1

Jadis, il y avait des meurtres commis entre les Inuit eux-mêmes et aussi des assassinats de non-Inuit commis par des Inuit. Dans bien des cas, les meurtriers font état de leur crainte d'être tués à leur tour si bien qu'il arrivait fréquemment qu'ils tuent quelqu'un d'autre par crainte des représailles et pour ne pas se faire tuer. À l'époque, la Canada appliquait la peine capitale pour les meurtriers ce qui explique que la justice n'hésitait pas à éliminer ces derniers en les tuant. Ce n'est que beaucoup plus tard que la peine capitale a été levée et remplacée, dans certains cas, par l'emprisonnement à perpétuité. Les lois canadiennes changent continuellement, elles sont souvent révisées ou amendées.

2

Les archives de la GRC parlent d'elles-mêmes et les historiens Inuit racontent eux-aussi les histoires de ces meurtriers. Il existe ainsi plusieurs exemples de meurtres qui sont décrits à la fois par la GRC et par les aînés inuit.

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Haqpi, connu aussi comme la tombe de Haqpivini'tuaq
août 2005
Qikiqtalik, entre le lac Beverly et le lac Aberdeen, Nunavut, Canada
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Crédits:
Photographe : Winnie Owingayak

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La tombe de Haqpi, connu aussi sous le nom de Haqpivin'tuaq

Haqpivini'tuaq et son frère Edjougaarjuk ainsi que N-ni-ngu-jaaq entreprirent des meurtres ensemble. Ils se mirent à l'affût, se cachant dans des îles qui leur servaient de refuges et espionnant leurs cibles avec des longues vues. Ils attendirent ensuite que la nuit tombe pour tirer sur les Inuit réunis dans leur camp. Ils surveillaient tout particulièrement un couple de nouveaux mariés qui, venant tout juste de ramasser de la bruyère et de la mousse, s'en retournait joyeusement à son logis. Tandis qu'ils voyaient l'homme prendre les devants, Haqpivini'tuaq déclara, « Celui-là qui va mourir ce soir n'a pas la moindre idée de ce qui l'attend. Il court vraiment vite ». Et, à la nuit tombée, ils se glissèrent dans le camp des Inuit. Ils se mirent à manger avec les autres comme le veut la coutume quand on reçoit des nouveaux arrivants. Les femmes, elles, mangeaient aussi ensemble dans un iglou voisin, comme le veut la tradition. Elles étaient toutes réunies dans un iglou adjacent. Dans l'autre iglou, les hommes étaient donc en train de manger avec Haqpivini'tuaq et son trio. Haqpivini'tuaq demanda alors au père de Oolamik, « Est-il vrai que tu as repris ma belle-soeur? » Lorsque ce dernier répondit par l'affirmative, Haqpivini'tuaq sortit et revint immédiatement. Il avait en fait enveloppé un fusil dans une couverture qu'il avait laissée à l'extérieur. Soudainement, il se alors à tirer sur les gens à leur insu, tuant immédiatement deux personnes. Le troisième, Ihagut, s'esquiva rapidement et se cacha dans la pièce à provisions. Quelqu'un ayant dit à Nipititaaq que la femme était dehors et Haqpivini'tuaq pensant qu'elle était Anna'lunaaq, il la tua accidentellement. En fait, elle était une femme qu'il aurait souhaité emmener avec lui. Nipititaaq se déplaça alors vers l'iglou où elle voulait fumer car lorsqu'Edjougaarjuk fit son apparition, on lui demanda pour quelle raison il était là ce à quoi il avait répondu par un mensonge qu'il venait demander du feu pour allumer sa cigarette. Quand un bruit de coup de fusil se fit entendre, Edjougaarjuk répondit, « Peut-être que cela provient d'une cache de viande de caribou », insinuant que quelqu'un venait peut-être de tuer un caribou et était en train de faire une cache (c'est-à-dire de placer des pierres au-dessus du caribou jusqu'à ce qu'on ne voit plus le corps de sorte qu'aucun animal comme des ours ou des carcajous ne puisse creuser pour le manger). Comme Annalu'naaq aimait vraiment fumer, lorsqu'elle entendit que des gens allaient fumer dans l'iglou d'à côté, elle s'y rendit mais c'est là qu'elle fut tuée. Losqu'Ihagut qui se cachait dans la pièce à provisions vit que sa femme Nipititaaq fut tuée, il sortit en pleurant et c'est à cet instant qu'Haqpivini'tuaq l'abattit immédiatement. Les trois cadavres furent laissés tels quels dans l'iglou vide et ne furent pas empierrés sur la colline. Quand au jeune enfant qui fut trouvé quelque part dans le camp, Haqpivini'tuaq le jeta dans le lac avertissant qu'autrement, si on le laissait grandir, il deviendrait une menace.
Lorsque les meurtriers atteignirent enfin l'endroit où vivait le père de Haqpivini'tuaq et de Edjougaarjuk, Haqpivini'tuaq lui dit qu'il venait tout juste d'exterminer les Akilinirmiut. Entendant cela, le père qui était en train de se reposer sur son lit de neige frappa le sol avec la main et, faisant part de grands remords, s'exclama ainsi: « Oh non, Je le regrette infiniment!» Craignant la réaction de son père, Haqpivini'tuaq recula alors de quelques pas puis quitta les lieux pour revenir s'établir dans cette région située entre le lac Beverly et le lac Aberdeen.

