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Le Franco-Canadien, qui connaît des débuts modestes et tumultueux, doit faire face à la concurrence de journaux d'allégeance conservatrice qui ne sont pas sans avoir souffert aussi de luttes internes. Dès 1879, La Voix du peuple, un organe conservateur, est publiée le vendredi par Roy Frères, ses éditeurs-propriétaires. L'hebdomadaire de 32 colonnes, comme il s'affiche, se présente comme " le plus grand journal de la puissance ". Il déclare avoir des représentants autorisés à recevoir des abonnements dans plusieurs villes de la Nouvelle-Angleterre. Selon sa publicité, sa circulation dépasse 2900 copies dans le district d'Iberville, les Cantons de l'Est et les États-Unis. La publication traite de politique, de commerce, d'agriculture, mais toujours dans une optique favorable au Parti conservateur. Charles Ouimet en est le rédacteur. S'il contient de la publicité de marchands et professionnels locaux, le journal comporte peu de nouvelles locales mais, en revanche, il reproduit des nouvelles américaines et européennes.

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Journal L'Écho d'Iberville
6 février 1952
Iberville (Québec), Canada


Crédits:
Société d'histoire du Haut-Richelieu

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Malgré un lectorat réduit dans la région, une autre publication de tendance conservatrice voit le jour le 17 janvier 1880. L'Écho d'Iberville, propriété des éditeurs Leprohon et Compagnie. Ce journal paraîtra jusqu'au 30 juin 1882 alors qu'il fusionne avec La Voix du peuple pour créer Le Protectionniste. Propriété des mêmes frères Roy et rédigé par N. H. Beaulieu, ce journal plaide pour les tarifs protectionnistes comme l'annonce son nom. Il n'aura pas la vie longue et fermera ses portes en 1883. Comme les autres hebdomadaires de l'époque, L'Écho d'Iberville est une publication de 4 pages. " L'intérêt du pays avant tout " est sa devise. L'Écho se définit comme un " journal agricole, commercial et d'annonces ". À l'image des autres journaux régionaux du XIXe siècle, L'écho d'Iberville présente des sujets aussi variés que les publications de Québec et de Montréal. Toutefois, sa typographie est peu élaborée.

Publié le samedi matin, L'Écho déclare vouloir soutenir le Parti conservateur. Et pour remplir son rôle de journaliste, le rédacteur s'inspirera de l'Église catholique. Comme les autres journaux régionaux d'époque, L'Écho fait place aux nouvelles de pays étrangers, particulièrement celles de Londres et des États-Unis. Mais L'Écho fourmille aussi de petites informations dites " notes éditoriales ".

De la publicité se cache souvent derrière une nouvelle. Dans l'édition du 25 juin 1881 de L'Écho d'Iberville nous pouvons lire " Si vous n'avez pas de chapelets, hâtez-vous d'aller chez M. E. Arpin faire votre choix tandis qu'ils sont bon marché. M. Arpin a reçu cette semaine pas moins de 5000 chapelets directement de France, ainsi qu'un assortiment de bénitiers, crucifix, le tout à bon marché. " Ou encore cette publicité qui fait sourire plus d'un siècle plus tard : " Achetez vos munitions de chasse chez E. Arpin à Saint-Jean, si vous aimez tirer pour tuer ". Quant aux pubs qui font place à des illustrations, elles sont vendues à un tarif de 4 ¢ par ligne.

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Journal L'Alliance
30 mars 1883



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Journal Le Protectionniste
7 juillet 1882
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada


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Société d'histoire du Haut-Richelieu

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Journal La Voix du peuple
13 août 1880
Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec), Canada


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Société d'histoire du Haut-Richelieu

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Le 30 mars 1893, un autre journal conservateur voit le jour : L'Alliance qui publiera jusqu'au 23 février 1894. Le propriétaire en est La Compagnie de publication L'Alliance. Il se prononce contre la sécession du Québec du Canada. De présentation semblable à ses prédécesseurs, le journal d'un feuillet, monté sur 7 colonnes par page, propose un feuilleton à la une. Il n'y a jamais de grandes manchettes et seules les annonces publicitaires ont droit à des titres sur 2 colonnes et des caractères plus gros. Le journal n'en constitue pas moins une mine de nouvelles locales. Il veut défendre la classe agricole et enrayer l'émigration. Pour ce faire, L'Alliance préconise 2 solutions : l'organisation des cercles agricoles et la colonisation des régions fertiles. Même s'il prêche la bonne entente, cela n'empêche pas l'hebdo conservateur de s'attaquer fréquemment à son rival, le vieux Franco comme il l'appelle. Dans son dernier numéro du 23 février 1894, L'Alliance traite Le Franco-Canadien de feuille insignifiante.