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Contrairement à la croyance populaire, la rébellion de 1837 dans le comté des Deux-Montagnes (et Richelieu) n'en était pas une. Les termes « rébellion » et « insurrection » traduisent inévitablement un aspect offensif de la part des patriotes. 1837 est donc, par définition, une résistance (défensive) à une vaste opération policière menée par les autorités coloniales.

Les rébellions de 1837-1838, comme leurs noms l'indiquent, ne s'arrêtent pas à la résistance de 1837. 1838 est une véritable insurrection. Menée par le docteur Robert Nelson (frère cadet du vainqueur à Saint-Denis), celle-ci tire son origine des insurgés ayant fuit dans les petits villages frontaliers américains à la suite de leur implication dans les troubles de 1837. Cette rébellion est caractérisée par de petites incursions dans divers villages sur la rive sud de Montréal tels Odelltown, Napierville, Lacolle, Beauharnois, Châteauguay, Sainte-Martine, qui résultent en quelques escarmouches ou affrontements.

Si l'on se fie au bilan qualitatif et quantitatif des rébellions de 1837-1838 de Gilles Laporte, on dénombre respectivement 7 000 et 7 750 combattants en 1837 et 1838, 3 000 patriotes réfugiés aux États-Unis, 325 décès sur les champs de bataille, 99 condamnés à mort, 58 exilés en Australie, 8 exilés aux Bermudes, 12 pendus, 3 villages anéantis, une suspension de la constitution et des libertés civiles pour 4 ans et 1 400 prisonniers qui, sur une population de 630 000 habitants au Bas-Canada, équivaut lors des événements d'octobre 1970, à l'incarcération de 12 500 personnes, soit 30 fois plus, faisant ainsi des rébellions de 1837-1838 la plus grande opération militaire de l'histoire du Québec et, à coup sûr, d'une véritable guerre civile.

Anéantis en 1837, le comté des Deux-Montagnes se tient tranquille l'année suivante. Pour cause, on y dénombre plus de 200 arrestations à la suite de la campagne sur Saint-Eustache, plus de 70 à 80 décès lors de la bataille du 14 décembre 1837 et plus de 600 réclamations par des habitants du comté ayant subis des dommages à leurs biens et propriétés en raison du passage des troupes régulières et volontaires, ou tout simplement par cause de déprédation des patriotes. D'ailleurs, les réclamations du comté des Deux-Montagnes totalisent plus de la moitié de l'ensemble de toutes les demandes à la Commission des Pertes au Bas-Canada.

Contrairement aux autres comtés bas-canadiens, « […] les haines interpersonnelles transcendent même l'appartenance ethnique » dans Deux-Montagnes selon Gilles Laporte. Cette rancune individuelle s'observe dès l'élection de Jean-Joseph Girouard en 1831. Selon La Minerve du 26 décembre 1831, après un virulent discours, ce dernier ajouta « quelques mots pour recommander l'union et l'oubli des haines et animosités personnelles ». Aussi, peu de temps après son arrivée dans le comté républicain, Amury Girod est à même de constater cette dynamique houleuse. Dans son Journal, le Suisse militant décrit en ces termes les visées du chef patriote : « Chénier ne pensait qu'à se venger de ses ennemis de la Rivière-du-Chêne et il déclara qu'il ne ferait rien d'autre ».

Durement affecté pour sa part, le village de Saint-Eustache, jusqu'alors le pôle artistique et intellectuel par excellence au nord de Montréal, perdra sa vocation au profit de villages comme Terrebonne qui connaîtra une importante croissance démographique et économique. Néanmoins, Saint-Eustache est encore aujourd'hui le lieu qui « restitue le mieux le climat de 1837-1838 ; véritable creuset identitaire où, l'espace d'une bataille, se sont cristallisées les convictions et les passions de tout un peuple ».

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Réclamation de William Henry Scott
1846

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3

Prison au Pied du Courant en 1837
1837
Montréal
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4

Pendaison des patriotes le 15 février 1839
1839
Montréal
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5

Lord Durham
1840

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6

Maquette d'une statue de Chénier
1894

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7

Monument en l'honneur de Chénier
Août, 2005
Saint-Eustache
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