1

Un couple du groupe Padlirmiut
1922
Arviat, Nunavut, Canada
ATTACHEMENT AUDIO
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

2

La chanson de Akulaak est interprétée par Martha Taliruq, Baker Lake, Nunavut. 2000.

Chanson d'Akulaak:

Je pense que le pain que j'ai obtenu du bateau était en petits morceaux mais je m'en moque. Je l'ai eu en petits morceaux mais cela ne me fait rien. De toute manière, il traverse ma gorge et va droit et vite dans mon estomac. (Cela signifie que lorsqu'on a réellement faim, rien n'est jamais trop petit, si on est suffisamment humble et modeste, même le plus petit morceau est appréciable). Ensuite, il demande à ce que ceux et celles qui lui sont apparentés par le nom (c'est-à-dire ceux et celles qui partagent son nom) ne soient pas gênés par ce qu'il dit mais qu'ils continuent à faire ce qu'ils font et à manger avec plaisir.

Première partie de la chanson d'Akulaak sur le pain

a-i-jaa a-i
hug-lu-gi-jaa-li-ri-ga
Je le considère petit

a-kil-ru-ju-a-ti-ri-niq
Le petit morceau de pain

u-mi-ar-ju-ar-mi
en provenance du bateau

im-ma u-va-nga-i-ja-i-jaa
ja-ja-ji-ja a-ja-ji-jaa
a-i-jaa ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa
i-ja-ji-ja u-va-nga-i-ja-ji-jaa

a-ja-ji-jaa a-i
hug-lu-gi-jaa-li-rap-ku
Lorsque je le considère petit

ik-tu-i-hu-nga-ri-va-ra
même s'il descend pourtant plus vite dans mon estomac (il est facile à avaler car il est si léger)

a-qi-a-kum-nul-li
il va directement dans mon estomac

im-ma u-va-nga-i-ja i-ja-ji-ja i-ja-ji-jaa

a-i-jaa ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa
i-ja-ji-ja u-va-nga-i-ja-ji-ja a-ja-ji-jaa

a-i-jaa
av-vaag-li
mon parent qui porte le même nom

pin-ngi-la-gin
Je ne veux pas dire toi

ni-ri-rik-sa-tu-in-na-rin
vas-y, continue de manger avec plaisir

u-va-nga-i-ja-i-ja i-ja-ji-ja i-ja-ji-ja
i-ja-ji-jaa a-i-jaa
ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa ti-ta-ti-taa
i-ja-ji-ja u-va-nga-i-ja i-ja-ji-jaa a-ja-ji-jaa
a-i-jaa i-ja-ji-ja i-ja-ji-jaa

3

Nguanguaq (Ou-ang-wak), originaire de Hikoligjuaq, Lac Yathkyed, un meurtrier condamné à mort
1920
Chesterfield Inlet, Nunavut, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photographe : W. O. Douglas de la GRC
Photo #0089. Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

4

Pris ce 17e jour d'avril 1920, à Fort-Churchill, Man., par le maréchal des logis W. O. Douglas, devant les soussignés, membres de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Interprété par Alexandre Oman, interprète de la Compagnie de la Baie d'Hudson, Fort-Churchill.

Mon nom est Ou-ang-wak. Je suis un Paddlermuit. Je ne sais pas mon âge mais je suis assez vieux pour avoir une femme.

Je reste à 'Shekoligyouak' dans le district du lac Baker.

Ma mère et mon père sont morts tous les deux et je reste chez ma soeur mariée. D'après une coutume de ma tribu, on m'a donné une femme il y a longtemps. Elle n'est encore qu'une enfant et reste encore avec sa famille.

Je n'aimais pas d'avoir pas une femme assez vieille pour rester avec moi, car je suis assez vieux pour avoir une femme et j'en voulais une.

A mon camp, j'avais quatre chiens qui appartenaient à un indigène nomé 'Apittuk'. Les frère 'Angolookyouak' et 'Alecummick' voulaient avoir ces chiens et étaient très fâchés parce que je ne voulais pas leur donner les chiens.

J'ai entendu dire, dans le camp, qu'Angalookyouak voulait me tuer.

