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Refuges d'hiver construits par des doukhobors
1899
Assinibioa, Canada
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L'arrivée en Assiniboia

Au dégel printannier, la majorité des doukhobors poursuivirent leur route en direction de l'ouest pour gagner les terres accordées par le Dominion. Quelques pionniers arrivèrent plus tôt et s'établirent dans quelques grandes cabanes de bois rond et huttes construites sur des rives surélevées (et sur les rives de la rivière Saskatchewan).

Les doukhobors s'établirent d'abord sur deux lopins de terre : le premier à proximité de la région de Yorkton, en Assiniboia, et dans deux colonies, soit celle du Nord et celle du Sud. (La plupart des doukhobors persécutés pour la destruction de leurs armes s'établirent dans la colonie du Nord.) Une autre colonie fut fondée dans la région de Duck Lake. Les terres qui leur furent consenties couvraient 770 000 acres.

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Femmes allant chercher de l'eau
1899
Assinibioa, Canada
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Ce n'était pas la première fois que les doukhobors devaient recommencer sur de nouvelles terres. Rappelons-nous qu'en Russie ils avaient souvent été forcés par le gouvernement, surtout à cause de leurs croyances religieuses, de renoncer à des terres cultivées avec acharnement pour recommencer ailleurs.

Le territoire de l'Assiniboia, qui allait bientôt devenir la Saskatchewan, n'était pas différent de ce qu'ils avaient connu. Il n'y avait pas de routes, de ponts ni de traversiers pour franchir les cours d'eau. Les prairies vierges n'avaient jamais été cultivées. Il n'y avait aucune habitation et aucun village. Par conséquent, après le dégel du printemps de 1899, la plupart des hommes physiquement aptes partirent à la recherche de travail rémunéré en abandonnant femmes, enfants et aînés, qui devaient continuer de bâtir les habitations et d'aménager les villages.

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Labour avec des b?ufs
Vers les années 1900
Prairies canadiennes
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Crédits:
Exposition Autochrome, Doukhobor Village Museum, Castlegar, C.-B.

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Seul derrière une charrue tirée par des b?ufs, un doukhobor laboure les vierges prairies canadiennes.

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Femmes et enfants construisant un village doukhobor
1899
Assinibioa, Canada
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8

Les doukhobors eurent de la difficulté à s'organiser au début. Pour diriger leurs communautés, ils avaient l'habitude de se fier aux conseils que leur envoyait Peter Verigin, toujours en Russie. (Durant son exil en Russie, Verigin avait instruit les doukhobors qui voulaient le suivre de revenir à une vie entièrement communale.) Certains doukhobors étaient moins pauvres que d'autres et tous n'étaient pas d'accord avec les décrets de Verigin.

Cependant, dans la plupart des cas, les villages adoptèrent le modèle communal. Car, même si on bâtissait une demeure pour chaque famille élargie, l'esprit communal caractérisait le mode de vie du village. Les hommes partaient travailler sur le chemin de fer, dans d'autres exploitations agricoles de la région ou dans n'importe quelle autre entreprise, et rapportaient à la communauté les revenus touchés qui servaient à acheter des outils, du bétail et des fournitures.

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Des femmes tirant une charrue
1899
Assinibioa, Canada
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Dans une contrée où survivre était la priorité, la notion de « sexe faible » n'avait pas sa place. Il n'était pas rare de voir des femmes, plutôt que des chevaux, tirer une charrue.

Il ne s'agissait pas d'un rite barbare ni d'esclavage, comme l'interprétèrent certains auteurs de l'époque, ou d'une position religieuse consistant à décharger les bêtes de somme de leur rôle traditionnel, mais plutôt d'un acte de survie nécessaire en raison du manque de bétail ou de bêtes. (Toutefois, le fait de décharger les bêtes de somme de leur rôle traditionnel aurait finalement une incidence sur les politiques de certains groupes de doukhobors.)

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L'éditeur tolstoïen Vladimir Tchertkov
1899
Angleterre


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Un autre élément qui vint en quelque sorte jeter de l'huile sur le feu fut la publication par Vladimir Tchertkov d'un livre intitulé « Manuel pour les immigrants », qui incitait à la méfiance envers le gouvernement et décourageait la signature de tout serment d'allégeance, ainsi que l'enregistrement de propriété foncière individuelle ou encore de statistiques de l'état civil, comme les naissances, les décès et les mariages.

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Procession de zélateurs
1902
Près de Yorkton, Saskatchewan, Canada
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En octobre 1902, le nombre de « croyants » était passé d'un peu plus de 1000 à 1700, et ces fanatiques abandonnèrent leurs habitations et villages et se mirent en marche pour Yorkton, essayant en chemin de convertir les gens qu'ils croisaient.

Lorsqu'ils arrivèrent à Yorkton, les représentants locaux (qui avaient de la difficulté à comprendre le phénomène et le mécontentement des fanatiques) les arrêtèrent avec l'aide de la police et, en moins d'une semaine, les retournèrent dans leurs villages. Parmi ces fanatiques se trouvaient certaines des personnes qui fonderaient plus tard les Sons of Freedom (les fils de la liberté).