1

Partout au Bas-Canada, des corps de volontaires se forment en 1837 afin de faire échec au projet réformiste des patriotes. La paroisse et le village de Saint-Eustache n'y font pas exceptions. En raison de la présence des familles seigneuriales de la rivière du Chêne, telles les Lambert-Dumont, De Bellefeuille et Laviolette, ainsi que plusieurs grandes familles constitutionnelles comme les Globensky et les Cheval dit Saint-Jacques, une forte tendance loyale caractérise aussi le comté des Deux-Montagnes.

Le St. Eustache Loyal Volunteers

Le 27 novembre 1837, le capitaine Maximilien Globensky, un ancien milicien de Salaberry lors de la guerre canado-américaine de 1812-1814, est autorisé par le gouvernement à former une milice constitutionnelle de 60 hommes. Dans les faits, ils seront plus nombreux. Connus sous le vocable de St. Eustache Loyal Volunteers (Volontaires loyalistes de Saint-Eustache), ces miliciens sont recrutés dans la paroisse de Saint-Eustache. Maximilien Globensky dirige la première compagnie en tant que capitaine. À ses côtés, on retrouve le lieutenant Louis-Eustache Mackay, l'enseigne Eustache Cheval dit Saint-Jacques, les sergents James Marshall, Andrew Bryan et Andrew Ewing, et les caporaux William Inglis et George Doormsby. La deuxième compagnie est commandée par le capitaine Basile Choquette et le lieutenant Julien Choquette. Une cavalerie d'une dizaine d'hommes est aussi créée.

En soit, les volontaires de Saint-Eustache sont formés autant de Canadiens français que de Canadiens anglais et ce, de toutes professions. Ceux-ci demeurent en poste jusqu'en mai 1839 alors qu'ils se « transforment » en police rurale, sous la direction du notaire Frédéric-Eugène Globensky, magistrat stipendiaire à Saint-Eustache et frère aîné de Maximilien.

L'ouest du comté des Deux-Montagnes n'est évidemment pas en reste au niveau de la mobilisation loyale. Les leaders constitutionnels des cantons de Grenville et Chatham, ainsi que des villages de Lachute et Saint-André, dans la seigneurie d'Argenteuil, forment aussi leurs corps de volontaires.

Le Carillon-St. Andrews Volunteers Corps

Dès le 22 octobre 1837, avec la radicalisation du mouvement patriote qui s'opère dans le comté des Deux-Montagnes, le commandant en chef de l'armée et général John Colborne décide de déplacer un détachement régimentaire de Bytown (Ottawa) à Carillon, à l'extrême ouest du comté des Deux-Montagnes. À cet endroit, le vétéran général à la retraite Charles John Forbes leur loue un grand bâtiment de pierre qui sert de caserne aux militaires du 24e Régiment (aujourd'hui la bâtisse abrite le Musée régional d'Argenteuil).

Dans une lettre adressée au gouverneur Gosford, Colborne décrit sa stratégie pour mater la rébellion du comté des Deux-Montagnes : « […] J'ai l'intention de les attaquer à partir de deux points, Carillon et Saint-Eustache. Les colons britanniques venus de Saint-Benoît et de Chatham Hill formeront un corps de volontaires pour nous aider à rétablir l'ordre dans leur propre région ».

C'est donc dans ce contexte que le 18 novembre 1837, Colborne demande à Forbes de recruter « un millier d'hommes » en vue de « neutraliser les forces rebelles du comté de Deux-Montagnes ». En moins de deux semaines, celui-ci rassemble plus de 800 volontaires. De plus, le capitaine Donald Charles McLean de Saint-André forme une cavalerie de 65 hommes nommée The Two Mountains Loyal Volunteer Cavalry. À Lachute, le major Thomas Barron, un important constitutionnel, offre à son tour d'enrôler une centaine d'hommes dans sa paroisse : le Lachute Loyal Volunteers. De plus, on note l'existence d'autres corps de volontaires, principalement dans la seigneurie d'Argenteuil : le St. Andrews Loyal Volunteers, la Grenville Militia, le Grenville Loyal Sedentary Volunteers, le Gore Loyal Volunteers et le Chatham Loyal Volunteers. Colborne propose d'incorporer ces groupes de volontaires aux 24e Régiment, sous le commandement du major Henry Dives Townshend, alors stationné à Carillon.

Dès le début de l'automne 1837, les anglophones de l'ouest du comté craignent la mobilisation de leurs adversaires de Saint-Benoît. Telle est la situation décrite par le notaire Girouard dans une lettre à son ami Augustin-Norbert Morin en 1838. D'ailleurs, plusieurs rumeurs d'éventuelles attaques de la part des patriotes ont planées au cours de l'automne 1837.

Le 10 décembre 1837, le major Townshend est officiellement nommé commandant du nouveau Carillon-St. Andrews Volunteers Corps. Le 13 décembre suivant, à la veille de l'affrontement de Saint-Eustache, il ordonne à ses hommes de se tenir prêts à marcher sur Saint-Benoît dès le lendemain.