De bonne heure un matin pendant la saison chaude, au cours du mois lunaire qui précède la formation de la glace sur les lacs, je me rendis à la tente de Angalookyouak, je regardai à l'intérieur et je vis qu'il était seul dans sa tente et dormait dans son lit. Je retournai à ma tente et pris mon fusil, un Winchester 38-55, et me rendis de nouveau à la tente de Angalookyouak. Je le tirai à travers le sommet du crâne alors qu'il dormait, il mourut vite.

Après avoir tué Angalookyouak j'eus peur de son frêre Alecummick, alors je me rendis à la tente de celui-ci qui se trouvait tout près, j'entrebaillai l'ouverture et je le vis assis sur son lit. Je le tirai et le frappai à l'épaule droite, et il tomba mort.

Après la mort de ces deux frères on les laissa pendant cinq jours dans leurs tentes, selon la coutume de la tribu puis on les enterra. J'aidai à leur sépulture, et je laissais le fusil avec lequel je les avais tués près de leur fosse.

Je ne savais pas que je faisais mal en tuant ces personnes, et qu'en le faisant je m'exposais à me faire prendre par les hommes blancs.

Je regrette de l'avoir fait et je ne le ferai pas de nouveau.

J'ai beaucoup voyagé avec ces deux frères, chassant le caribou, l'hiver et l'été, et pour aller au comptoir du Lac Baker. J'ai toujours été en bons termes avec eux pendant ces voyages, et nous n'avons jamais échangé de paroles de colère.

C'est la première fois que j'ai eu des difficultés avec eux.

Après la mort Angalookyouak je pris sa femme avec moi vu que je n'avais pas de femme, et que celle-ci n'avait pas de parent dans le voisinage chez qui elle aurait pu se retirer; tous ses parents demeuraient à Churchill.

Ce qui précède est, au meilleur de ma connaissance, une interprétation fidèle et exacte de la déclaration de Ou-ang-wak.
... (page 16)

Le fait d'amener Ou-ang-wak en pays civilisé n'était pas une solution pour toutes les difficultés de ces cas, et un procès en pays civilisé présentait des difficultés sérieuses. Il avait évidemment droit à toute la protection que la loi britannique accorde, et cela veut dire qu'il devait subir son procès entouré de toute la protection accordée aux personnes accusées de crime. Le meurtre en question a été commis dans le voisinage du Lac Baker, et les témoins, i.e. les quinze ou seize indigènes qui se trouvaient alors dans le camp habitent cette région. Nul procès pour meurtre n'avait été institué dans un endroit plus rapproché de cette scène qu'à Norway-House. La solution proposée et qui a été acceptée par le ministère de la Justice, est la suivante:

1. Qu'un officier de la Gendarmerie, possédant les attributions d'un coroner, et tels autres membres de cette troupe que l'on jugera bon envoyer au Lac Baker y soient envoyés aux fins de tenir une enquête et de recueillir la preuve nécessaire.
2. Que les procédures préliminaires instituées en présence du juge de paix à Le-Pas, Man., soient annulées et que l'accusé accompagne la Gendarmerie au Lac Baker où on lui fera subir un procès préliminaire après l'enquête.
3. que le détachement de gendarmes, avec l'accusé, revienne au Lac Baker à bord du vapeur de la Compagnie de la Baie d'Hudson le Nascopie qui doit partir de Montréal vers la première semaine de juillet à destination de Chesterfield Inlet pour y faire son voyage annuel. On pourra alors faire les investigations nécessaires au cours de l'hiver 1920-21.
4. Qu'au mois de juillet 1921, une cour de justice muni des pouvoirs requis soit convoquée et se rende à Chesterfield Inlet à bord du Nascopie lorsqu'il y fera son voyage annuel. Que cette cour entende la cause et revienne par le même navire. Le voyage aller et retour prendra environ dix semaines.
5. Nous croyons que la Gendarmerie aura tout le temps nécessaire pour recueillir la preuve et sera en mesure de présenter la cause à la cour lorsque celle-ci-arrivera à Chesterfield Inlet au mois d'août 1921.
6. Il est évident que l'on pourra trouver un nombre suffisant de personnes parmi l'équipage du Nascopie pour former un jury.

