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Maison d'école pour 20 à 25 élèves, plan no:4
1895-1896
Province de Québec


Crédits:
Musée Saint-Éphrem
Mme Véronique Viens

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Intérieur d'une école de rang
1900
Saint-Éphrem d'Upton


Crédits:
Musée Saint-Éphrem

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La chambre de l'institutrice.
1900
Saint-Éphrem d'Upton


Crédits:
Musée Saint-Éphrem

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Le petit coin d'une école de rang.
1900
Saint-Éphrem d'Upton


Crédits:
Musée Saint-Éphrem

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On les appelait ainsi parce que les gens les construisaient au milieu d’un rang, près du plus grand nombre possible d’enfants. Pendant plus de 150 ans, les écoles de rang ont permis aux Québécois de la campagne d’obtenir leur diplôme d’études primaires. Entre les quatre murs de ces modestes « lieux de savoir », on apprenait l’histoire, la religion, le français, l’arithmétique, les règles de politesse…

Ces institutions ont constitué la base de notre système d’éducation actuel. L’âme de l’école de rang, c’était la maîtresse d’école. Après les parents et le prêtre, elle jouait le rôle le plus important dans la destinée des enfants. À la fois surveillée et soutenue par l’inspecteur d’école, le curé du village, les commissaires et les parents, elle véhiculait nos valeurs sociales et religieuses.

Mais comment se déroulait la vie quotidienne dans une école en hiver ? Lisons le témoignage de Bernadette qui a enseigné pendant 40 ans dans une école de rang.

«Il y a cinquante ans, peu de jeunes filles pouvaient devenir maîtresse d’école. Je pense que j’ai été chanceuse d’obtenir un diplôme me permettant de « faire l’école ».J’ai eu ainsi l’occasion d’enseigner plusieurs années dans une école de rang et d’être la « maîtresse » de nombreux garçons et filles en quête de savoir. Je vais vous raconter comment se passe une journée d’hiver dans une école de rang.

Je me lève à l’aube. Ma première préoccupation est d’allumer le poêle à deux ponts. J’y cuis mon déjeuner. Ensuite, je me lave la figure dans un grand bol d’eau claire. Fraîche et dispose, je peux affronter ma journée de travail.

Il faut que je pense à ma classe. Mes élèves n’ont pas tous le même âge. Certains sont en première année, d’autres en septième ; mais tous s’entendent assez bien. Je rédige minutieusement ma préparation de classe adaptée à chacune de mes sept divisions et puis, j’écris les travaux de chaque division au tableau noir.

À partir de 8 heures, mes 30 élèves, grands et petits, arrivent par famille. La classe commence à 9 heures. Je leur enseigne le catéchisme, le français, l’arithmétique, la bienséance, l’hygiène et les travaux manuels. Ils reçoivent même des notions d’agriculture, d’anglais, de théâtre, de chant.

À midi, je sonne la cloche pour annoncer l’heure du dîner. Les enfants ouvrent alors les sacs de papier qui contiennent leur repas. Je me retire momentanément dans ma cuisine pour mon propre repas. Jusqu’à une heure, les élèves peuvent s’amuser dehors. De nouveau, la cloche sonne. Ensemble, on dit le chapelet et l’enseignement reprend.

À 4 heures, les écoliers retournent chez eux. À la lueur de la lampe à l’huile, je corrige les travaux, prépare les bulletins. Dans un cahier spécial, appelé le journal d’appel, je note les présences et les absences de la journée. Je fais également le ménage de l’école.

Peu avant minuit, j’emplis le poêle de grosses bûches et je profite des bienfaits d’un sommeil réparateur qui va me permettre de recommencer demain. »