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De publication d'allégeance clairement libérale durant plus d'un siècle après sa fondation, Le Canada Français continue, en 1960, à soutenir le programme de Jean Lesage et de la Révolution tranquille non par esprit partisan, mais par conviction. Par la suite, il soutient les candidats du Parti québécois dès l'élection d'avril 1970 et pendant les scrutins successifs jusqu'à la victoire du Parti québécois en 1976 alors que le journal s'affiche comme résolument indépendantiste.

Durant la crise d'octobre, l'éditeur Yves Gagnon qualifie de fanatiques les felquistes qui ont enlevé le ministre Pierre Laporte et l'attaché commercial britannique James Cross. Il écrit par contre que le manifeste du FLQ donne matière à réflexion. Quand Pierre Laporte est assassiné, il analysera qu'il a été victime du fanatisme et de la raison d'État.

Au référendum de 1980 sur l'avenir politique du Québec, le journal est un des seuls médias québécois reconnus à prendre position pour le oui. Il réitère cette position au référendum de 1995 et rejette par ailleurs l'Accord de Charlottetown en 1992. Mais le journal n'offre jamais d'appui inconditionnel à un parti depuis les années 1960. Ainsi à l'élection partielle provinciale d'octobre 1994, le journal brise la tendance des dernières années en accordant plutôt son vote au candidat libéral Michel Charbonneau pour la qualité de l'homme. Sur la scène fédérale, le journal est favorable à l'arrivée du Bloc québécois et de Lucien Bouchard qui obtient aussi son soutien en gagnant le champ provincial. Par la suite, l'hebdomadaire se questionne sur l'existence et la pertinence du rôle du Bloc québécois à Ottawa.

Aujourd'hui, sa position éditoriale est plus conjoncturelle et peut varier en fonction de la qualité des candidats en lice. Le Canada Français demeure tout de même un journal de tendance nationaliste.