Les recommendations faites sont basées sur les déclarations qui suivent :
a) Que les meurtres chez les indigènes des Territoires du Nord-Ouest augmentent de façon alarmante.
b) Que les membres des tribus auxquelles appartiennent les personnes assassinées ont appris au maréchal des logis Douglas que c'était contraire à leur loi de tuer son semblable; qu'ils avaient d'abord eu l'intention de mettre l'assassin à mort pour son crime mais que finalement ils avaient décidé de le remettre entre les mains des blancs qui décideraient de son sort.
c) Nous croyons donc que le fait de tenir les assises d'une cour de justive à Chesterfield Inlet et d'y régler ce cas aurait un effet salutaire et moralisateur sur les indigènes.
d) Qu'au point de vue de l'économie, on y gagnera probablement en envoyant une jour de justice à Chesterfield Inlet pour y entendre cette cause, plutôt que de faire venir tous les témoins en pays civilisé et de les y garder jusqu'à ce que le Nascopie fasse son voyage annuel en 1922.

En conséquence nous avons envoyé l'inspecteur Reames au Lac Baker avant la fermeture de la navigation, et nous avons l'intention d'y envoyer une cour de justice à l'été de 1921.

CONTINUATION

Rapport annuel pour l'année se finissant le 30 septembre 1926.

GENDARMERIE ROYALE DU CANADA RAPPORT DU COMMISSAIRE

Le gendarme D.F. Robinson, du détachement de Chesterfield, a effectué au lac Baker uen randonnée d'environ 745 milles, du 25 mars au 3 mai 1926, à l'embouchure de la rivière Thélon, en amont de la rivière Kazan, et au lac Kaminuriak, au lac Haecoligua (ou Yath-Kyed), et retour. La rareté du caribou l'a empêché de se rendre au lac Maguse et au cap Esquimau sur la baie d'Hudson. C'est la région où Ouangwak, le meurtrier demeurait, et à part le fait qu'il était désirable d'y effectuer une randonnée au point de vue de la Gendarmerie, on avait fait un massacre inutil de gibier. Il ne s'est pas produit d'incidents extraordinaires. On a recueilli des renseignements sur la mortalité parmi les Esquimaux; une proportion extrêmement élevée de ceux-ci sont décédés de la tuberculose. Un décès a été apparemment causé par des troubles cardiaques. Notre rapport signale le fait de ces termes:

La chose est arrivée à un certain Padlermiut, homme d'âge moyen, alors qu'il était en visite chez des parents sur la rivière Kazan. Une danse avait lieu en son honeur, mais alors qu'il chantait et jouait du tambour, il s'affaissa et mourut d'une syncope du coeur. Depuis lors, tous les tambours de cette tribu furent détruits.

Le gendarme Robinson dit dans ses observations générales touchant les Esquimaux :

Les naturels que nous visitâmes vivent encore la vie primitive. Ils comptent uniquement sur le pays pour leur assurer leur sustentation. Il se servent du kayak et de lances afin d'abattre les caribous pour leurs vêtements et leurs caches de nourriture. Durant l'hiver, la vie est quelquefois dure, vu que leur seul combustible pour la cuisson de leurs aliments consiste en mousse et épilobe, de sorte que leurs iglous ne sont jamais chauffés, comme ceux des Esquimaux de la côte, qui se servent de lampes de blanc de baleine.

Ils on tous des carabines, la plus populaire étant le 44-40, laquelle est bon marché et efficace à courte distance. Ils ne s'en servent pas beaucoup, sauf dans leurs déplacements. En été, les hommes montés dans les kayaks abattent les caribous à la lance, aux endroits où les troupeaux migrateurs traversent la rivière, et en hiver, on creuse des fosses dans la neige afin de les y faire tomber.

Ils sont pauvres pour des voyageurs, la moyenne du nombre des chiens possédés pas chaque homme étant de trois, et lorsque les homme visitent un poste de commerce, ils vont par groupes de deux, un homme frayant le chemin, tandis que l'autre guide les traîneaux et conduit les chiens ce qu'il fait en poussant des cris continuels et en jetant sur tous les chiens qui ne tirent par assez un morceau de bois d'à peu près 16 pouces de longeur.

Il n'y a qu'un petit nombre de ces naturels qui visitent un poste plus d'une fois par année. Ceci donne franc jeu aux commerçanst esquimaux, qui demandent alors des pris exorbitants pour leurs marchandises.