Récit de Thomas Qaqimat, historien inuit et parent de Haqpivini'tuaq. Thomas Qaqimat a d'abord vécu dans les régions habitées par les Killinirmiut and Harvaqtuurmiut. Il est un Killinirmiutaq, mais vit maintenant à Baker Lake, au Nunavut, Canada.

5

Un inuk portant un manteau en caribou
1923
Pelly Bay, Nunavut, Canada
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Crédits:
Rasmussen, Knud
Photo #0168. Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

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Knud Rasmussen, dirigeant la Cinquième Expédition de Thulé, écrit à propos de ce meurtrier de la région d'Aivilik qui a tué son compagnon de chasse. Son père était Opirngaalik. Terrence Cole a signé l'introduction de ce livre.
Il existe plusieurs récits de meurtres commis par des Inuit. Les aînés inuit racontent ce qu'ils ont entendu des conversations de l'époque, ils relatent ces actes avec maints détails et leurs récits sont très proches des descriptions contenues dans les dossiers de la GRC.

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Igjugaarjuk, un Inuk du Lac Yathkyed
1922
Hikuliqjuaq, Lac Yathkyed, Nunavut, Canada
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Crédits:
Rasmussen, Knud
Photo #1208. Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

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Rapport de la Gendarmerie Royale à cheval du Canada pour l'exercice terminé le 30 septembre 1920 (traduit de l'anglais), Ottawa, Thomas Mulvey.
11 GEORGE V, A. 1921 DOCUMENT PARLEMENTAIRE No. 28

Meurtres supposés près du Lac Baker

Dans l'hiver 1919-20, le sergent W.O. Douglas était en charge du détachement de Fullerton. Ce détachement, à plus de 400 milles au nord de Churchill et à 100 milles du goulet de Chesterfield, le lond de la côte, a été, pendant cette période, le centre d'une patrouille très active. De septembre 1916 à janvier 1919, la distance parcourue par les patrouilles qui relevaient de Fullerton a été de près de 16 000 milles.

