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En 1837, le village de Saint-Benoît est le château-fort des patriotes au nord de Montréal. John Colborne qualifie lui-même le village « d'un endroit où se sont commis plus d'attentats que nulle part ailleurs depuis le début de la révolte ». À Saint-Eustache, les loyaux le qualifient de bastion rebelle imprenable.

Malgré les rumeurs persistantes du côté des autorités coloniales, les fortifications sont presque inexistantes à Saint-Benoît; quelques retranchements tout au plus. En fait, les insurgés de Grand-Brûlé s'inquiètent beaucoup plus des volontaires loyalistes de Carillon, Saint-André, Gore, Chatham et Grenville, à l'ouest du comté, que de la venue des réguliers de Montréal.

Dans l'après-midi du 14 décembre 1837, Jean-Joseph Girouard est surpris de l'arrivée subite à Saint-Benoît d'Amury Girod venant lui annoncer l'arrivée des forces britanniques à Saint-Eustache. À ce moment, Girouard se prépare à une éventuelle attaque provenant du nord-ouest, et à un encerclement au sud par l'armée de Colborne. Il décide finalement de ne pas bouger et demande aux habitants de « se retirer chez eux et à demeurer tranquilles après avoir fait disparaître leurs armes et leurs munitions ».

Lors d'une réunion improvisée chez Girouard, plusieurs citoyens lui conseillent de chercher son salut dans la fuite, ce qu'il fait en apprenant la chute de Saint-Eustache, mais non sans avoir insisté pour demeurer auprès de ses hommes. Lorsqu'il apprend l'arrestation de la plupart de ses amis Dumouchel et Masson, il se livre lui-même au colonel John Simpson à Coteau-du-Lac sur la presqu'île de Vaudreuil.

Au matin du 15 décembre 1837, John Colborne et ses troupes quittent Saint-Eustache. Sur la route du Grand-Brûlé, ils rencontrent 14 hommes de Saint-Benoît munis d'un drapeau blanc envoyés par le curé d'Oka Nicolas Dufresne afin de présenter la reddition des habitants de Saint-Benoît, Saint-Hermas et Sainte-Scholastique. Après une brève discussion, le général assure d'incendier le village de Saint-Benoît si les résistants refusent de déposer les armes. Le groupe s'empresse de revenir au village afin de dissuader les plus déterminés. À son arrivée à Saint-Benoît, l'état-major de Colborne s'installe en partie dans la maison de Girouard dans laquelle il trouve quelques correspondances incriminantes, notamment avec Louis-Hippolyte La Fontaine.

Pendant ce temps, le major Townshend, en provenance d'Argenteuil, se dirige vers Saint-Benoît à la tête de 150 réguliers et de 300 à 400 volontaires loyalistes. De plus, le groupe traîne à leur suite deux pièces d'artillerie. Le major emprunte le chemin longeant la baie de Carillon afin d'éviter les retranchements des patriotes non loin de la Côte-Double. Chemin faisant, les volontaires pillent et incendient quelques résidences.

Le Carillon-St. Andrews Volunteers Corps arrivent à Saint-Benoît le 15 décembre vers 13h00, un peu après les troupes de Colborne. Le village ayant déposé les armes, Colborne ordonne aux volontaires d'Argenteuil de rentrer chez eux, mais puisque la nuit tombe, ils sont autorisés à demeurer au village. Les hommes de Townshend prennent donc leurs quartiers dans les différentes résidences ainsi que dans l'église paroissiale.

Avant son départ pour Montréal au matin du 16 décembre, Colborne ordonne l'incendie des maisons des leaders patriotes de l'endroit, à savoir celles des notaires Jean-Joseph Girouard et Ignace Raizenne, du marchand Jean-Baptiste Dumouchel et du docteur Luc-Hyacinthe Masson. Ce qui est fait. Toutefois, 89 édifices seront brûlés au matin du 16 décembre 1837. L'église elle-même est incendiée à trois reprises; les deux premières tentatives échouant par l'intervention in extremis de quelques soldats.

D'après Alfred Stikeman, un des volontaires d'Argenteuil, le général « Forbes lui-même se trouvait avec Colborne et son état-major quand le village fut incendié. Ensemble, ils regardèrent toutes les troupes galoper au milieu des flammes […] chacun saccageant, s'emparant du butin, volant des chevaux, des meubles, des voitures, etc ».

Townshend écrit lui-même un rapport des incendies à l'égard de Charles Gore le 18 décembre 1837 : « Avant mon départ de Grand-Brûlé, on a mis le feu à presque toutes les maisons de la ville, ainsi qu'à l'église, à la maison du curé, etc. Je n'ai épargné aucun effort pour sauver tout ce qui pouvait l'être, mais il était impossible de refréner les irréguliers auxquels nous avons fait appel, et qui ont toujours été, selon moi, les instruments du châtiments. Ce sont eux aussi, qui ont incendié deux maisons sur la ligne de marche ». Ce rapport est vu par plusieurs historiens (et le général Colborne) comme étant la preuve que l'incendie de Saint-Benoît est due aux volontaires loyalistes d'Argenteuil.

Finalement, les volontaires furent accusés de s'être livrés au pillage à leur retour dans la seigneurie d'Argenteuil. Le même Stikeman ne nie pas les faits « déclarant toutefois qu'ils avaient suivi l'exemple des troupes régulières ». Enfin, Colborne ordonne au 32e Régiment et à un détachement du Queen's Light Dragoons de faire une tournée des villages dissidents du comté, afin d'y rétablir l'ordre au besoin.

2

Curé Étienne Chartier
1860
Inconnu
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3

Reddition des patriotes de Saint Benoît
28 décembre 1887
Saint-Benoît
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4

Le sac de Saint Benoît
5 juillet 1890
Saint-Benoît
ATTACHEMENT DE TEXTE


5

Arrestation d'une patriote
21 janvier 1888
Saint-Benoît
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6

Ruines du village de Saint Benoît
1838
Saint-Benoît
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