Les seules provisions du blanc que ces Esquimaux veulent se procurer sont le thé, le sucre, le tabac et le pétrole, leur alimentation principale étant la viande de caribou et le poisson, qu'ils mangent tous deux gelés.

Bien qu'ils soient superstitieux comme tous les primitifs, leurs superstitions relatives aux taboos semblaient plutôt sensées lorsqu'ils nous en eurent donné des explications.

Au camp d'Ejughadjug, je fus invité dans l'iglou d'un vieil Angakok, immédiatement après mon arrivée, où l'on me prépara un repas. Lorsque je partis pour mon propre iglou, l'on me donna la moitié d'un gros poisson. C'était le groupe auquel appartenait le meurtrier Oungwak, de sorte qu'on n'en veut pas à la Gendarmerie d'avoir causé son exécution. Sa soeur, âgée d'environ 45 ans, a déclaré qu'il était méchant et qu'il méritait la mort.

Il est possible que les Shagwaktolmiut seront, dans une mauvaise année, menacés de famine, vu qu'ils ne s'éloignent pas de leurs campement permanents. Je leur parlai donc de la préservation du gibier, et de la mise dans des caches de la viande dont ils n'avaient pas besoin pour leur consommation immédiate, parce qu'il serait difficile pour la Gendarmerie de leur venir en aide durant l'hiver, vu que les Esquimaux sont éparpillés en petits groupes et qu'une randonnée serait difficile avec une grosse charge dans la neige molle...

5

Préparatifs pour le départ d'une patrouille en traîneau à chien
1926
Ukpiktujuq, « l'île des grandes hanches », Baker Lake, Nunavut
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Crédits:
Burwash, L.T., Major
# PA099415 Archives nationales du Canada

6

GENDARMERIE ROYAE DU CANADA
RAPPORT DE l'INSPECTEUR PELLETIER
9 10 EDWARD VIII, A 1909, DOCUMENT PARLEMENTAIRE No. 28
R.N.W.M. POLICE,
REGINA, 21 mars 1909

(Extraits des pages 168 à 183)

LA RIVIÈRE HANBURY
Le 2 août au matin nous atteignions la rivière Hanbury proprement dite. Nous en commençâmes, la descente en faisant un portage de un mille et un quart. Tyrell indique ici un portage d'un demi-mille seulement mais il y passa un mois plus tôt que nous le fîmes....
LA RIVIÈRE THELON
Le 8 au matin nous commençâmes la descente de la rivière Thélon. La rive gauche est très basse, tandis que la rive droite est élevée...

DU LAC BEVERLY À L'EMBOUCHURE DE CHESTERFIELD INLET

Samedi, le 13, dans l'après-midi, nous étions rendus au lac Beverley. A l'extrémité supérieure l'eau est très basse, et est traversée par des barrages de sable qui rendent le chenal étroit et tortueux. Aussitôt que ces barrages sont franchis, l'eau redevient propice et profonde...

J'éprouvai certaines difficultés à décider les indigènes à nous accompa¬gner. Us disaient que personne ne voyageait en décembre et janvier ; les décider, était difficile car leurs femmes et leurs familles étaient à Churchill et ils avaient grande hâte de les rejoindre.
Je savais l'anxiété qui pouvait résulter du retard de cette patrouille et nous pressâmes les préparatifs.
Le 29 novembre, notre expédition était prête. Le parti se composait du maréchal des logis McArthur, du brigadier Reeves, du gendarme spécial lord, des indigènes Pook et Tupearlock et moi-même, six en tout. Nous avions deux traîneaux de dix-huit pieds de long et deux pieds de large, traînés par neuf chiens chacun, chargés d'à peu près huit cents livres chacun...
Le matin du 30 novembre, nous quittons Fullerton. Il n'y avait pres¬que pas de neige sur les rocs du rivage. Nous avions à voyager sur la glace d'eau salée, ce qui rend le voyage difficile lorsqu'elle n'est pas couverte de nei¬ge comme alors, et le voyage s'opérait très lentement presque au pas de marche...

7

Harry Thomas Ford avec le Caporal Petty
1926
Back River, Nunavut, Canada
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Crédits:
Burwash, L.T., Major
# PA099330 Archives nationales du Canada

8

Gendarmerie Royale du Canada en patrouille. Photographie # PA 099414 prise par Burwash. Back River 1926. Caporal Petty, deux agents de la GRC et l'agent Harry T. Ford.