Le 19 décembre 1919, le maréchal des logis Douglas, avec le gendarme Eyre et deux indigènes, a quitté Fullerton pour se rendre au goulet Chesterfield où il est arrivé le 22 décembre, après avoir été retardé d'une journée par la poudrerie. Au poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson une lettre l'attendait, venant du gérant du poste de Baker Lake de la Compagnie de la Baie d'Hudson, situé à 150 milles au fond du goulet Chesterfield, l'informant que deux de ses chasseurs avaient été tués par un autre indigène, que le meurtrier était au large et que la population indigène de la région était grandement effrayée. Le maréchal des logis Douglas décida immédiatement de remonter le goulet jusqu'au lac Baker. Les préparatifs nécessaires ont pris quelque temps, car il a fallu se procurer plus de nourriture à chiens, à Fullerton, et le 1er janvier 1920, le maréchal des logis Douglas, après avoir renvoyé le gendarme Erye à Fullerton, partit pour le lac Baker. Il avait avec lui deux indigènes et deux attelages de chiens. Il arriva à Baker Lake le 8 janvier.
Les renseignements à obtenir étaient maigres. Un esquimau de la tribu des Paddlermuit, du nom de Ou-and-wak, demeurant à environ 150 milles au sud, était dénoncé comme ayant tué au fusil deux frères, de la même tribu, du nom de Ang-alook-you-ak et de Ale-cummick et s'étant approprié la femme du premier. Les autres Esquimaux avaient tellement peur d'Ou-ang-wak qu'ils se tenaient loin du poste de lac Baker. Le maréchal des logis Douglas résolut de se rendre à l'endroit du meurtre, pour faire enquête et, si nécessaire, pour arrêter l'accusé. Il surgit immédiatement des difficultés qui le retardèrent de près de trois semaines, car les indigènes avaient peur de l'accompagner. Il dit dans son rapport :
J'ai eu beaucoup de difficulté à obtenir quelqu'un pour faire le voyage. Enfin j'ai pu avoir un indigène qui m'assurait connaître le pays mais qui refusait de partir à moins que nous n'ayons trois traîneaux et quatre ou cinq hommes. Il prétendait avoir entendu dire que cet indigène avait déclaré que la police ne le prendrait pas vivant. Il donna cette raison pour demander uen organisation assez considérable.
Après beaucoup de difficultés, le maréchal des logis Douglas réunit un groupe d'Esquimaux, avec la femme de l'un d'eux, et trois traîneaux à chiens, et partit de Baker Lake le 27 janvier. Ce qui donne un exemple des difficultés du voyage dans ces régions, c'est la difficulté qu'on a eue pour trouver de la nourriture à chiens. On n'en a pas emporté, dans ce voyage, et les animaux sur lesquels on comptait pour le transport ont vécu les 4 ou 5 premiers jours sur le caribou tué le long du chemin et, le reste du temps, d'une quantité insuffisante de viande de cache d'été que le maréchal des logis Douglas fit en sorte d'acheter.

Le 5 février, on arriva à un camp indigène de deux iglous et on trouva deux jeunes gens d'une tribu dont le nom s'épelle soit Shav-voe-toe ou Shag-wak-toe. Les indigènes du maréchal des logis Douglas avaient tellement peur d'Ou-ang-wak - ils croyaient qu'il pouvait être là - qu'il eut peine à les convaincre de le conduire aux iglous et de voir qui les habitaient. « Ils ont beaucoup ri en voyant que l'un des hommes était le beau-frère de l'un des guides. » On apprit que celui qu'on cherchait avait son camp à environ 2 jours d'ici, qu'il avait été averti par des blancs que la police le chercherait pour le tuer et était très excité.

« Lorsque ces deux jeunes gens l'avaient vu la dernière fois, il était assis dans son iglou, le visage caché dans ses mains, et, à intervalles de quelques minutes, se levait et sortait pour voir s'il y avait quelque traîneau étranger aux environs. »

Tout cela augmentait la frayeur des compagnons indigènes du maréchal des logis Douglas, qui décidèrent de retourner chez eux. Il apprit qu'il y avait un camp d'indigènes entre l'endroit où ils étaient et le camp d'Ou-ang-wak et il finit par convaincre son escorte de se rendre à cette maison. Ils y arrivèrent le 7 février après-midi.

