1

Le répertoire québécois

Le Brandy Frotté est un bel exemple de danse traditionnelle portée sur scène. Il en est ainsi pour le Valse Lancier. La Danse du Capitaine connaît quelques légères adaptations pour la scène.

À l'origine, la Danse des Balais se danse en solo. Puis se construit une chorégraphie en multipliant le nombre de danseurs participants. Le Cotillon du Saguenay est une création. Fait inhabituel, il est gigué. La Shakapoine, danse d'origine métis, dont la première création est de Guy Thomas, fait partie d'un ensemble de rituels que nous retrouvons dans toutes les cultures : c'est un métissage de poésie, de théâtre, de danse imitative, de célébrations festives, de cycle de la vie avec l'alternance de la mort et de la résurrection. Dans la Shakapoine, c'est l'aspect festif qui prédomine dans cette danse imitative.

Le Canot magique, c'est un spectacle qui nous fait à la fois voyager dans le passé, dans le monde urbain, dans le monde rural et dans le monde des légendes. Le folklore, ce n'est pas seulement la danse traditionnelle rurale. C'est également la musique, la culture urbaine, les contes et légendes, autant d'éléments qui peuvent être utilisés pour la scène. C'était cette orientation que je donnais de plus en plus à la troupe que je dirigeais.

La gigue

Les Sortilèges avaient un répertoire de gigue très riche. La journaliste Linde Howe-Beck nous a jadis comparés aux Rockettes. "Les Sortilèges ne sont pas seulement une compagnie de folklore - c'est une des meilleures au monde. Les danseurs nous divertissent dans le sens le plus pur du terme, célébrant la jeunesse, l'énergie et le plaisir avec la précision des célèbres Rockettes de New York." - The Gazette, 1984

2

1. La Shakapoine

Voici le résumé de la longue histoire de cette chorégraphie:

Dans le programme du spectacle annuel présenté à l'auditorium Le Plateau en mai 1977, j'écrivais:

«La pantomime est présente dans tous les pays depuis les temps les plus reculés. Toutefois, les explorateurs de l'Amérique du Nord furent étonnés de voir plusieurs tribus indiennes pratiquer diverses danses mimées dont le thème était déjà connu de l'Ancien Monde...»
(Claude Lévi-Strauss ne dit-il pas que l'on peut ramener tous les mythes à sept ou huit motifs fondamentaux - sept ou huit histoires, racontées différemment, pour construire tout le folklore du monde ? Dès lors, il n'est pas étonnant de voir surgir ici et là des ressemblances frappantes entre le folklore d'ici et les folklores d'ailleurs.)

La Shakapoine fut intégrée à notre programme au début des années 70. Elle nous fut enseignée par Marcel Chojnacki, un ancien danseur des Feux-Follets. À cette époque-là, on ne se préoccupait pas des sources. "Le folklore appartenait à tout le monde!"; phrase qui sera répétée par un avocat au début des années 2000.

Dans les années 80, je confiai à Brian MacDonald la tâche de rafraîchir cette chorégraphie.

3

La Shakapoine par la troupe Feux-Follets, Métis, Canada
20e siècle, vers 1960
Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB

4

La Shakapoine, Métis, Canada
20e siècle, années 70
Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB

5

La Shakapoine, Métis, Canada
24-26 mai 1984
Théâtre Maisonneuve, Place des Arts, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB
Etcheverry, Robert, photographe

6

La Shakapoine, Métis, Canada
4 septembre 1985
Théâtre Saint-Denis, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB

7

La Shakapoine (planche contact), Métis, Canada
4 septembre 1985
Théâtre Saint-Denis, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB

8

La Shakapoine, Métis, Canada
8-9 novembre 1988
Théâtre Maisonneuve, Place des Arts, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB
Gagné, Michel, photographe

9

Theodor et moi avons, par la suite, reçu Gaston Houle à mon bureau pour discuter de la Shakapoine. À partir des informations dont nous disposions sur le sujet et après une rencontre avec Gaston Houle, un ancien trappeur de l'Abitibi, le chorégraphe Theodor Vasilescu conçut le tableau qui fut présenté à la PDA en 1993.

Voici ce que j'écrivais dans le programme maison :

«Les "Indiens" chassent durant l'automne et l'hiver dans le nord de la province. Ils se rencontrent à certaines périodes et mettent en commun le produit de leur chasse. Il en résulte un immense banquet qui s'appelle Shakapoine. Chants, danses et jeux se succèdent jusqu'au moment où il faut retourner sur les sentiers de la chasse.

Les danses de ces tribus indiennes sont inspirées par leurs activités de subsistance. Celle de l'orignal, par exemple, présente un danseur mimant la recherche, la mise à mort et le dépeçage d'un orignal, suivie d'une gigue à deux : orignal ressuscité et chasseur. Les "Indiens" exécutent aussi des rondes et des gigues empruntées au folklore québécois.»

C'est Guy Thomas qui a créé la Shakapoine. Citons un extrait de l'interview de Guy Thomas, par Pierre Chartrand (Bulletin Mnémo, vol.12 n° 4, Automne 2010):

«... À Pointe-Bleue je n'ai rien vu mais je me suis fait expliquer leurs danses cependant. C'est à partir de ces explications que j'ai "inventé" le spectacle de la Shakapoine. C'est la seule danse que j'ai créée, tout le reste de mes spectacles est "basé sur du vrai".»

10

La Shakapoine, Métis, Canada
20-22 juillet 1989
Théâtre Saint-Denis, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB
Dutils, Georges (CINARS), photographe

11

La Shakapoine, Métis, Canada
20-22 juillet 1989
Théâtre de Verdure, Parc Lafontaine, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB
Dutils, Georges (CINARS), photographe

12

La Shakapoine, Métis, Canada
8 et 10 juin 1978
Expo-Théâtre de la Cité du Hâvre, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB

13

2. Le "Cotillon du Saguenay"

C'était une création de Michel Saint-Louis. Il intégra une gigue de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean au cotillon. Les cotillons traditionnels n'étaient pas gigués.

Pendant longtemps, cette danse fort appréciée du public servait à clore nos spectacles. Dans les premières années, on l'appelait même le "Cotillon final" puisqu'elle clôturait nos spectacles.

14

Le Cotillon du Saguenay, Québec, Canada
1969
Kiosque international Terre des Hommes, Montréal (Québec), Canada


Crédits:
CDMB