Rapport annuel pour l'année se terminant le 30 septembre 1926.

GENDARMERIE ROYALE DU CANADA RAPPORT DU COMMISSAIRE

(Extraits)

BAIE D'HUDSON
On a exécuté les patrouilles habituelles dans le sous-district de la baie d'Hudson, le détachement à Chesterfield étant le centre de ces opérations. Pendant oaût et septembre 1925, le gendarme W.-B. MacGregor a été absent du poste, afin de prendre part à la chasse annuelle aux caribous au lac Baker. Dans le cours de son rapport, le gendarme MacGregor fait les observations suivantes :

Alors que j'étais à la chasse, je rencontrai plusieurs emplacements de campements, tombes, caches, etc. À Pah-nah, particulièrement, près de la pointe Ah-o-lah-te-veeng (située sur le rivage méridional de l'anse, à quelque 60 ou 70 milles de l'estuaire de l'anse), se trouve un emplacement de campement circulaire en maçonnerie, la porte donnant au sud, la circonférence extérieure mesurant 27 pas. Sa hauteur primitive était de quatre pieds. Quelques pierres formant l'anneau du fond du toopek pesaient de 700 à 800 livres. Il y a près de ce village comparativement ancien un grand nombre de tombes, y compris l'une près de laquelle reposent les armes du chasseur; une pagaie double de kayak, un fusil à canon simple se chargeant par le canon, avec inscription du nom du fabricant, Barnett, London...

Le gendarme Petty, qui a la direction du détachement de Chesterfield Inlet, a effectué durant l'hiver une randonnée de chasse. Quelques détails dépeignent la vie de ces régions. Son rapport se lit en partie comme suit...

Le caporal Petty a effectué une randonnée d'environ 900 milles, à partir de Chesterfield Inlet, en passant par une route à partir de Chesterfield Inlet à la baie Wager, et de là par les rivières Backs et Hayes jusqu'au lac Baker et retour. Ce voyage fut exécuté en compagnie d'un messager de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Étant parti de Chesterfield le 16 mars, le groupe passa par l'anse Winchester et, de là, par un parcours peu connu jusqu'à la baie Wager.

Rapport annuel pour l'année se terminant le 30 septembre 1926.
GENDARMERIE ROYALE DU CANADA RAPPORT DU COMMISSAIRE

BAIE D'HUDSON
On a exécuté les patrouilles habituelles dans le sous-district de la baie d'Hudson, le détachement à Chesterfield étant le centre de ces opérations. Pendant oaût et septembre 1925, le gendarme W.-B. MacGregor a été absent du poste, afin de prendre part à la chsse annuelle aux caribous au lac Baker. Dans le cours de son rapport, le gendarme MacGregor fait les observations suivantes :

Alors que j'étais à la chasse, je rencontrai plusieurs emplacments de campements, tombes, caches, etc. À Pah-nah, particulièrement, près de la pointe Ah-o-lah-te-veeng (située sur le rivage méridional de l'anse, à quelque 60 ou 70- milles de l'estuaire de l'anse), se trouve un emplacement de campement circulaire en maçonnerie, la porte donnant au sud, la circonférence extérieure mesurant 27 pas. Sa hauteur primitive était de quatre pids. Quelques pierres formant l'anneau du fond du toopek pesaient de 700 à 800 livres. Il y a près de ce village comparativement ancien un grand nombre de tombes, y compris l'une près de laquelle reposent les armes du chasseur; une pagaie double de kayak, un fusil à canon simple se chargeant par le canon, avec inscription du nom du fabricant, Barnett, London...

Le gendarme Petty, qui a la direction du détachement de Chesterfield Inlet, a effectué durant l'hiver une randonnée de chasse. Quelques détails dépeingnent la vie de ces régions. Son rapport se lit en partie comme suit...

Le caporal Petty a effectué une randonnée d'environ 900 milles, à partir de Chesterfield Inlet, en passant par uen route à partir de Chesterfield Inlet à la baie Wager, et de là par les rivières Backs et Hayes jusqu'au lac Baker et retour. Ce voyage fut exécuté en compagnie d'un messager de la Compagnie de la Baie d'Hudson. Étant parti de Chesterfield le 16 mars, le groupe passa par l'anse Winchester et, de là, par un parcours peu connu jusqu'à la baie Wager. Cette route ne fit pas une bonne impression sur le caporal Petty, mais voici ce qu'il dit...