« À Notre arrivée à ce camp, un jeune homme, qui désirait se renseigner sur notre compte et faire rapport au chef, vint nous rencontrer à quelque distance des iglous. Après quelque temps, il revint nous dire qu'Edjogajuch, chef de la tribu, désirait nous voir dans son iglou. Negvic, le guide, l'indigène Joe et moi-même, nous retournâmes avec cet homme et les deux autres membres de l'expédition restèrent pour garder les traîneaux. Entré dans la hutte, je distribuai des poignées de main, enlevai mon koulotang (veste en caribou), m'assis sur le banc à côté du chef et lui dis que nous avions faim et aimerions manger avec lui. Il sortit un caribou gelé et plusieurs couteaux de boucherie. Nous nous asseyons et mangeons. Cela rend la situation meilleure et tous les indigènes commencent à parler. Nos deux autres hommes entrent. Après le repas, je sors du tabac et des allumettes et lorsque tout le monde a sa pipe allumée, je commence avec l'indigène Joe comme interprète, à dire le pourquoi de ma venue.

Edjogajuch répondit que ma venue lui faisait de la peine et qu'Ou-ang-wak demeurait à une journée de son camp. Il m'avertit de ne pas aller là car il venait de quitter ce camp et il avait peur que si un blanc s'y rendait pour essayer d'emmener Ou-ang-wak, il y aurait des coups de feu.
Cela acheva mes indigènes qui refusèrent d'avancer un pas de plus.
Des négociations suivirent.
J'ai fait bâtir un iglou et j'ai fait demander Edjogajuch. Je lui ai dit, par l'intermédiaire de l'interprète, qu'Ou-ang-wak était accusé d'avoir tué deux hommes. Il répondit que c'était vrai. J'ajoutai que cela était contraire à la loi des blancs, que j'étais venu pour voir Ou-ang-wak et que je ne retournerai pas sans cela. Puis je lui suggérai de me conduire au comp de l'autre côté du lac, le matin. Il refusa, disant qu'on pourrait le tuer lui aussi.
J'essayai de nouveau d'amener mes indigènes avec moi à ce camp, mais en vain. Je fis demander de nouveau Edjogajuch, je lui dis que je le regardais comme un chef dans ce district et qu'il lui incombait soit de m'amener avec lui à ce camp ou d'y aller lui-même pour me ramener Ou-ang-wak. Il répondit qu'il ne viendrait pas avec moi mais qu'il irait seul et tâcherait de l'amener. Je lui dis que j'attendrais ici, à ce camp, trois jours et que si, à la fin de ce temps, il n'était pas revenu, ou si je n'avais pas de nouvelle de lui, je viendrais moi-même chercher Ou-and-wak. Il avait grand peur, croyant sans doute qu'en voyant Ou-ang-wak je le tuerais. Je lui donnai ma parole que je ne ferais aucun mal à Ou-ang-wak ni à aucun des indigènes, s'ils agissaient comme il faut et ne montraient pas d'hostilité.
En conséquence, le 8 février, Edjogajuch quitta son camp, et tard dans l'après-midi du 9 février, il revint avec Ou-ang-wak et la femme.
À leur arrivée au camp [dit le maréchal des logis Douglas], j'ai fait demander à tous les indigènes de venir dans mon iglou où, à l'aide de mon interprète, j'ai donné à Ou-ang-wak l'avertissement qui se donne ordinairement, dans ces cas, avant l'arrestation. Mais j'étais parfaitement certain que cela ne signifiait rien à ses yeux car il était très effrayé, à ce moment, n'écoutait nullement l'interprète et se tenait les yeux fixés sur moi.
J'ai fait des enquêtes complètes au sujet des deux hommes morts et j'ai remarqué que souvent les indigènes demandaient des renseignements à l'accusé.
Alors le maréchal des logis Douglas arrêta Ou-ang-wak.
Alors je lui ai dit qu'il devait venir avec moi au pays de l'home blanc, parce que le grand chef là, désirait le voir. Il me demanda ce qu'on allait faire de lui et si on allait le tuer. Je lui ai dit que je n'en savais rien, mais je l'ai assuré que s'il agissait loyalement avec moi, il serait bien traité et amené à l'extérieur, devant le grand chef blanc...'
Le Sergent Douglas emmena donc Ou-ang-wak et la femme à Baker Lake, Chesterfield Inlet, puis à Churchill, au Manitoba. Il emmena ensuite Ou-ang-wak au Fort-Nelson, au Pas, et enfin à Dauphin, au Manitoba.

