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À la mort de son grand-père, Louis-Omer Perrier, en 1958, Yves Gagnon, jeune avocat, entreprend une carrière improvisée en journalisme. Pour éviter que le journal ne tombe entre les mains des conservateurs, la succession Perrier lui demande d'assumer la responsabilité du Canada Français pour un an. Mais Gagnon prend goût au métier et reste. Il affiche son indépendance d'esprit. À l'élection de 1960, il ne plie pas aux menaces physiques pour l'amener à s'aligner du " bon bord ".

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Yves Gagnon



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Le Canada Français

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Père du Canada Français moderne, Gagnon est membre fondateur du Conseil de presse du Québec. Président de l'Union canadienne des journalistes de langue française, il devient vice-président de la Fédération internationale des journalistes de langue française en 1965-1966. Il est aussi vice-président (pour le Québec) du Canadian Weekly Newspapers Association en 1962 et président des Hebdos du Canada en 1968-1969 et en 1969-1970.

Yves Gagnon participe en 1970 à la mise sur pied du programme de journalisme de l'Université Laval dont il est le directeur les 3 premières années. Détenteur d'une maîtrise en communication de l'Université de Stanford (Californie) où il a complété sa scolarité de doctorat, il est professeur agrégé à l'Université Laval quand il prend une semi-retraite en 1982. Il meurt en 1986.

En prenant la relève à la tête du Canada Français en 1958, Yves Gagnon n'a pas un seul journaliste permanent à son emploi. Il écrit ceci à l'intention des lecteurs : " Votre journal est d'allégeance libérale, indépendante, et n'est et ne sera jamais, nous l'espérons, un journal neutre. Nous avons toujours en vue l'intérêt de nos concitoyens et le bien-être de notre région ". Souscrivant aux grandes réformes de la Révolution tranquille, il s'inscrit d'abord sur le plan politique dans la continuité libérale au début des années 1960, mais il n'hésite pas par la suite à appuyer des positions plus souverainistes.

Gagnon choisit de miser sur la qualité de l'information pour gagner la bataille de la concurrence avec l'hebdomadaire Le Richelieu et le quotidien La Voix de l'Est vendu alors en kiosque à Saint-Jean. Il fait du Canada Français le journal du Haut-Richelieu.

La solidité de la page éditoriale établit la réputation du journal. Dans un de ses éditoriaux toujours d'actualité, Gagnon traite du rôle de l'hebdomadaire régional qui doit demeurer " en disponibilité d'opposition ". Pour lui, le journal est dévoué aux intérêts de la région. La publication fournit davantage que de la simple information : elle éclaire le lecteur. Le journal a également un rôle de combat, c'est-à-dire qu'il doit défendre le bien commun, peu importent les individus et les groupements concernés.

En 1964, Yves Gagnon fonde la compagnie Les Éditions Le Canada Français limitée et s'adjoint des collaborateurs, dont Robert Paradis au poste de chef de l'information. Ce dernier devient par la suite son associé en affaires et assume à compter de 1970 la direction générale du journal puis la présidence de la compagnie, à la mort de Yves Gagnon en 1986. Jusqu'à ce jour, le journal est resté la propriété d'intérêts locaux, indépendants et échappant aux tentacules des grands conglomérats de presse.

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Robert Paradis



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À partir des années 1960, tout comme le Québec, le journal vit sa propre Révolution tranquille bâtissant sa crédibilité sur l'information et sa page éditoriale. Son contenu rédactionnel se diversifie. Il devient l'hebdomadaire régional le plus important du Québec tant par son tirage, son volume que par l'importance de sa salle de rédaction. Relique du XIXe siècle, le nom du Franco-Canadien disparaît du bandeau de la page frontispice en 1964. En octobre 1966, Le Canada Français participe à la création du groupe des Hebdos A-1.