Les blancs ne connaissent pas très bien la région sis entre la rivière Backs et le lac Baker....

En ce qui concerne les Esquimaux rencontrés, voici ce qu'il dit :

Tous avaient passé un bon hiver au point de vue de l'alimentation, sauf quelques-uns au lac Baker qui avaient souffert pendant un certain temps du manque de viande fraîche. Leurs prises de renards ne furent pas considérables.

Les Esquimaux des rivières Backs ou Hayes : Ils se sustentent (et semblent s'en bien tirer) de poisson gelé durant l'hiver et des quelques caribous qu'ils peuvent tuer.

D'une manière générale, ils établissent leurs campements à quelques jours de marche de l'endroit où ils peuvent se procurer de la mousse, et ils ne semblent pas s'en inquiéter...

9

« Pork » ou « Pook » Kangirjuaq et Harry Thomas Ford, deux agents de la GRC
1900
Winnipeg, Manitoba
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Crédits:
Collection de Henry T. Ford

10

Une fois, Kangirjuaq a voyagé en traîneau à chien jusqu'à Winnipeg, au Manitoba. Il a fait ce voyage avec Uqalujujuq, Harry T. Ford, un special constable de la GRC. Les deux hommes parlaient anglais et Inuktitut. C'est d'ailleurs ce que le nom de Uqalujujuq signifie, « celui qui est capable de parler ». Cet homme avait l'habitude d'être un interprète au service de la GRC et il accompagnait souvent les gens de la GRC dans leurs voyages dans le Keewatin. À cette époque, tout le monde avait l'habitude de voyager en traîneau à chien durant l'hiver. Lorsque Kangirjuaq travaillait pour la GRC, lui et sa femme Niviaqsaarjuk habitaient Churchill, au Manitoba. Un hiver, leur cheminée avait été bouchée par de la neige et le couple s'est fait surprendre par la fumée. Heureusement, l'un d'eux s'est réveillé et c'est ainsi qu'ils ont pu survivre. Plus tard, ils ont déménagé à Chesterfield Inlet et c'est là qu'ils ont adopté Martha Taliruq. Martha Taliruq n'a déménagé à Baker Lake qu'au moment de son mariage mais ses parents adoptifs ont passé leur temps à aller et venir à Baker Lake et plus généralement même entre le sud et le nord du Keewatin.

11

Poste de la Gendarmerie Royale du Canada
1914
Churchill, Manitoba
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Crédits:
Gendarmerie Royale du Canada

12

Francis Kaput, Rankin Inlet. Francis Kaput chante, « Comment l'endroit où l'on dort peut-il être chaud s'il n'y a pas de lampe à huile ? »
Centre du patrimoine inuit.

13

Igjugaarjuk, un Inuk du Lac Yathkyed
1922
Hikuliqjuaq, Lac Yathkyed, Nunavut, Canada
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Crédits:
Rasmussen, Knud
Photo #1208. Cinquième Expédition de Thulé
Musée national du Danemark

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GRC Rapport annuel pour l'année se terminant le 30 septembre 1920
GENDARMERIE ROYALE DU CANADA RAPPORT DU COMMISSAIRE
11 GEORGE V, A. 1921 DOCUMENT PARLEMENTAIRE No. 28

Meurtres supposés près du Lac Baker

Dans l'hiver 1919-20, le sergent W.O. Douglas était en charge du détachement de Fullerton. Ce détachement, à plus de 400 milles au nord de Churchill et à 100 milles du goulet Chesterfield, le lond de la côte, a été, pendant cette période, le centre d'une patrouille très active. De septembre 1916 à janvier 1919, la distance parcourue par les patrouilles qui relevaient de Fullerton a été de près de 16 000 milles.

