1

Maison de Patricia et Loyola Pomeroy
Février 2008
Great Paradise, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Loretta Ward

2

Maison de Kevin et Rosanne Collin
Février 2008
Great Paradise, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada
ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Loretta Ward

3

Maison de Dianne Pomeroy
Août 2007
Great Paradise, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Stephanie Whyte

4

L'ancienne propriété familiale
Février 2008
Great Paradise, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Loretta Ward

5

Maison d'Albert et Carmel Pomeroy
Août 2007
Great Paradise, baie Placentia, Terre-Neuve, Canada


Crédits:
Stephanie Whyte

6

L'histoire de la famille Pomeroy telle que racontée par Rosanne Pomeroy Collins, anciennement de Great Paradise. Rosanne habite maintenant à Placentia avec son mari, le chanteur et auteur-compositeur Kevin Collins. Toute sa famille a déménagé à Placentia après la réinstallation. Son père, Loyola Pomeroy, s'est noyé en mer alors qu'il pêchait le homard, et sa mère, Patricia Pomeroy, est décédée à l'été 2007. Tous les membres de la famille Pomeroy visitent encore Great Paradise quand ils le peuvent. Leur mère y est retournée à plusieurs reprises après la réinstallation, quand elle était encore en bonne santé.

L'histoire de Rosanne

La réinstallation nous a affectés de façon considérable, car nos parents ont quitté Great Paradise pour Placentia, où on leur avait promis des emplois et un avenir. Une fois là-bas, papa a obtenu un emploi de menuiserie pour lequel il n'était pas vraiment formé, sauf pour faire des petits boulots en rapport avec la pêche, des choses comme ça. Il a commencé à travailler, mais le copain pour qui il travaillait ne l'a jamais payé. Il s'est donc retrouvé avec une bande de jeunes enfants sur les bras et pas de revenu. Ils ont donc commencé à revenir dans la baie de nouveau, et ils ont fait ça pendant 20 ans, puis papa s'est noyé pendant la pêche au homard. Nous avons donc été grandement touchés par la réinstallation, car nous avons été obligés de revenir à Great Paradise pour gagner notre vie.

J'étais en 4e année, je devais donc avoir environ 10 ans lorsque nous sommes déménagés, probablement en 1967. Nous étions les derniers à quitter l'endroit; notre famille a été la dernière à sortir du port. Je pense que d'un côté la réinstallation a été vraiment une bonne chose pour les jeunes, ils pouvaient poursuivre leurs études et ça leur donnait plus de possibilités. Pour les personnes âgées, par contre, ce fut dévastateur, car elles ont vraiment été dépossédées de leur mode de vie.

Nous avons choisi de déménager à Placentia, parce qu'il y avait d'autres membres de la famille là-bas. La s?ur de ma mère vivait là ainsi que d'autres membres de la famille. Les gens de Great Paradise se sont réinstallés à Placentia et à Foxtrap et d'autres sont allés vivre sur la côte ouest de Terre-Neuve. Beaucoup de gens se sont installés au même endroit, dans la baie Conception et dans la baie Placentia.
Avant la réinstallation, environ 100 personnes vivaient à Great Paradise, selon moi. Je ne suis pas vraiment certaine du nombre, mais entre 80 et 100 personnes, je crois. La vie était simple et agréable, mais les conditions de vie étaient très difficiles - la pêche, les conditions météorologiques et tout ça. La vie était très simple, mais agréable.
La vie quotidienne était remplie d'activités. On ne savait pas ce que c'était que de s'ennuyer, contrairement à tous ces jeunes aujourd'hui qui s'ennuient toujours. On allait cueillir des baies, taquiner la truite ou ramer. Il y avait vraiment beaucoup d'activités pour les jeunes. Il y avait une garden-party annuelle et le prêtre venait dire la messe environ une fois par mois. Toutes les semaines, on se réunissait chez les uns ou les autres pour faire la fête ou juste discuter.

Nous retournons souvent à Great Paradise. J'y possède la maison de ma grand-mère que mon oncle m'a laissée et on essaie de la rénover petit à petit. On adore revenir et ressasser les souvenirs. Il y a 22 cabines à Great Paradise; les gens reviennent la plupart du temps pour les vacances d'été et atteindre leur quota quand la pêche vivrière est ouverte. Tout le monde revient sans cesse.

La principale différence pour nous, c'est ce lien étroit qui unit les communautés. Tout le monde forme une famille, tandis que dans les grandes villes vous êtes plutôt laissé à vous-même. C'est sans doute la différence majeure. Mais on a en quelque sorte le meilleur des deux mondes, Great Paradise et Placentia.
Beaucoup de personnes d'âge mûr de Great Paradise ont des traits de personnalité très particuliers, que ce soit leur sens de l'humour ou tout simplement parce qu'ils sont comme ça. C'est quelque chose qu'on ne retrouve plus chez les jeunes, parce qu'ils n'ont pas été élevés de la même manière.

La chose qui me vient à l'esprit quand je pense à la réinstallation et au jour où nous sommes partis, c'est que papa et maman pleuraient en quittant le port et que j'étais trop jeune pour comprendre pourquoi ils pleuraient parce que je ne réalisais pas vraiment ce qui se passait. Je savais que nous partions, mais sans en connaître vraiment la raison. Je suppose qu'ils regardaient les maisons condamnées et qu'ils se disaient qu'ils ne reverraient plus jamais cet endroit.

Je ne peux pas dire que ma vie d'avant me manque beaucoup, car nous ne vivons pas à Great Paradise en permanence, même si nous y allons souvent. Comme je le disais, on a le meilleur des deux mondes, car on peut rester là-bas pendant quelque temps puis revenir à Placentia. Quand on est partis, on croyait que c'était pour toujours, mais depuis qu'on a commencé à revenir, c'est comme si on redonnait vie à tout ça.