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Joseph Lizotte, le père d'Émile, fit ses premières acquisitions d'actions de la Compagnie de la Pêche aux marsouins de la Rivière-Ouelle vers 1910, alors que celle-ci n'est plus exploitée. En 1922, il est enfin propriétaire unique des 7 200 perches qui constituent le capital-actions. Joseph Lizotte paie les actions 1 $ ou mieux 0,75 $ chacune.

Entre-temps, le nouvel actionnaire recommence l'exploitation de la pêche. En 1915, Émile, du haut de ses 13 ans, est jugé assez âgé pour aider son père à cette première pêche à marsouin de la famille.
C'est deux fois l'an que la pêche se fait : une première fois en mai et juin, puis une seconde aux mois d'août et septembre. En octobre, après le départ des marsouins, les Lizotte pêchent l'anguille.
L'installation de la pêche nécessite un long travail de préparation. La première étape est la coupe de 7 200 jeunes arbres d'un pouce et demi de diamètre. Les Lizotte utilisent habituellement des bouleaux, des érables et aussi ce qui est communément appelé de la plaine. La tête de ces arbres demeure ornée de leurs feuilles. Ce qui sert de perches ou de fascines est parfois bûché à plus de 50 kilomètres de Rivière-Ouelle et c'est en voiture à cheval que les déplacements se font à l'époque. Ce sont Émile et son frère Joseph qui coupent les 7 200 perches qui, une fois sorties du bois, sont empilées en lot d'environ 300 sur des remorques et ainsi rapportées à la pointe de la rivière Ouelle.

Pour être plantée, soit dans le sable, soit dans la glaise ou au travers de petites roches, et ce, jusqu'à 435 mètres du rivage, chaque perche est aiguisée. Elles sont distancées de 60 cm les unes des autres et forment un grand C, appelé aussi raccroc, totalisant plus de trois kilomètres et demi de circonférence. La partie ouverte du C s'appuie au bout de la pointe de terre à la rencontre du fleuve et de la rivière Ouelle. Lors des grandes marées d'avril, temps où le fleuve atteint à la fois ses plus bas et plus hauts niveaux, plusieurs hommes travaillent à planter les perches. Inévitablement, les planteurs de perches ne portant aucun vêtement imperméable, se retrouvent dans l'eau glacée jusqu'à la taille. Tous les printemps, cette préparation est refaite et avant la pêche de la fin de l'été les installations sont réparées.

Selon le même rituel qu'au début de la colonie, les marsouins arrivent au printemps pour se nourrir du capelan qui fraie près des bancs de sable à l'embouchure de la rivière. Trop occupés à manger, les marsouins demeurent captifs à la marée basse entre les bancs de sable et le mur formé par les perches. Effrayés par le bruit que font les perches, qui vibrent sous l'effet du vent et des vagues, il semble que très peu de marsouins se hasardent à les franchir.

Nous savons, maintenant que l'ouïe est le sens le plus développé du béluga et qu'il utilise l'écholocalisation pour s'informer sur son environnement. Au tout début de la pêche à marsouin, la technique utilisée ne découlait que d'observations visuelles de l'animal et de son comportement dans certaines circonstances.

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Le dernier pêcheur de marsouins, Émile Lizotte, raconte l'histoire de la pêche familiale
1980
Rivière-Ouelle (Québec) Canada


Crédits:
Photographe inconnu

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Émile Lizotte et son épouse, Camille Dionne, le jour de leur mariage
1930
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photographe inconnu

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Carte hydrographique, Département de la Marine et des Pêcheries du Canada
2 juillet 1923
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
Department of Marine and Fisheries of Canada, Ottawa

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Plan de la pêche à marsouin - détails de Rivière-Ouelle
25 novembre 1884
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada


Crédits:
Centre d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière
Dessin de M. Richard, arpenteur, encre de Chine et aquarelle sur carton blanc
Photographie : Judith Douville

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Certificat d'actions de la Compagnie de la Pêche aux marsouins de Rivière-Ouelle
31 décembre 1881
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO
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Crédits:
Photographie : Judith Douville

7

Perches pour la pêche "en fascines", telles que celles utilisées par Émile Lizotte
18 octobre 2008
Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Photographie : Judith Douville

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Perches formant le rond ou raccroc de la pêche aux marsouins
Vers 1920
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Centre d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (F100/728/10/7)
Photographe inconnu

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Vestige du bout d'une perche cassée dans la vase
18 octobre 2008
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
Photographie : Judith Douville

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Hommes et marsouins après la pêche
Vers 1925
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Centre d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (cf. 5616)
Photographe inconnu

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Travailleurs de la pêche plongés dans l'eau glacée du fleuve avec leurs chevaux
Vers 1925
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Centre d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (F100/728/10/1)
Photographe inconnu

12

Hommes ramenant, à marée haute, les marsouins capturés à l'intérieur des perches
Vers 1925
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Centres d'archives de la Côte-du-Sud
Fonds Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (F100/728/10/5)
Photographe inconnu

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Pointe d'esponton en fer
Fin 19e début 20e siècle
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
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Crédits:
Photographie : Judith Douville

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Deux harpons (à gauche) et deux espontons d'Émile Lizotte utilisés pour la mise à mort des marsouins
Fin 19e, début 20e siècle
Pointe de la rivière Ouelle, Rivière-Ouelle (Québec) Canada
ATTACHEMENT AUDIO


Crédits:
Vadim D. Vladykov, Études sur les mammifères aquatiques, 1944
Photographie : Vadim D. Vladykov