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Les colons établis en Nouvelle-France utilisent le mot marsouin pour désigner plusieurs types de baleines et plus particulièrement le béluga (Delphinapterus leucas). Le nom du béluga est dérivé de "bièluï" qui signifie blanc en russe. Ce mammifère marin est aussi appelé baleine blanche, marsouin blanc et canari des mers en référence à tous les sons qu'il émet.

Le béluga était présent dans la mer de Champlain il y a plus de 10 000 ans. Lors du retrait de cette mer qui laissa derrière elle le fleuve Saint-Laurent, les troupeaux de bélugas ont été séparés entre l'Arctique et le Saint-Laurent.

Les Inuits sont les premiers à chasser le béluga et ils le chassent encore aujourd'hui pour sa chair, son gras, sa peau et ses os. Les troupeaux de bélugas de la région circumpolaire ne sont pas les mêmes que ceux du Saint-Laurent. Ces derniers ne migrent jamais hors de l'estuaire et du golfe Saint-Laurent.

Lors de son deuxième voyage au Canada en 1535, Jacques Cartier est le premier à décrire les bélugas. Il dit qu'ils sont " aussi blancs comme neige et sans aucune tache; et il y en a moulte grand nombre (sic) de dans ledit fleuve qui vivent entre la mer et l'eau douce. Les gens du pays (les Iroquoïens de Stadacone) les nomment adhothuys; et nous ont dit qu'ils sont fort bons à manger ".

Au premier quart du 16e siècle, les Basques viennent pêcher dans l'estuaire du fleuve et le long du littoral de la côte nord. Ils chassent la baleine et le béluga pour le lard qu'ils transforment en huile. Tout au cours du 18e siècle, les Basques sont de plus en plus présents sur les côtes de la Gaspésie pendant la belle saison. Ils partagent avec les colons leur savoir-faire en matière de pêche. Samuel de Champlain rencontre des pêcheurs basques lors de son premier voyage. Il tire d'ailleurs profit de leurs connaissances de la rive nord du Saint-Laurent. Lescarbot et Champlain décrivent la principale colonie basque de Lesquemin, maintenant appelée Les Escoumins.

Le frère Gabriel Sagard, récollet, rédige son Grand Voyage au pays des Hurons, lors de son séjour en Nouvelle-France et chez les Hurons, d'août 1623 à juillet 1624. Il raconte que, lors de leur arrivée dans les eaux canadiennes, les matelots chassaient le béluga pour diversifier le menu : " Nos matelots harponnèrent un gros marsouin femelle qui en avait un petit dans le ventre, lequel fut lardé et rôti en guise de levraut, puis mangé, et la femelle aussi, laquelle nous servit plusieurs jours; ce qui nous fut un grand régal pour être las de saline (viande ou poisson salé), qui est la viande ordinaire de la mer. "

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Inuits, pêcheurs de bélugas
1995
Territoire du Nunavik, Canada
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Crédits:
Frédéric Back
Inuits du Québec
Pastel sec, gouache sur papier Letraset, acétate dépoli

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Sculpture inuite - béluga
1948
Payne Bay, Kangirsuk, Nunavik, Canada


Crédits:
Sculpteur inconnu
Pierre à savon
Photographie : Judith Douville

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Sculpture inuite - homme chevauchant un béluga
Vers 1940
Puvirnituq, Nunavik, Canada
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Crédits:
Joe Talirulini (né vers 1893 - 1976), Sculpture en pierre à savon
Photographie : Judith Douville

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Sculpture inuite - groupe de bélugas
Entre 1940 et 1955
Territoire du Nunavik, Canada


Crédits:
Sculpteur inconnu
Pierre à savon
Photographie : Judith Douville

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Pêcheur basque
17e et 18e siècles
Fleuve Saint-Laurent, région de la Basse-Côte-Nord (Québec) Canada
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Crédits:
Illustration : auteur inconnu

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Représentation de la pêche aux marsouins ayant appartenu au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière
25 novembre 1884
Cap Martin, Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Québec) Canada
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Crédits:
Centre d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière
Dessin de M. Richard, arpenteur, encre de Chine et aquarelle sur carton blanc
Photographie : Judith Douville

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Une cinquantaine d'années après le voyage de Sagard, Jean-Baptiste Deschamps de la Bouteillerie, sieur de Boishébert, quitte Dieppe pour Québec à la fin de juin 1671, à bord de la Saint-Jean-Baptiste. Il est accompagné de deux charpentiers, deux maçons et quatre manoeuvres. Il part occuper la seigneurie promise par le roi de France, Louis XIV, qu'on lui concède finalement le 29 octobre 1672. Ses terres sont en bordure du fleuve Saint-Laurent, à Rivière-Ouelle, là où la pêche du marsouin prendra tout son sens.

