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Je suis né le 29 novembre 1871 à Saint-Laurent, une paroisse agricole paisible située au nord de l'île de Montréal. J'étais le cadet de la famille, suivant mon frère, Wilfrid et ma soeur, Rose-de-Lima. Ma mère était Angélique Latour et mon père, Benjamin, était un brave fabricant de chaussures qui occupait à la fois les hautes fonctions de conseiller juridique et de juge de paix. Son atelier servait à la fois à l'exercice de son métier, à ses consultations gratuites et à l'audition des causes sommaires. C'était typique d'une époque où les gens de Saint-Laurent n'avaient que l'usage de cette organisation judiciaire rudimentaire comme alternative à leurs griefs devant les tribunaux de la métropole.

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Extrait de baptême de Gustave Boyer
8 mars 1924
St-Laurent, Québec


Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Gustave Boyer
P13/G2

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Gustave Boyer
1904-1920



Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Gustave Boyer
P13/G1

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Voilà le contexte dans lequel fut cuisinée ma tendre enfance. J'étais d'une curiosité inouïe et en enfant soumis et respectueux, j'écoutais toujours ce que disaient les grandes personnes.

Mon père était un ardent libéral, ce qui ne l'empêcha point de recevoir "La Minerve" 50 années durant sans même que sa lecture n'ébranle en aucune façon ses convictions politiques. Les amis de mon père, le docteur, le notaire, le charpentier du village, qui venaient assidûment chaque avant-midi faire la causette à l'atelier, étaient également des partisans ardents de sir John A. Macdonald.

Bref, c'est dans ce milieu que je sentis germer en moi l'amour de la chose publique.

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Gustave Boyer, 2e à partir de la gauche, avec un groupe d'amis
1888



Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Yves Quesnel
P04/C2,172

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J'ai fait mes études au collège Saint-Laurent suivant le cours commercial et classique. C'est à cette époque que ma mère est décédée, le 5 mai 1886, ce qui changea tout dans la famille et alors je partis pour ma destinée après huit jours de retraite fermée chez les jésuites afin de consulter les oracles sacrés sur ma future vocation.

Après une semaine passée dans le recueillement le plus absolu, mon ange gardien aidant, je résolus d'entrer en pharmacie. Et c'est dans le courant de ma deuxième année de formation dans une pharmacie que la nostalgie m'empoigna très fort.

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Diplôme de baccalauréat en médecine vétérinaire de Gustave Boyer
24 mars 1892



Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Gustave Boyer
P13/G2

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J'avais soif des grands espaces. Je voulais du soleil, de la liberté. Je dis adieu à la pharmacie et je partis à la recherche d'un état qui me permettrait un jour de prendre mon envol vers la campagne. C'est ainsi que j'étudiai pendant trois années la médecine comparée et obtins mon diplôme de médecine vétérinaire.

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Registre du mariage de Gustave Boyer avec Paméla Rhéaume, paroisse St-Louis de France, Montréal
10 avril 1907

ATTACHEMENT DE TEXTE


Crédits:
Actes d'état civil et registres d'église du Québec (1621-1967)
Collection Drouin
Montréal, St-Louis de France

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J'ai eu des heures de sensibilité, souventes fois j'ai aimé des femmes mais chacune me jugeait trop inconstant. Elles m'accordèrent peu de confiance. Finalement, après beaucoup d'efforts, je rencontrai Paméla Rhéaume, fille de François Rhéaume et d'Onésime Beaudin, que je réussis à conquérir par d'inimaginables travestis, et je m'attachai pour toujours celle-là.

J'ai épousé Paméla le 10 avril 1907 à Montréal, paroisse St-Louis de France. Monseigneur Joseph-Médard Émard, évêque de Valleyfield, avait généreusement accepté de bénir notre mariage.

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Carte de Mgr Émard acceptant de bénir le mariage de Gustave Boyer
29 mars 1907



Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Gustave Boyer
P13/G4

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Gustave Boyer et son épouse, Paméla Rhéaume, devant les chutes Niagara
Après le 10 avril 1907
Niagara, Ontario


Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Gustave Boyer
P13/G1

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Gustave Boyer et son épouse, Paméla Rhéaume, devant leur maison de la rue St-Pierre à Rigaud
1907-1927
Rigaud, Québec


Crédits:
Centre d'histoire La Presqu'île
Fonds Yves Quesnel
P04/C2,172

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Nous avons été heureux, Paméla et moi. Nous habitions une coquette maison, dans la rue Saint-Pierre à Rigaud, dans laquelle nous recevions parents, amis ou concitoyens.
N'ayant pas eu d'enfant, nous étions très proches de nos neveux et nièces.