9

Un couple du groupe Padlirmiut
1922
Arviat, Nunavut, Canada
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ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

10

RAPPORT DE LA PATROUILLE DE BATHURST INLET, GENDARMERIE ROYALE DU CANADA, 1917-18.

En 1911, deux hommes blancs, Mr. H.V. Radford et Mr. T. G. Street, ont entrepris un voyage dans le Grand Nord. Mr. Radford est un Américain qui a déjà exploré certaines de ces régions nordiques et participé à la fabrique de plusieurs collections pour la United States Biological Society de Washington; Mr. Street, qui est lui plus jeune, est un citoyen canadien originaire d'Ottawa. Les deux hommes ont passé l'hiver près du lac Schultz et ils ont rejoint le goulet de Bathurst tôt dans l'année 1912, en essayant ensuite de se rendre plus à l'ouest le long de la côte de l'Arctique espérant ainsi se rendre à Fort-McPerson. Au goulet de Bathurst, ils ont trouvé un campement d'Esquimaux d'une tribu qui avait jusque là très peu de contact avec les Blancs. Les Esquimaux qui les avaient accompagné du lac Schultz ont préféré faire demi-tour; mais les deux voyageurs ont pu se mettre d'accord pour recevoir de l'aide des Esquimaux chez qui ils se trouvaient maintenant. Ces événements ont eu lieu dans les premiers jours du mois de juin 1912.

Lorsque les rapports du printemps de l'année suivante sont parvenus dans nos régions civilisées, on a appris que les deux voyageurs avaient été tués par les Esquimaux le 5 juin 1912. En date du 31 mai 1913, le Sergent W.G. Edgenton, l'agent responsable du poste de Fullerton, nous a transmis les faits qui sont connus de tout le monde et sont substantiellement exacts.
Plusieurs jours après, un des Esquimau qui avait voyagé avec les deux malheureux hommes du lac Schultz à Chesterfield Inlet, a témoigné des faits auprès de son supérieur immédiat (Mr. Ford), de la façon suivante et ce, dans une lettre datée du 11 juin 1913:
« L'Eskimau Akulack, qui a accompagné le groupe de Radford du lac Schultz à Bathurst Inlet, est arrivé aujourd'hui en nous rapportant que Mr. Radford et Mr. Street ont été assassinés par les Eskimaux de Bathurst Inlet. Cowmuck, le commerçant de Mr. Ford au lac Schultz, a été le premier à donner la nouvelle, mais dès que .....Je ne croyais pas tellement ce qu'il disait avant que je vois moi-même Akulack ».
« Mr. Ford et moi-même l'ont questionné aujourd'hui à deux reprises, et sa version de l'histoire s'est avérée pratiquement identique que celle de Cowmuck ».
« Akulack a laissé Mr. Radford le 5 juin pour passer l'été dans une zone située un peu plus au sud que celle que ces Eskimos fréquentaient. Il les est cependant entré plusieurs fois en contact avec eux, leur achetant même une femme après le meurtre en leur offrant un fusil... » (Introduction)

GENDARMERIE ROYALE DU CANADA, RAPPORT DU MARECHAL LES LOGIS CHEF, T. B. CAULKIN
DU LAC BAKER A CHESTERFIELD-INLET ET FULLERTON, ET RETOUR.

POSTE DU LAC BAKER, le 27 mars 1916.

A l'officier commandant,
R. G. a cheval du N.-O.,
Sous-district du lac Baker.

MONSIEUR,

J'ai l'honneur de vous transmettre sous ce pli le rapport de la patrouille effectuée jusqu'à l'embouchure de l'anse Chesterfield, par le gendarme A. B. Kennedy, le naturel Akular, et moi-même, avec un attelage de 10 chiens. Nous sommes partis du poste du lac Baker jeudi le 10 février conformément à vos instructions.

Le but de la patrouille était de se joindre avec la patrouille de Nelson et de Churchill, et d'échanger les courriers, aussi d'effectuer une patrouille à Fullerton en vue de percevoir la douane sur les marchandises consignées à G. C. Cleveland, commerçant, par le schooner A. T. Gifford, arrivé des Etats-Unis l'automne dernier...