En 1698, le seigneur Deschamps et Charles Denis de Vitré font leurs premières tentatives de pêche aux marsouins. Ils tendent des pêches entre les îles de Kamouraska et à Rivière-Ouelle. Les résultats sont favorables, surtout à Rivière-Ouelle. En 1701, trois marchands de Québec, Vitré, Hazeur et Peire, obtiennent le privilège de Louis XIV pour pêcher le marsouin. Ils créent une société, mais elle ne compte aucun colon en ses rangs. On connaît plus ou moins les résultats de cette société. Toutefois, on sait que les habitants de Rivière-Ouelle revendiquent le droit de pêcher sur leur terrain lorsque celui-ci est limitrophe au fleuve. Ce n'est qu'en 1705 que les colons peuvent participer activement à la pêche aux marsouins. Mais officiellement, c'est le 20 juillet 1707 qu'une première concession de pêche aux marsouins est accordée par l'intendant Raudot à six habitants de Rivière-Ouelle. Les marchands ne sont pas exclus. Ayant également des droits et privilèges, ils poursuivent leur participation à la pêche. De plus, les colons ont besoin d'eux pour la vente des produits dérivés du marsouin.

À compter de cette époque, de nombreuses pêches naissent le long du littoral entre Sainte-Anne de La Pocatière et Kamouraska. Une d'elles est bien documentée. Elle est dans la Grande-Anse, au cap Martin, et date de 1716. Le Collège de Sainte-Anne-de-La-Pocatière en sera plus tard l'un des propriétaires.

Cette multiplication des sites de pêche ne fait que répartir les prises entre les prêcheurs et accroître les litiges. Les résultats de la pêche ne rencontrent pas les espoirs des administrateurs. Il y a une correspondance impressionnante et fort instructive entre les responsables de la pêche, les intendants et le Roi de France.

Finalement, seule la pêche de la pointe de la rivière Ouelle subsiste, possiblement à cause de sa proximité avec la rivière dont l'embouchure est pleine de bancs de sable où le capelan fraie. Or les bélugas se nourrissent de capelans. Cette pêche traverse le temps et les actions se subdivisent, presque à l'infini, entre les nombreux héritiers des actionnaires.

Voilà pourquoi, le 9 novembre 1870, les copropriétaires des terrains de la pointe incorporent la " Compagnie de la Pêche aux marsouins de Rivière-Ouelle ". Son capital-actions est de 7 200 actions divisées en six. Chaque action équivaut à une perche. La pêche aux marsouins, ainsi structurée, dure quarante ans.

La pêche aux marsouins est la première pêche commerciale en Nouvelle-France. Elle incite peut-être des colons à s'établir à Rivière-Ouelle. D'ailleurs, on dit que la vie était un peu plus facile pour les premiers habitants qui avaient la possibilité de cultiver la terre et de pêcher. Réalité bien illustrée sur les armoiries de la municipalité de Rivière-Ouelle.

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Carte des rives nord et sud du Saint-Laurent sur laquelle on voit la pointe de la rivière Ouelle
24 septembre 1961
Parties des rives nord et sud du fleuve Saint-Laurent (Québec) Canada
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Crédits:
Adrien Caron, ptre
Carte : Histoire agraire et paroissiale de la Côte-du-Sud, 1961
Réédition : Société historique de la Côte-du-Sud, 1982

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Armoiries de la municipalité de Rivière-Ouelle
20e siècle
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
Municipalité de Rivière-Ouelle

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Plan d'une pêcherie à marsouin à la pointe de la rivière Ouelle, début XVIIIe siècle
Début du 18e siècle
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
BAnQ 03Q,E1, S1, P839

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Autorisation d'exploitation et concession pour pêcher le marsouin signée par l'intendant Raudot
20 juillet 1707
Québec (Québec) Canada
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Crédits:
Intendant Jacques Raudot
Photographie : Guy Duguay

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Mémoire de Boishébert détaillant les raisons des piètres résultats de la pêche aux marsouins
1726
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
BAnQ No MIKAN 3066132
Série C11A (R11577-4-2F)

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Résumé d'une lettre de Philippe Peire sur la pêche aux marsouins
18e siècle, 1730
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
BAnQ No MIKAN 3050612
Série C11A (R11577-4-2F)