1

La propriété familiale des Lockyer
Date inconnue
Isle Valen, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Madonna Drover

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Frank Lockyer et Gordon Brown
Septembre 1957
Isle Valen, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Madonna Drover

3

Phoebe et Susanna Lockyer
Septembre 1957
Isle Valen, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Madonna Drover

4

Madonna, Mondella et Viola Lockyer
Octobre 1957
Isle Valen, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Madonna Drover

5

Mes parents, Frank et Phoebe Lockyer, ont quitté Isle Valen vers la mi-octobre 1968. J'avais 19 ans à l'époque. J'étais partie l'année précédente pour aller travailler à Bay Roberts. Je ne pense pas que la réinstallation soit la pire chose qui nous soit arrivée, mais c'est vrai que les gens plus âgés n'étaient pas très contents. Les choses ne furent plus jamais les mêmes pour eux. Ils ont été obligés de laisser derrière eux leur maison, leur chafaud, leur étendoir et entrepôt de pêche, toutes ces choses pour lesquelles ils avaient travaillé toute leur vie, et repartir à zéro dans un endroit qu'ils ne connaissaient pas. Ce fut sûrement très difficile pour eux.
Les gens se sont réinstallés le plus près possible de leur ancien chez-soi. Certains sont déménagés à Arnolds Cove, à Little Harbour East, à Placentia et dans la péninsule de Burin. Je ne suis pas retournée là-bas depuis la réinstallation, mais je compte y aller cet été. Ce n'est plus la même chose là-bas maintenant, il y a juste des cabines, il ne reste plus de maisons, sauf quelques-unes je crois. On essaie de voir qui souhaiterait participer à des retrouvailles cet été.
La vie sur Isle Valen était bien remplie. Chacun avait son travail à faire. Les hommes partaient pêcher sur les bateaux tandis que les femmes faisaient la plupart des travaux « sur la terre ». Quand les enfants étaient assez vieux pour travailler, ils devaient participer aux travaux, apporter de l'eau du puits, fendre le bois, installer le poisson sur les étendoirs pour le faire sécher. À l'époque, on séchait tout le poisson parce qu'il n'y avait aucun moyen de le conserver frais. Environ 40 familles habitaient sur l'île à cette époque. Il y avait deux religions dans l'île, anglicane et catholique. Tout le monde coopérait, il n'y a jamais eu de problèmes à ce sujet . C'était comme une grande famille heureuse.
Les gens se divertissaient comme ils le pouvaient. Habituellement, on organisait des soirées de danse dans les écoles à Noël et à Pâques. Quand quelqu'un vous visitait à Noël, les hommes chantaient et racontaient des histoires. Il n'y avait pas d'ampoules électriques, seulement des lampes à l'huile. Plus tard, certains ont acquis un générateur et s'éclairaient comme ça. Mes parents possédaient un générateur qui servait à éclairer la maison et à faire fonctionner la machine à laver et la télévision. Nous sommes les premiers à avoir eu la télévision sur l'île; d'autres familles en ont eu une aussi par la suite.

Avant, quand une femme avait un enfant, on allait chercher la sage-femme pour l'accouchement. Plus tard, la mère se rendait habituellement à l'hôpital Cottage de Placentia en empruntant le bateau du CN. Quand je suis née, ma mère a fait appel à une sage-femme de Clattice Harbour.
Notre façon de vivre aujourd'hui est bien différente. On se déplace en voiture et non en bateau pour aller d'un endroit à l'autre. On dépense notre argent dans de grands centres commerciaux au lieu de petites boutiques. Maintenant il faut payer l'impôt foncier, alors que sur l'île on pouvait posséder tout ce qu'on voulait sans payer d'impôts. Dans l'ensemble, la réinstallation a été à la fois une bonne et une mauvaise chose. Isle Valen est un très bel endroit, mais je ne voudrais pas retourner vivre là-bas.

Madonna (Lockyer) Drover