Le 19 décembre 1919, le maréchal des logis Douglas, avec le gendarme Eyre et deux indigènes, a quitté Fullerton pour se rendre au goulet Chesterfiled où il est arrivé le 22 décembre, après avoir été retardé d'une journée par la poudrerie. Au poste de la Compagnie de la Baie d'Hudson une lettre l'attendait, venant du gérant du poste de Baker Lake de la Compagnie de la Baie d'Hudson, situé à 150 milles au fond du goulet Chesterfield, l'informant que deux de ses chasseurs avaient été tués par un autre indigène, que le meurtrier était au large et que la population indigène de la région était grandement effrayée. Le maréchal des logis Douglas décida immédiatement de remonter le goulet jusqu'au lac Baker. Les préparatifs nécessaires ont pris quelque temps, car il a fallu se procurer plus de nourriture à chiens, à Fullerton, et le 1er janvier 1920, le maréchal des logis Douglas, après avoir renvoyé le gendarme Erye à Fullerton, partit pour le lac Baker. Il avait avec lui deux indigènes et deux attelages de chiens. Il arriva à Baker Lake le 8 janvier.
Les renseignements à obtenir étaient maigres. Un Esquimau de la tribu des Paddlermuit, du nom de Ou-and-wak, demeurant à environ 150 milles au sud, était dénoncé comme ayant tué au fusil deux frères, de la même tribu, du nom de Ang-alook-you-ak et de Ale-cummick et s'étant approprié la femme du premier. Les autres Esquimaux avaient tellement peur d'Ou-ang-wak qu'il s se tenaient loin du poste de lac Baker. Le maréchal des logis Douglas résolut de se rendre à l'endroit du meurtre, pour faire enquête et, si nécessaire, pour arrêter l'accusé. Il surgit immédiatement des difficultés qui le retardèrent de près de trois semaines, car les indigènes avaient peur de l'accompagner. Il dit dans son rapport :
J'ai eu beaucoup de difficulté à obtenir quelqu'un pour faire le voyage. Enfin j'ai pu avoir un indigène qui m'assurait connaître le pays mais qui refusait de partir à moins que nous n'ayons trois traîneaux et quatre ou cinq hommes. Il prétendait avoir entendu dire que cet indigène avait déclaré que la police ne le prendrait pas vivant. Il donna cette raison pour demander uen organisation assez considérable.
Après beaucoup de difficultés, le maréchal des logis Douglas réunit un groupe d'Esquimaux, avec la femme de l'un d'eux, et trois traîneaux à chiens, et partit de Baker Lake le 27 janvier. Ce qui donne un exemple des difficultés du voyage dans ces régions, c'est la difficulté qu'on a eue pour trouver de la nourriture à chiens. On n'en a pas emporté, dans ce voyage, et les animaux sur lesquels on comptait pour le transport ont vécu les 4 ou 5 premiers jours sur le caribou tué le lon du chemin et, le reste du temps, d'une quantité insuffisante de viande de cache d'été que le maréchal des logis Douglas fit en sorte d'acheter.

Le 5 février, on arriva à un camp indigène de deux iglous et on trouva deux jeunes gens d'une tribu dont le nom s'épelle soit Shav-voe-toe ou Shag-wak-toe. Les indigènes du maréchal des logis Douglas avaient tellement peur d'Ou-ang-wak - ils croyaient qu'il pouvait être là - qu'il eut peine à les convaincre de le conduire aux iglous et de voir qui les habitaient. « Ils ont beaucoup ri en voyant que l'un des hommes était le beau-frère de l'un des guides. » On apprit que celui qu'on cherchait avait son camp à environ 2 jours d'ici, qu'il avait été averti par des blancs que la police le chercherait pour le tuer et était très excité.

« Lorsque ces deux jeunes gens l'avaient vu la dernière fois, il était assis dans son iglou, le visage caché dans ses mains, et, à intervalles de quelques minutes, se levait et sortait pour voir s'il y avait quelque traîneau étranger aux environs. »

Tout cela augmentait la frayeur des compagnons indigènes du maréchal des logis Douglas, qui décidèrent de retourner chez eux. Il apprit qu'il y avait un camp d'indigènes entre l'endroit où ils étaient et le camp d'Ou-ang-wak et il finit par convaincre son escorte de se rendre à cette maison. Ils y arrivèrent le 7 février après-midi.

