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Démantèlement progressif
Dès son ouverture en 1906, Singer Saint-Jean produit plus de 50 000 machines à coudre et cabinets. Seulement 10 % de la production johannaise est destiné au Canada. L'ensemble des machines prennent le chemin de l'Amazonie, des Philippines et surtout de l'Afrique (dont le Congo). Toutefois, dès 1908 et durant la Première Guerre mondiale (1914-1918), les commandes fléchissent. Mais la fin de la guerre amène un nouveau souffle à Singer Saint-Jean. En 1928, plus de 80 % de la production de l'usine de Saint-Jean est expédiée à l'étranger. Cependant, au fil des années, de nouvelles usines Singer se positionnent sur le marché mondial et rendent moins attrayantes les " moulins " à coudre de Saint-Jean. Par exemple, en 1952, le coût d'assemblage d'une machine à coudre à Saint-Jean est huit fois plus élevé que ceux d'une machine fabriquée au Japon :

Saint-Jean: 1,58 $
Suède: 0,61 $
Allemagne: 0,41 $
Japon: 0,18 $

Sur l'échiquier mondial, Singer se tire elle-même dans le pied puisqu'elle tarde à améliorer ses machines à coudre. Singer, qui jusqu'en 1959 est synonyme d'excellence, n'arrive plus à supporter la compétition. Les années 1960 sonnent le glas de l'usine Singer à Saint-Jean-sur-Richelieu. Peu à peu, l'usine connaît des difficultés dont elle sera, au bout du compte, incapable de se relever. Un démantèlement progressif commence alors et différents départements, terrains, outils et appareils sont vendus à des entrepreneurs et à la Ville de Saint-Jean.

Mai 1962 : la cabinetterie est vendue.
Juillet 1963 : le bureau-chef, la fonderie (hauts-fourneaux) et ses annexes, le département de débavurage (rumblers), etc. sont vendus.

Juin 1964 : le département des moteurs et contrôleurs est vendu.
Novembre 1964 : l'entrepôt de pièces pré-usinées pour cabinets est vendu.
Décembre 1978 : vente du terrain longeant le boulevard du Séminaire.

Septembre 1981 : vente d'une bande de terrain bordant la voie ferrée du C.N.
Novembre 1981 : vente de la forge et des départements attenants.
Décembre 1981 : vente du droit de passage de la voie ferrée du C.N.

Décembre 1983 : vente du complexe comprenant des entrepôts (entrepôt du département d'expédition, garages et extensions (filtre d'huile), entrepôt des produits inflammables, entrepôt de matériel d'emballage)

Novembre 1986 : vente de l'édifice de la rue Saint-Louis, de l'entrepôt de l'acier, de l'ancien édifice des machineries et du quadrilatère d'une superficie de 467 000 pieds carrés de terrain déjà occupés par les édifices démolis.

Le démembrement rapporte plus de 2 millions de dollars (2 144 500 $) à la Singer.

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Document sur le démantèlement progressif de l'usine Singer à Saint-Jean: page couverture
Fin des années 1950
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Jacques Richard

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Document sur le démantèlement progressif de l'usine Singer à Saint-Jean: p.2
Fin des années 1950
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Jacques Richard

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Nouveaux produits
En réponse à la crise qui la secoue dans les années 1960, Singer diversifie ses produits et tente de percer de nouveaux marchés. Par exemple, l'usine de Saint-Jean fabrique des meubles de chambres d'enfants pour les grands magasins montréalais et des pupitres et chaises d'écoliers pour les commissions scolaires. En 1962, lorsque la cabinetterie est vendue, Singer Saint-Jean cesse la fabrication de ces articles. Au cours de cette décennie, Singer Saint-Jean fabriquera des produits aussi variés les uns que les autres : des coussinets graisseurs (spring packs) pour les compagnies ferroviaires Canadien National et Canadien Pacifique, des engrenages (gear racks) pour la compagnie General Electric, des boîtes hermétiques (manifolds) de jonction pour le réseau téléphonique souterrain de Bell Canada, des outils électriques de marque Craftman (perceuses, scies rondes, etc.), des pièces pour la fabrication de calculatrices et pour des aspirateurs domestiques. Singer Saint-Jean décroche même un contrat IBM pour l'assemblage de claviers de machines à écrire. 7000 claviers sont produits hebdomadairement par près de 70 personnes, dont 60 sont des femmes. Le contrat se termine en 1983.

