-juq signifie donc latéralement ou de travers. (Soulignons au passsage que la croix chrétienne est aussi appelée han-ni-nga-juq). Les Inuit qui vivaient jadis à Garry Lake étaient ainsi nommés les Han-ni-nga-ju-lin-miut, ce qui signifie littéralement « ceux de la région de Han-ni-nga-juq ». Les Hanningajurmiut sont également appelés Ualininmiut (les gens de la région où le soleil se déplace d'est en ouest) par les Inuit qui se situent plus au nord qu'eux, notamment par les Utkusiksalinmiut.

Utkusiksalinmiut ou Ukkuhikhalinmiut désigne les Inuit dont le territoire était à l'origine la région de Chantrey Inlet, le long de la rivière Back à l'est de Garry Lake. Leurs marmites étaient fabriquées en pierre à savon de leurs régions. Utkusik désigne un récipient si bien que l'ethnonyme signifie littéralement « les gens qui ont des récipients pour cuisiner ».

I-lui-lin-mi-ut sont les Inuit de la Péninsule d'Adelaïde. Iluilliq signifie « morceau manquant », comme lorsque l'on enlève une part de gâteau et qu'il reste un trou, un espace vide. Sur la péninsule d'Adelaïde, il y a ainsi un endroit où on dirait qu'un morceau du territoire est manquant. C'est pour cette raison que les gens nomment les Inuit de cette région, les I-luil-lir-miut.

Les Inuit de Qairniq s'appellent les Qairnirmiut, « les habitants de la roche plate », laquelle est située à Corbett Inlet, entre Rankin Inlet et Whale Cove, au Nunavut.

Les Hauniqtuurmiut habitaient à l'origine la région de Hauniqtuuq, au sud de Whale Cove, entre Sandy Point et Arviat. Hauniqtuuq signifie littéralement « là où il y a de nombreux ossements (de baleine) ».

Akilinirmiut désigne les les Inuit qui vivaient dans les régions du lac Beverly et du lac Aberdeen Lake. « A-ki » signifie « l'autre côté » et lorsque l'on se trouve dans la toundra, les collines de l'autre côté de la rivière, celles qui sont entre le lac Beverly et le lac Aberdeen (Nunavut), peuvent en effet être aperçues.

Harvaqtuurmiut désigne les Inuit qui habitaient le long de la rivière de la Kazan. Harvaqtuuq signifie « qui a de forts rapides ».

Les Inuit nommés Paalirmiut vivaient dans la région autour de Paadliq, située juste au Nord de la communauté actuelle d'Arviat. Paadliq signifie « là où le saule abonde ». On aurait pu aussi facilement les appeler les Uqpigmiut mais ces Inuit ont préféré se faire appeler Paatlirmiut. Uqpik désigne le saule.

Les données qui ont servi à ce texte sont conservées au Centre du patrimoine inuit. Elles ont été compilées par Winnie Owingayak et Sarah Silou.
Centre du patrimoine inuit 2005

2

Carte des langues Eskimo-Aléoutes
2005
De la Sibérie au Groenland
ATTACHEMENT DE TEXTE


3

Carte des variations dialectales affichée sur les murs du Centre du patrimoine inuit
2005
Keewatin et Kitikmeot, Nunavut, Canada
ATTACHEMENT AUDIO


4

Siatsiaq, Aivilinmiutaq.

Chanté par Martha Taliruq, Winnie Owingayak et Jean Simailak

(1 minute de la chanson, début ici)

10 a-i-ja Tu-ki-ti-u-jal-la-ra-ma ma-tu-mu-nga
a-i-ja Je m'ajuste pour viser directement cette chose
ka-u-gak-taq-tu-ar-jun-muun
ce drôle de marteau (un fusil)

11. Suu-pi-gin-nar-mi-gi-ga
Je ne ferai probablement que du vent (si je le manque)
Nag-ju-lig-ju-ar-li man-naa
celui qui porte de grands bois

12. A-i-ja-ja i-ja-ja-ja-ja-ja-ja-ja-ji-ja-ji-ja-aji

13. Aija Suu-pi-gin-na-mi-gap-kuu
Aija J'ai juste causé du vent en suivant celui
nag-ju-lig-ju-ar-li man-na
celui-là avec de grands bois

14. ul-la-ju-al-laq-tu-nga kig-gu-a-qu-ti-gun
Je l'ai chassé dans des endroits rocheux dans des endroits rocheux
Ma-u-na-lii aija jajaÖ.
Juste maintenant, jusqu'ici aija jajaÖ.

15. Aija ul-la-ju-al-lar-ra-ma kig-gu-a-qu-ti-gu(n) ma-u-na-lii
Aija Je l'ai chassé dans des endroits rocheux
là-dedans

(1 minute de la chanson, fin ici)

16. ti-gum-miq-tu-ju-hu-nga-ri-ga nag-ju-lig-ju-ar-li man-na ki-ngul-li-a-lu-a-gul-liii ai-ja-ja-ja-ja-ja-ja-ji