L'armée britannique

À Montréal, le général John Colborne prépare soigneusement ses troupes. Après la défaite de Gore à Saint-Denis, Colborne, plus soucieux, parle respectueusement des chefs du comté des Deux-Montagnes qu'il considère « les plus capables et les plus actifs de la révolte ». Le 12 décembre 1837, ses effectifs sont prêts à marcher sur Saint-Eustache.

Un rare document des Archives nationales du Canada, en date du 13 décembre 1837, nous indique précisément le nombre d'effectifs qui participent à la bataille de Saint-Eustache le 14 décembre 1837. Les troupes du général Colborne se détaillent comme suit : à savoir le 32e Régiment dirigé par le colonel John Maitland (343 soldats), le 83e Régiment sous les ordres du lieutenant-colonel Dundas (395 soldats), le Royal Regiment (403 soldats) du lieutenant-colonel George A. Wetherall, vainqueur à Saint-Charles, la Royal Artillery (89 soldats), dirigée par le major Jackson, possèdent huit pièces d'artillerie et une fusée de type Congreve, la Royal Montreal Cavalry formée de 62 cavaliers commandés par le major Eleazar David, ainsi que le Queen's Light Dragoons (33 cavaliers) dirigé par le capitaine Thomas Walter Jones. S'ajoutent aux troupes régulières le Montreal Rifle Corps ou Volunteers Loyal company (54 volontaires) dirigé par le magistrat et capitaine Pierre-Édouard Leclère ainsi que le St. Eustache Loyal Volunteers du capitaine Maximilien Globensky. Au total, plus de 1 500 hommes, sous les ordres du commandant des forces britanniques au Canada John Colborne, affronteront les insurgés à Saint-Eustache.

C'est par un temps vif et clair, aux dires de l'historienne Elinor Kyte Senior, que les troupes de Colborne quittent Montréal le 13 décembre en après-midi. « Colborne fait sensation en conduisant personnellement les troupes à Saint-Eustache ». Ses aides de camps sont ses deux fils : James, âgé de 22 ans, et Francis, âgé de 20 ans. L'itinéraire de la marche est tracé par Joseph-Vincent Quiblier, supérieur des Sulpiciens, qui lui montre le chemin le plus sûr afin de gagner le village dissident sans encombre, évitant la route directe.

À tout hasard, Colborne laisse à Montréal quatre compagnies du 24e Régiment afin de garder la ville. Craignant ainsi une éventuelle attaque, il demande aux Amérindiens de Caughnawaga de venir prêter main-forte aux hommes du 24e Régiment.

L'armée passe la nuit du 13 au 14 décembre dans la paroisse de Saint-Martin, sur l'île Jésus, à mi-chemin entre Montréal et Saint-Eustache. Vers 7h00, au matin du 14 décembre, les troupes de Colborne quittent Saint-Martin en direction de Saint-Eustache. Il est convenu que les volontaires de Globensky et de Leclère gagnent Saint-Eustache par la route directe afin de détourner l'attention des guetteurs ennemis pendant que les troupes régulières de Colborne franchissent la rivière des Mille-Îles à environ 10 kilomètres à l'est de Saint-Eustache, à la hauteur de Sainte-Rose. En ce sens, quelques-uns des ponts démolis, ou du moins affaiblis par les rebelles des Deux-Montagnes, subissent des réparations suffisantes pour permettre aux troupes de Colborne de traverser à certains endroits. Toutefois, à la hauteur de Sainte-Rose, la glace est fragile et l'entreprise devient périlleuse. Les soldats doivent se disperser en traversant sur la glace afin de ne pas concentrer un poids trop important au même endroit. La glace cède néanmoins sous le poids d'un des traîneaux de munitions que l'on extirpe de peine et de misère à l'aide de chevaux.

Selon l'historien Gérard Filteau, « une longue file de fourgons, 70 en tout, chargés de munitions, de provisions, d'outils, de matériaux propres à réparer les ponts détruits, suivait ensuite avec des manoeuvres, des charpentiers, tout un commissariat ».

Positionnés sur l'île Jésus, en arrière du village de Saint-Eustache, les volontaires loyalistes de Saint-Eustache et de Montréal seront les premiers à entrer en contact avec les insurgés à Saint-Eustache vers la fin de l'avant-midi du 14 décembre 1837.

2

Maximilien Globensky
1812

ATTACHEMENT DE TEXTE


3

Maximilien Globensky
1863
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


4

Liste des volontaires de Sainte Scholastique
1838

ATTACHEMENT DE TEXTE


5

Léon Globensky
1850
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


6

Les volontaires de Globensky
1 novembre 1887
Saint-Eustache
ATTACHEMENT DE TEXTE


7

Robert McVicar
1832

ATTACHEMENT DE TEXTE


8

Le général John Colborne
1820
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


9

Le général John Colborne (2)
1840
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


10

George A. Wetherwall
1830
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


11

Queen's Light Dragoons
1827
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


12

Queen's Light Dragoons (2)
1838
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


13

Soldat du 24e Régiment
1840
Inconnu
ATTACHEMENT DE TEXTE


14

Uniforme de la Royal Montreal Cavalry
1837

ATTACHEMENT DE TEXTE