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De Joséphine Marchand à Rina Lasnier en passant par Jeanne Grisé-Allard, des femmes ayant connu la renommée littéraire, ont fait leurs premières armes à la rédaction des journaux du Haut-Richelieu.

Même si les journaux demeurent longtemps un monde d'hommes, particulièrement les salles de rédaction, les femmes ne sont pas absentes des publications des siècles passés. Leur contribution est souvent anonyme comme celle des nombreuses correspondantes de village travaillant bénévolement pour le simple plaisir d'écrire et d'être publiées.

Par ailleurs, derrière les pseudonymes de Josette, Nielle des Blés, Pimprenette, Ninon, Goutte de miel, Berthe d'Iberville, Verveine Alice Ber se cachent aussi des femmes qui rédigent des textes et des chroniques.

Si les femmes sont aujourd'hui nombreuses dans le milieu journalistique, c'est grâce à toutes ces pionnières qui leur ont ouvert la voie. Plusieurs collaboratrices anonymes mais également des femmes qui ont fait carrière dans le domaine public. Portons notre regard sur certaines d'entre elles.

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Rina Lasnier

ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Société d'histoire du Haut-Richelieu

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Joséphine Marchand



Crédits:
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, collection Livernois

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Dès la fin du XXe siècle, Joséphine Marchand écrit dans le journal de son père, Le Franco-Canadien. Elle signe Josette, Josephte, Météor ou encore Marie Vieuxtemps. Elle commence à écrire en 1878 alors qu'elle n'est qu'une adolescente. De 1879 à 1891, elle publie des contes et des nouvelles dans le journal de Saint-Jean. Elle devient une des premières femmes canadiennes-françaises, sinon la première, à faire sa marque dans le journalisme au Canada. Ses premiers textes dans l'hebdomadaire de Saint-Jean lui permettront de faire l'apprentissage de l'écriture et de fonder, en 1893, à Montréal, sa propre publication, Au Coin du feu, la première à être dirigée par une femme au Canada. Elle signe du nom de "Mme Dandurand" d'autres textes publiés dans Le Canada Français des années 1910.

Issue d'une famille où la lecture et l'écriture sont encouragées, Joséphine Marchand a un accès privilégié au journalisme grâce à son père et à son frère, tous deux liés au journal johannais. De plus, dès son enfance, elle côtoie des hommes politiques éminents. Son milieu de vie favorise ainsi son implication dans le milieu journalistique à une époque où les femmes ont rarement accès aux journaux dits " politiques ".

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Jeanne Grisé Allard



Crédits:
Le Canada Français

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Bien que la majorité des femmes ait un simple rôle de correspondantes et de chroniqueuses, certaines décrochent des postes plus importants. C'est le cas de Jeanne Grisé, une jeune femme de 25 ans de Saint-Césaire. En 1929, elle déménage à Saint-Jean à la demande de Perrier pour travailler au Canada Français. Déjà, l'année précédente, elle faisait paraître des textes poétiques sous le pseudonyme de " Goutte d'eau ". Lors du décès de Louis-Omer Perrier en 1958, le journal se tourne vers Jeanne Grisé pour écrire l'hommage.

Sollicitée par le journal La Patrie, de Montréal, Mme Grisé quitte son premier poste à la rédaction du Canada Français l'été 1935. Son nouveau défi : assumer la direction des pages féminines " Le Royaume des femmes ". Elle fait carrière en journalisme écrit mais aussi comme animatrice-radio à CHLP( poste de radio de Montréal de 1932 à 1957) où elle est connue pour "Le Courrier de Jeanne". Elle fait aussi de la télévision. Elle collabore sous le nom d'Alice Ber au périodique Le Bulletin des agriculteurs durant plusieurs années. Elle écrit quantité de billets dans plusieurs journaux québécois tels Le Courrier de Saint-Hyacinthe et La Revue de Granby mais aussi dans des magazines. Elle publie notamment ses poèmes et des recettes de cuisine.

Sous la signature de Goutte d'eau, on reconnaît donc Jeanne Grisé dans la page "Au jardin des femmes" publiée dans Le Canada Français des années 1930. Elle y livre ses réflexions et publie des poèmes. La page "À lire près du foyer" suivra dans les années 1935-1940. Les signatures de Fragile, Papillon rose, Brette et d'autres apparaissent aussi dans la page féminine offerte aux lectrices de l'époque. Une chronique "Pour vous, aimables lectrices" précède cette page féminine et dès le mois d'août 1905, la page Foyer est susceptible d'intéresser spécialement les femmes.

Madame Grisé Allard décède octogénaire en 1997 après une longue carrière dans les médias.