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L'aventure du BREMEN.

Le 26 mars 1928,le JUNKERS W-33L immatriculé D-1167 BREMEN quitta Berlin. Aux commandes, F. Koehl en compagnie de Spinder et d'un passager, le baron Von Hunefeld. Ils gagnèrent l'Irlande où Fitzmaurice prit la place du second pilote pour l'accomplissement du raid.

Roméo Vachon et Duke Schiller surveillaient attentivement cette envolée : la première d'est en ouest.

Le BREMEN décolla de Dublin le 12 avril 1928 à 5 h 38. L'équipage avait décidé de suivre la route du nord, laquelle offrait, le cas échéant, des possibilités d'atterrissage. Le trajet direct jusqu'à New York devait se faire entièrement au-dessus des flots, l'équipage avait misé sur la bonne carte.

Le BREMEN se trouva assez vite dans des conditions de vol réellement difficiles. Le vent soufflait de face, ralentissait la marche de l'appareil et augmentait la consommation de carburant. L'avion se heurta plus loin à une furieuse tempête de neige; ce mauvais temps eût comme résultat de dérégler les instruments. Volant en aveugles, secoué dans tous les sens, cramponné à ses commandes, Koehl lutta de nombreuses heures dans un seul but de tenir, le plus longtemps possible.

Koehl sut maintenir son cap, imperturbablement, mais il ne put, à aucun moment, calculer ou estimer la dérive provoqué par le vent.

Les journaux ne donnaient pas beaucoup de nouvelles et Roméo Vachon et Duke Schiller se perdaient en conjectures sur ce qui avait bien pu arriver aux aviateurs.

¨Rumeur qu'un opérateur de télégraphe de la Baie Trinité (Terre-Neuve )aurait entendu passer un avion, mais aucune confirmation de cette nouvelle ...¨.

L'avion volait toujours dans la neige. Koehl,Hunefeld et Fitzmaurice se considéraient comme perdus quand, entre deux bourrasques, Koehl aperçut la terre.

La neige tombant de plus en plus épaisse, un objet sombre surgit soudain à l'horizon, et à leurs grand soulagement, ils constatent que c'est une colonne de pierre supportant un phare. A ce moment ils savent qu'ils arrivent sur l'hémisphère ouest mais où ...?.Ils décident d'atterrir, l'appareil presque vide d'essence .

L'irrégularité de la glace fait sauter le train d'atterrissage, l'hélice fut tordue et le BREMEN s'arrêta dans le plus grand silence.

La traversée de l'Atlantique était réussie puisque l'île Greenly dépendait du continent américain. Le vent, soufflant en travers, avait déporté l'avion loin à côté de sa route: il se trouvait à 2000 km de New-York.

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Junker D1167
1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)


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Maison de Michel Letemplier, gardien du phare de Greenly Island (Île Verte)
1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)


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L'île Verte est située à sept milles de Blanc-Sablon, immédiatement à l'est de la frontière du Labrador et à une quinzaine de milles de Pointe-Amour d'où le message devait partir pour annoncer au monde le succès de l'envolée.

Rompus de fatigue, épuisés physiquement et moralement, les trois hommes auraient été perdus s'il n'y avait pas eu un phare à l'île Greenly. Les seuls habitants de ce lieu désertique étaient le gardien, Michel Le Templier, sa femme et leurs enfants. Ils avaient entendu le bruit d'un moteur et madame Le Templier qui n'avait jamais vu d'avion s'écria : "regardez, un poisson volant!" Ils sortirent immédiatement, regardant autour d'eux pour essayer de voir. Ils furent surpris quand ils aperçurent les aviateurs qui venaient vers eux.

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Junkers de la Lufthansa
1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)


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Copilote et pilote du Bremen
1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)


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"Je suis le baron Von Hunefeld, dit le premier et mes compagnons capitaine Herman Koehl et le major James Fitzmaurice. Nous venons d'Europe en destination de New-York". Letemplier les reçut fraternellement et prépara des lits sommaires pour les reposer. "Ce phare, dit le baron en désignant la tourelle s'érigeant au bord de l'île, c'est ce que j'ai vu de plus beau dans ma vie".

Le baron Hunefeld, dans un communiqué, a révélé que l'équipage du BREMEN avait souvent été victime de mirages vers la fin de la traversée. Le phare était relié par radio au continent, à Québec. Le gardien lança l'alerte générale en même temps que la nouvelle du sauvetage provisoire de l'équipage. Les agences de presse et les journaux s'organisèrent immédiatement non pour opérer le sauvetage mais pour tenter d'obtenir la première photo, la première entrevue.

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L'aventure du Bremen
16 avril 1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)


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Roméo près du Bremen
1927
Greenly Island (Île Verte, Québec)
ATTACHEMENT DE TEXTE


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Le 15 avril, à 10 heures du matin, Roméo Vachon quitta la base de Sainte-Agnès, accompagné de quelques photographes et journalistes dont un cameraman de la Paramount News. Edouard Jackson, journaliste du Daily Miror, s'exprimait ainsi: "Roméo Vachon a accompli un bel exploit, je n'oublierai jamais l'intéressante expérience que j'ai eue lors de mon envolée dans l'avion Fairchild-Wasp. Je dois tout à Roméo Vachon. C'est un homme extraordinaire avec un caractère qui le conduira au bout du monde."

Le pilote Roméo Vachon et ses passagers pouvaient voir du haut des airs les héros du BREMEN attendant sur la glace pendant que l'avion volait en cercle avant d'atterrir. Ils furent chaleureusement salués par les deux célèbres as allemands qui attendaient là auprès de leur avion endommagé. Le pilote Vachon se transforma en mécanicien et fit une sérieuse inspection de l'avion BREMEN.Roméo constata vite qu'il fallait remettre l'hélice en état et que l'avion sur ses roues ne lui permettait même pas de décoller.

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Groupe de journalistes
1928
Sainte-Agnès (Côte de Charlevoix), Québec


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Les héros du Bremen atterissent
1928
Sainte-Agnès (Côte de Charlevoix), Québec


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Le photographe put prendre, sans concurrence, tous les clichés qu'il souhaitait et partit le jour sans plus attendre le dénouement de la grande course. Les premières photos du BREMEN sur l'île Verte étaient signées Jackson, de l'agence Pacific and Atlantic Photos.

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Le Bremen pris dans la glace!
1928
Greenly Island (Île Verte, Québec)