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Depuis les débuts des chantiers jusqu'en 1970, beaucoup de choses ont changé. Les camps de bûcherons n'offraient alors que très peu de confort et on peut parler de conditions misérables. Imaginons les énormes quantités d'eau requises pour que 60 hommes puissent faire leur toilette… Inutile de dire qu'autant d'eau n'était pas disponible. Tout au plus un chaudron d'eau froide mise à chauffer sur la truie, seule unité de chauffage du camp, à part les poêles de la cuisine. Volume insuffisant que les premiers arrivés du bois ont tôt fait d'épuiser… Les autres se lavent à l'eau froide et sommairement. Parfois, quelqu'un se chargeait de laver les vêtements, mais les conditions déficientes en terme de propreté pouvaient donner lieu à des infestations de parasites. Beaucoup de promiscuité, pas du tout d'intimité et très peu d'espace était alloué à chacun. Le soir, on joue aux cartes, on se taquine, on fait de la musique parfois ou on entretient ses outils. Tout cela dans beaucoup de fumée sans qu'aucune boisson ne soit tolérée. On se couche à 21 heures car, à 6 heures on sonne les matines et c'est le saut hors du bed.

Selon les témoignages, la nourriture semblait adéquate, compte tenu du travail colossal accompli quotidiennement. Cependant, il est arrivé qu'on doive signaler de fortes lacunes. Plusieurs hommes rompus au dur labeur ne peuvent se tromper sur ce qu'ils considèrent essentiel au menu. Ils revendiquent alors une nourriture plus variée, du beurre, du lait et des oeufs. De coutume, la soupe aux pois ou les fèves au lard sont au menu quotidien des chantiers avec autre chose au choix, mais ils appréciaient qu'en saison, des fruits et des légumes leur soient offerts. Personne n'ignore qu'un bon rendement est la conséquence d'un bon régime alimentaire.