Lettre intégrale écrite par les filles de Dr Théophile Côté.

"Des témoignages nombreux laissent croire que la vie professionnelle de notre père le docteur Théophile Côté fut un exemple de réussite. Ce dentiste hors pair a su allier, à sa pratique privée de médecine dentaire, une vie académique féconde et fort apprécié^ar ses collègues et ses étudiants de l'Université de Montréal.

Théophile Côté naît le 16 décembre 1887, à Saint-Paul-de-la-Croix, comté de Témiscouata. Cadet d'une famille de six enfants, il grandit sur la ferme familiale. À la fin de ses études classiques, afin de répondre au désir de ses parents qui rêvent pour lui de la prêtrise, il entreprend des études en théologie pendant quatre ans au séminaire de Rimouski. Sur le point d'être ordonné prêtre et à rencontre du rêve de ses parents, il décide que le sacerdoce n'est pas pour lui. Il quitte le giron familial vers sa vingt-cinquième année, s'amène à Montréal et s'inscrit à la Faculté de Médecine dentaire de l'Université Laval. À cette époque, les locaux de la Faculté se trouvaient à l'intersection des rues St-Hubert et de Montigny (devenue depuis le boulevard de Maisonneuve). Le jeune Théophile n'est pas riche; il se trouve un emploi de nuit au bureau de poste afin de se procurer l'argent nécessaire pour se loger et payer ses études. Les années de formation à l'Université confirment son choix: la profession de chirurgien dentiste l'intéresse au plus haut point; il en fera une carrière.

Nous sommes en 1917. Avec son diplôme de chirurgien dentiste en poche, le docteur Côté s'installe un cabinet privé et reçoit des patients. Mais, l'enseignement de la médecine dentaire l'attire; il entreprend des démarches en ce sens et, à partir de 1919, il partagera son temps entre son cabinet privé (où il reçoit ses patients le soir et les fins de semaine) et ses fonctions de professeur à l'Université de Montréal. Tour à tour professeur de matière médicale, de "couronnes et ponts" et de prothèse, il accède au poste de chef du service clinique de couronnes et ponts, devient attaché au service de dentisterie opératoire et de radiographie. Membre du conseil de la Faculté, il fut assistant-directeur puis directeur des études durant de nombreuses années. Ayant consacré une grande partie de sa vie à l'enseignement, il a laissé dans la mémoire de plusieurs générations d'étudiants l'image du professeur éclairé, dévoué et sympathique.

Le 12 juillet 1920 il épouse notre mère Oliva Paradis; ils auront sept enfants, six filles et un garçon. Cet époux et ce père sera un homme humble, discret, intelligent; il devient mélomane averti, s'intéresse à l'opéra, se passionne pour la philatélie et l'horticulture pendant nos vacances estivales à Bois-des-Filion.

Le 6 juin 1945, après vingt-huit ans de pratique et vingt-quatre ans d'enseignement, il décède chez nous d'un cancer à l'estomac.

Moins de deux ans après sa mort, des chirurgiens dentistes auxquels le docteur Côté avait enseigné, se cotisent et défraient le coût d'une plaque en laiton massif à l'effigie de leur professeur. La plaque fut dévoilée le 30 janvier 1947, en présence de notre famille et des amis du docteur Côté, ainsi que du recteur, du vice-recteur et du trésorier de l'Université; des professeurs et des étudiants de la Faculté assistaient également à la cérémonie. La plaque sera apposée au mur du hall de la Faculté de Médecine dentaire.

"C'est avec infiniment de plaisir, a dit Mgr Maurault, que l'Université de Montréal accepte le don des anciens élèves de la Faculté de Chirurgie dentaire. Je les félicite de leur geste généreux et je crois que cette initiative sera féconde". Le recteur souligna ensuite que c'était la première plaque commémorative apposée sur les murs de l'Université et il complimente les donateurs d'avoir choisi l'image du docteur Côté, qui s'est distingué pendant toute sa carrière par son dévouement à l'Université et sa compétence.

Le souvenir que nous gardons de notre père est celui d'un être aimant, dévoué, intelligent, sévère mais juste, ayant mené une vie exemplaire de dévouement et de travail compétent, il nous a quittées trop tôt.

Ses filles Lucille, Claire, Gabrielle et Fernande"