« À Notre arrivée à ce camp, un jeune homme, qui désirait se renseigner sur notre compte et faire rapport au chef, vint nous rencontrer à quelque distance des iglous. Après quelque temps, il revint nous dire qu'Edjogajuch, chef de la tribu, désirait nous voir dans son iglou. Negvic, le guide, l'indigène Joe et moi-même, nous retournâmes avec cet homme et les deux autres membres de l'expédition restèrent pour garder les traîneaux. Entré dans la hutte, je distribuai des poignées de main, enlevai mon koulotang (veste en caribou), m'assis sur le banc à côté du chef et lui dis que nous avions faim et aimerions manger avec lui. Il sortit un caribou gelé et plusieurs couteaux de boucherie. Nous nous asseyons et mangeons. Cela rend la situation meilleure et tous les indigènes commencent à parler. Nos deux autres hommes entrent. Après le repas, je sors du tabac et des allumettes et lorsque tout le monde a sa pipe allumée, je commence avec l'indigène Joe comme interprète, à dire le pourquoi de ma venue.

Edjogajuch répondit que ma venue lui faisait de la peine et qu'Ou-ang-wak demeurait à une journée de son camp. Il m'avertit de ne pas aller là car il venait de quitter ce camp et il avait peur que si un blanc s'y rendait pour essayer d'emmener Ou-ang-wak, il y aurait des coups de feu.
Cela acheva mes indigènes qui refusèrent d'avancer un pas de plus.
Des négociations suivirent.
J'ai fait bâtir un iglou et j'ai fait demander Edjogajuch. Je lui ai dit, par l'intermédiaire de l'interprète, qu'Ou-ang-wak était accusé d'avoir tué deux hommes. Il répondit que c'était vrai. J'ajoutai que cela était contraire à la loi des blancs, que j'étais venu pour voir Ou-ang-wak et que je ne retournerai pas sans cela. Puis je lui suggérai de me conduire au comp de l'autre côté du lac, le matin. Il refusa, disant qu'on pourrait le tuer lui aussi.
J'essayai de nouveau d'amener mes indigènes avec moi à ce camp, mais en vain. Je fis demander de nouveau Edjogajuch, je lui dis que je le regardais comme un chef dans ce district et qu'il lui incombait soit de m'amener avec lui à ce camp ou d'y aller lui-même pour me ramener Ou-ang-wak. Il répondit qu'il ne viendrait pas avec moi mais qu'il irait seul et tâcherait de l'amener. Je lui dis que j'attendrais ici, à ce camp, trois jours et que si, à la fin de ce temps, il n'était pas revenu, ou si je n'avais pas de nouvelle de lui, je viendrais moi-même chercher Ou-and-wak. Il avait grand peur, croyant sans doute qu'en voyant Ou-ang-wak je le tuerais. Je lui donnai ma parole que je ne ferais aucun mal à Ou-ang-wak ni à aucun des indigènes, s'ils agissaient comme il faut et ne montraient pas d'hostilité.
En conséquence, le 8 février, Edjogajuch quitta son camp, et tard dans l'après-midi du 9 février, il revint avec Ou-ang-wak et la femme.
À leur arrivée au camp [dit le maréchal des logis Douglas], j'ai fait demander à tous les indigènes de venir dans mon iglou où, à l'aide de mon interprète, j'ai donné à Ou-ang-wak l'avertissement qui se donne ordinairement, dans ces cas, avant l'arrestation. Mais j'étais parfaitement certain que cela ne signifiait rien à ses yeux car il était très effrayé, à ce moment, n'écoutait nullement l'interprète et se tenait les yeux fixés sur moi.
J'ai fait des enquêtes complètes au sujet des deux hommes morts et j'ai remarqué que souvent les indigènes demandaient des renseignements à l'accusé.
Alors le maréchal des logis Douglas arrêta Ou-ang-wak.
Alors je lui ai dit qu'il devait venir avec moi au pays de l'home blanc, parce que le grand chef là, désirait le voir. Il me demanda ce qu'on allait faire de lui et si on allait le tuer. Je lui ai dit que je n'en savais rien, mais je l'ai assuré que s'il agissait loyalement avec moi, il serait bien traité et amené à l'extérieur, devant le grand chef blanc...'
Le Sergent Douglas emmena donc Ou-ang-wak et la femme à Baker Lake, Chesterfield Inlet, puis à Churchill, au Manitoba. Il emmena ensuite Ou-ang-wak au Fort-Nelson, au Pas, et enfin à Dauphin, au Manitoba.