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Reine Victoria
14 juin 1851
Ottawa, Ontario
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Reine Victoria

Les Postes canadiennes ont privilégié au cours de leurs 130 ans d'histoire la reproduction de nombreuses oeuvres d'art comme sujets de leurs timbres-poste.

Des trois figurines qui composent la première série de timbres de la Province du Canada, en 1851, deux des sujets retenus par le nouveau Postmaster General, James Morris, offraient des portraits, et oeuvres d'artistes contemporains. L'effigie de la reine Victoria s'inspirait d'une peinture de l'aquarelliste attitré à la Cour, Alfred Edward Chalon, tandis que le peintre William Drummond avait fixé sur la toile les traits du prince Albert, l'époux qui n'avais pas encore, à l'époque, le titre de prince-consort.

Par la suite, comme la mode était aux portraits plutôt qu'aux scènes picturales - comme la série du Tricentenaire de Québec allait en amorcer la tendance en 1908 --, les autorités eurent beau jeu de puiser au riche patrimoine laissé par les portraitistes du temps.

C'est seulement à l'ère édouardienne que les Grands de ce monde commencèrent à favoriser la photographie qui, en plus de ne pas déformer leur image véritable, leur épargnait les longues séances de pose exigées par les peintres.

Mais pour toutes les célébrités nées avant le vingtième siècle, les artistes peintres furent les photographes de l'époque.

La philatélie, qui puise largement à l'histoire et aime faire revivre sous nos yeux les hommes illustres de jadis, devait donc s'alimenter à profusion à cette imagerie de toile.

(*) DENIS MASSE est chargé de la rubrique philatélique au journal LA PRESSE. Auteur de multiples travaux de recherches pour les Postes canadiennes, il a été membre du Comité consultatif des timbres. Il a été en 1979-80 président de l'Union philatélique de Montréal et il a aussi organisé le premier Salon de la philatélie à Montréal.

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Sir Humphey Gilbert
3 août 1983
Terre-Neuve
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LA PHOTO PREND LE DESSUS

Sir Humphrey Gilbert

En notre ère moderne, les administrations postales retiendront de préférence les oeuvres photographiques. Dans la catégorie des portraits c'est notamment le cas, au Canada, des séries illustrant les chefs d'État, premiers ministres et gouverneurs-généraux, voire des souverains régnants, de George V à Elizabeth II, mais dès qu'il s'agit d'un personnage du passé, force est de recourir aux oeuvres peintes. Nul autre cas ne fournira meilleur exemple que le portrait de Sir Humphrey Gilbert ornant un timbre du cru de 1983.

Parfois l'oeuvre choisie fera appel à une autre forme d'art que la peinture, tels le médaillon, le bas-relief, voire l'ivoirine, le bois, le bronze ou la pierre ciselés par le burin du sculpteur.

Denis Masse

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Halifax, 1749 1949
21 juin 1946
Halifax
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Halifax 1749-1949

Pendant un certain temps, de environs de 1920 jusqu'en 1960, l'administration postale choisira volontiers des tableaux qui mettront en relief les paysages et les lieux-dits de ses séries d'usage courant (cf : le
mont Hurd, par Frederick Bell-Smith ou le yatch royal " Britania ", par le peintre de marine Arthur J.W. Burgess) ou encore des événements historiques telle la " Fondation de Halifax en 1749 " par Charles W. Jefferys.

Un grand nombre d'oeuvres d'art nous seront encore révélées par les deux longues séries consacrées aux autochtones. C'est par le biais de leur production artistique qu'amérindiens et Inuit nous feront connaître, de 1972 à 1982, leur riche culture d'origine, leurs us et coutumes.

Denis Masse

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Nativité
1 novembre 1974
Ottawa, Ontario
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Nativité

UN NOUVEAU VIRAGE ARTISTIQUE

Mais, depuis 1967, alors que la nation canadienne célébrait le centenaire de sa constitution et que les autorités postales lui faisaient cadeau de figurines décrivant le riche patrimoine pictural laissé par le Groupe des Sept, les timbres ne demandent plus aux oeuvres d'art de servir de fins commémoratives ou descriptives de lieux. Les oeuvres d'art y sont reproduites pour leur valeur intrinsèque, simplement comme reflets de l'oeuvre artistique d'un peuple, d'une école.

Ce témoignage est encore plus éloquent depuis 1969 alors que les nouvelles techniques d'impression permettent la reproduction d'oeuvres d'art dans toute la splendeur de leurs couleurs originales; les timbres s'affranchissent alors de la monochromie... et de la monotonie.