Documents et dossiers de la GRC
Extraits des rapports de la GRC, Rapport de l'inspecteur Pelletier, Rapport annuel de 1909
DE L'ÎLE ELLIS À FULLERTON
Vers midi, le 2 septembre le brigadier Joyce, les gendarmes Conway et Walker, quelques indigènes de Fullerton comme membres d'équipage, quittèrent l'île Ellis sur une baleinière en destination de Fullerton. C'étaient les ordres reçus de Churchill. Quelques instants après nous levions l'ancre et partions de l'île Ellis pour Churchill. A bord du MCTavish se trouvaient le maréchal de logis McArthur, le brigadier Reeves, les gendarmes McMillan et McDermid, le gendarme spécial Ford, les indigènes Pook, Tuparlock, Bye & Bye et sa femme et moi-même (Inspecteur Pelletier)....
En raison d'une tempête, McTavish n'allait pas tarder à connaître une situation tumultueuse et périlleuse. Il perdit son ancre et le 10 septembre son équipage fut obligé de se rendre au cap Fullerton à bord d'une baleinière de la police.

RAPPORT DE LA PATROUILLE DE BATHURST INLET, GENDARMERIE ROYALE DU CANADA, 1917-18.

En 1911, deux hommes blancs, Mr. H.V. Radford et Mr. T. G. Street, ont entrepris un voyage dans le Grand Nord. Mr. Radford est un Américain qui a déjà exploré certaines de ces régions nordiques et participé à la fabrique de plusieurs collections pour la United States Biological Society de Washington; Mr. Street, qui est lui plus jeune, est un citoyen canadien originaire d'Ottawa. Les deux hommes ont passé l'hiver près du lac Schultz et ils ont rejoint le goulet de Bathurst tôt dans l'année 1912, en essayant ensuite de se rendre plus à l'ouest le long de la côte de l'Arctique espérant ainsi se rendre à Fort-McPerson. Au goulet de Bathurst, ils ont trouvé un campement d'Esquimaux d'une tribu qui avait jusque là très peu de contact avec les Blancs. Les Esquimaux qui les avaient accompagné du lac Schultz ont préféré faire demi-tour; mais les deux voyageurs ont pu se mettre d'accord pour recevoir de l'aide des Esquimaux chez qui ils se trouvaient maintenant. Ces événements ont eu lieu dans les premiers jours du mois de juin 1912.

Lorsque les rapports du printemps de l'année suivante sont parvenus dans nos régions civilisées, on a appris que les deux voyageurs avaient été tués par les Esquimaux le 5 juin 1912. En date du 31 mai 1913, le Sergent W.G. Edgenton, l'agent responsable du poste de Fullerton, nous a transmis les faits qui sont connus de tout le monde et sont substantiellement exacts.
Plusieurs jours après, un des Esquimau qui avait voyagé avec les deux malheureux hommes du lac Schultz à Chesterfield Inlet, a témoigné des faits auprès de son supérieur immédiat (Mr. Ford), de la façon suivante et ce, dans une lettre datée du 11 juin 1913:
« L'Eskimau Akulack, qui a accompagné le groupe de Radford du lac Schultz à Bathurst Inlet, est arrivé aujourd'hui en nous rapportant que Mr. Radford et Mr. Street ont été assassinés par les Eskimaux de Bathurst Inlet. Cowmuck, le commerçant de Mr. Ford au lac Schultz, a été le premier à donner la nouvelle, mais dès que .....Je ne croyais pas tellement ce qu'il disait avant que je vois moi-même Akulack ».
« Mr. Ford et moi-même l'ont questionné aujourd'hui à deux reprises, et sa version de l'histoire s'est avérée pratiquement identique que celle de Cowmuck ».
« Akulack a laissé Mr. Radford le 5 juin pour passer l'été dans une zone située un peu plus au sud que celle que ces Eskimos fréquentaient. Il les est cependant entré plusieurs fois en contact avec eux, leur achetant même une femme après le meurtre en leur offrant un fusil... » (Introduction)