ON Y ENTRE COMME DANS UN MOULIN!

Par sa nature, le moulin est d'abord et avant tout un lieu de commerce. On y règle différentes transactions, on y calcule les redevances dues au seigneur ou au meunier, selon le cas. De plus, comme tout un chacun s'y rencontre, c'est aussi l'occasion pour les cultivateurs de troquer entre eux du bétail, des équipements agricoles ou des denrées diverses. Et pourquoi ne pas en profiter pour sceller une promesse de mariage ?

ON Y ENTRE COMME DANS UN MOULIN! (suite)

Étant donné la concentration d'activités en ce lieu, il peut également se faire le théâtre de conflits. Le moulin de la seigneurie de Tonnancour est banal, c'est-à-dire que les cultivateurs ont l'obligation d'y faire moudre leur grain et d'en céder une portion à leur seigneur. Cette situation est à la source de plusieurs litiges lorsque des censitaires se montrent mécontents du travail du meunier ou le soupçonnent de retenir plus que sa juste part. La méfiance vis à vis des meuniers perdure même après l'abolition du régime seigneurial au milieu du 19^e siècle, et leur honnêteté est parfois mise en cause.

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Malgré cela, l'atmosphère du moulin est généralement à la fête, puisqu'il s'agit surtout d'un lieu de réunion. En attendant que le grain soit moulu, on prend des nouvelles de ses voisins éloignés et, bien sûr, on chuchote les derniers ragots. Comme plusieurs ont parcouru une longue route, ils séjournent sur place et les conversations s'éternisent. Il n'est pas rare que des réjouissances improvisées s'étirent toute la nuit, surtout si le groupe recèle des talents de musiciens ou de conteurs. Il n'est alors pas étonnant que certains moulins ferment leurs portes aux femmes, par crainte qu'elles y entendent des propos inconvenants pour leurs chastes oreilles ! Le meunier est tout de même responsable de préserver un semblant d'ordre dans ce rassemblement d'hommes échauffés, afin d'éviter les bagarres et les excès de toutes sortes.