Au cours des dernières années, dans une espèce d'élan artistique voulu peut-être par l'engouement personnel du ministre des Postes, M. André Ouellet, nos administrateurs ont résolument accentué le rôle des Beaux-Arts dans la production annuelle des timbres-poste.

La présence, aussi, de grands artistes, tels Christopher Pratt, Molly Lamb Bobak et d'autres au sein du Comité consultatif des timbres-poste, a certainement joué un rôle prépondérant dans le choix d'oeuvres d'art comme sujets de nos timbres.

C'est ainsi que pour Noël 1974, quatre timbres reproduisaient des oeuvres de peintres célèbres et que cette même idée encore était reprise pour Noël 1976 (trois vitraux), pour Noël 1978 (Nativités anciennes) et Noël 1980 (Cartes de Noël anciennes produites en sérigraphies).

Le même appel était fait aux artistes pour la journée du Canada en 1982 alors qu'une planche entière de douze timbres était composée d'autant d'oeuvres artistiques réunies sous le thème du " Canada vu par ses artistes ".

Bien plus, nous avons maintenant des émissions de timbres produites avec le seul objectif de rendre hommage à des artistes de renom et dont les sujets reprennent des oeuvres marquantes. Il ne s'agit plus ici d'affecter des tableaux ou des sculptures à des usages fonctionnels. Ce fut le cas d'une série de timbres grand format qui eut un retentissant succès auprès des philatélistes en 1981, réunissant dans une même émission des peintres aussi divers que Varley, Fortin, Borduas.

Quelle merveilleuse idée aussi que d'avoir invité la fille d'un poète, Edwin John Pratt, en l'occurrence l'excellente artiste Claire Pratt à fournir l'illustration d'une de se gravures sur bois pour un timbre en hommage à l'oeuvre écrite de son père, en 1983. Parfait mariage ici de deux formes d'art d'expression, gravure et littérature.

Il n'a été question ici que des oeuvres d'art créées antérieurement aux émissions des timbres qui en diffusent l'image; la plupart de ces oeuvres peuvent être vues dans des musées, des galeries d'art ou encore se trouvent en possession de collectionneurs privés.

Denis Masse

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Couguar de l'Est
30 mars 1977
Ottawa, Ontario
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Couguar de l'Est

DES ARTISTES AU SERVICE DE LA PHILATÉLIE

Il est une toute autre catégorie d'oeuvres d'art qui ont été commandées aux artistes expressément en vue de la production des timbres.

De grands artistes canadiens ont ainsi apporté une remarquable contribution à la philatélie, témoignant d'une façon particulière de l'heureux mariage entre les timbres et l'art.

Cette contribution vient appuyer sans aucun doute l'idée souvent exprimée que les timbres sont en soi des oeuvres d'art miniatures.

Dans cette catégorie, signalons la participation de l'excellent peintre animalier Robert Bateman dont chacune des oeuvres, dans le genre particulier qu'il a choisi, suscite toujours l'admiration la plus vive. Il a signé quelques-uns des plus beaux timbres canadiens dans la série des " espèces à protéger l'extinction ".

Denis Masse

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Le Survenant
17 août 1976
Ottawa, Ontario
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Le Survenant

C'est aussi le cas du peintre québécois Antoine Dumas, certainement plus à l'aise dans des tableaux à grande surface, qui a tout de même démontré de grandes qualités d'adaptation à la mainiaturisation sur trois timbres-poste de facture très différence : le Carnaval de Québec, Mère d'Youville et une scène du " Survenant " de la romancière Germaine Guèvremont.

Denis Masse

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Constitution, 1982
16 avril 1982
Ottawa, Ontario
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Constitution 1982

QUATRE AUTRES GENRES PARTICULIERS

Cette étude ne saurait être complète sans retenir quatre autres genres fréquemment utilisés dans la création de nos figurines postales, à savoir l'art graphique, la photographie artistique, le dessin d'enfant et, enfin, les objets d'artisanat, ce que les Anglais appellent le " folk art ". Ces quatre formes d'art non négligeables nous ont fournis de multiples timbres.

Par " art graphique ", j'entends les motifs créés par des graphistes en tant qu'illustrations principales de timbres-poste, tels par esemple la composition de Friedrich Peter, de Vancouver, pour commémorer, en 1982 la nouvelle constitution canadienne ou encore la feuille d'érable à petits points de Raymond Bellemare, de Montréal, formant la trame de notre série d'usage courant actuelle.

Denis Masse