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La ferme-école des Trappistes repose sur la venue d'un groupe de moines Cisterciens de Bellefontaine en France qui s'établissent sur 1000 acres de terre en bordure du Lac des Deux-Montagnes en 1881. Ils ont obtenu ce domaine d'Oka à la condition d'y établir une ferme modèle et de se consacrer à la formation des jeunes agriculteurs.

Considérés comme des experts dans le domaine agricole, les Trappistes ne tardèrent pas à organiser leur ferme modèle et leur école d'agriculture. Après le départ de Cyrille Gagnon et de sa famille du moulin, les moines occupèrent la vénérable construction et commencèrent à recevoir quelques élèves. Les trois premiers leur avaient été adressés par le Soeurs Grises de l'Institut d'Youville de Saint-Benoît. Quand les religieux prirent possession de leur premier monastère en pierre, on transporta l'école dans le vieux monastère de bois. Le vieux moulin n'abrita donc l'école d'agriculture que de 1887 à 1893. Et dans la nuit du 2 juin 1895, le moulin plus que centenaire fut la proie des flammes.

Ainsi donc, dix ans après leur arrivée, la ferme des Trappistes comporte entre autres 258 acres en bois, 464 en préparation, défrichés mais non suffisamment épierrés, 248 en culture, 30 en potager et en pépinière. La ferme est divisée en huit soles et la rotation adoptée est la suivante : première année, fumure avec plantes sarclées ; deuxième année, céréales ; troisième et quatrième années, fourrage ; durant les trois autres années, pâturage ; enfin, la huitième année, céréales. Il y aura donc, par an, près de 6/8 de la terre en fourrage et pâturage. Cette gestion de la ferme permet de nourrir convenablement des troupeaux de 100 à 150 bêtes à cornes, 30 à 40 chevaux et 200 cochons.

On retrouve sur la ferme des étables spacieuses, une porcherie, une scierie, une forge, une boutique de charronnage, une boulangerie, une beurrerie, une fromagerie et un moulin à farine ainsi qu'un rucher de 100 ruches. À la ferme-école, l'esprit de la recherche scientifique est très présente car au verger, on isole une pomme «Reynauld» ; au vignoble, un «Campion d'Oka», probablement un croissement entre le Concord et quelque espèce sauvage ; au potager apparaîtra le «melon d'Oka» et au poulailler, la «Chantecler».

La beurrerie atteint une production de 45 000 livres de beurre. À la fromagerie, on commence à fabriquer un «Port-du-Salut canadien» qui rivalisera avec celui de la France: le fromage Oka occupe rapidement une place importante sur le marché. La culture fruitière s'y pratique sur une grande échelle. En pépinière, on compte des poiriers, pruniers et framboisiers, 100 000 pommiers, 10 000 groseilliers et 5 000 pieds de vigne ! À la demande du gouvernement, les Trappistes distribuent plus de 100 000 greffes de pommiers à travers la province, dont un bon nombre aux abords immédiats du monastère et dans les villages voisins.

L'Abbaye abrite une véritable ferme-école modèle où l'on vient puiser conseil et inspiration. La renommée et l'expertise de la ferme-école se confirment par de nombreux articles élogieux dans différents quotidiens et notamment dans le Journal de l'Agriculture.

Références :

Les archives de l'Abbaye Notre-Dame-du-Lac

Les archives de l'Université de Montréal

Ouvriers de la parole, 1881-1981
Abbaye Notre-Dame-du-Lac
Par Frère André Picard, o.c.s.d et Père Jean Doutre, o.c.s.d
Ateliers des Sourds, Montréal (1978) Inc.

L'Institut d'Oka, Cinquantenaire 1893-1943
Par Père Louis-Marie, o.c.r, 15 juin 1944

La Trappe d'Oka (son histoire depuis sa fondation, en 1881, jusqu'à nos jours)
Par Camille-Antonio Doucet
Les Presses Élite Inc, 15 mai 1979