Malgré les nouvelles orientations, Singer Saint-Jean continue à fabriquer le produit qui l'a fait connaître : la machine à coudre. En 1964, l'usine crée un département pour la fabrication de machines à points invisibles conçues pour la couture industrielle et destinées au marché mondial. Mais, en 1972, le siège social de Singer, situé à New York, propose l'arrêt du montage des machines à coudre à l'usine de Saint-Jean. Cette dernière ne perd pas tout : elle obtient en échange la fabrication des aspirateurs Singer vendus sur le marché sous les marques Sears, Eaton, Eureka et Regina. Mais, à la suite de pressions des lobbies américains, Saint-Jean perd son contrat d'aspirateurs. En échange, l'usine johannaise développe et produit la nouvelle machine à coudre Diana 560. Après plusieurs difficultés, ces machines sont créées et exportées dans le monde. Seulement 15 % est distribué sur le marché canadien.

En dépit de nombreuses tentatives de réorientation, Singer Saint-Jean ne peut échapper à son destin : elle marche inévitablement vers la fermeture. L'usine de Saint-Jean n'est pas outillée pour répondre aux nouveaux besoins du marché. Déjà, les mises à pied se multiplient. Les travailleurs comptant le moins d'années d'expérience se font montrer la porte. Singer Saint-Jean vit ses derniers moments.

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Entrevue avec Georges H. Blais: de nouveaux produits pour éviter la fermeture de Singer Saint-Jean
octobre 2007
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Georges H. Blais
France Bourassa

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Moteurs d'aspirateur domestique
1960-1970
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Robert Châteauneuf

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La fin de Singer Saint-Jean
Le démantèlement progressif de l'usine traduit sans contredit des problèmes majeurs au sein de l'entreprise. La fermeture est inévitable. Au printemps 1986, l'usine Singer de Saint-Jean ferme ses portes. Toutefois, le bureau-chef demeure ouvert jusqu'en mars 1987. Cette même année, des démarches sont entamées pour vendre l'usine, les bureaux et les équipements qui n'ont pas été liquidés lors du démantèlement progressif. La vente des terrains et des équipements de l'usine de Saint-Jean est conclue en novembre 1988. Le département de mise en marché, les bureaux, etc., déménagent dans leurs nouveaux locaux, loués au 640, rue Dorchester à Saint-Jean-sur-Richelieu avec un personnel réduit de 30 personnes.

En 1987, un spéculateur financier, achète et revend les 14 filiales Singer en opération (dont celle de Saint-Jean). La raison sociale Compagnie Singer du Canada Limitée est vendue à la compagnie Semi-Tech du Canada et porte désormais le nom de TSCO du Canada. Cette dernière continue à vendre des machines à coudre Singer.

Singer tourne une page d'histoire.

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Démolition
Vers le milieu des années 1980
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Georges H. Blais

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Démolition
Vers le milieu des années 1980
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Georges H. Blais

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Démolition
Vers le milieu des années 1980.
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Georges H. Blais

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Démolition
Vers le milieu des années 1980
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Georges H. Blais

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Singer Saint-Jean…le début d'une nouvelle histoire
Pendant plus de 80 ans, Singer a rythmé la vie des Johannais en plus de contribuer à la revitalisation économique de la ville. Malgré son démantèlement et sa fermeture en 1986, l'usine laisse derrière elle des bâtiments qui rappellent à la mémoire collective son importance. Singer Saint-Jean ne tombe pas dans l'oubli. En 2003, la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu acquiert la créance hypothécaire de l'ex-usine. Des démarches sont entamées pour revitaliser le site. Ces démarches seront réalisées en trois phases :

Phase 1 : la réhabilitation (commencée en juin 2007)
-démolir les bâtiments accessoires
-démolir les planchers du bâtiment principal
-décontaminer le bâtiment principal et les sols de la cabinetterie et les bâtiments servant à l'expédition
-les 3 tours de la cabinetterie seront conservées

Phase 2 :
-instauration du Parc Yvan-Roy où se situait l'usine Balmet (fonderie des Singer)
-volet d'interprétation historique : l'ancien bâtiment de la Singer deviendra un centre pour personnes âgés autonomes à 400 unités de logement. Il y aura également une clinique médicale.

Phase 3 :
-pendant 10 ans, près de 100 millions de dollars seront investis : commerces, condos, appartements

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Démolition d'une partie de l'usine Singer en 2007
2007
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Jacques Paul

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Démolition d'une partie de l'usine Singer en 2007
2007
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada

Crédits:
Jacques Paul