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La rivière Jacques-Cartier dans le secteur de Pont-Rouge
1928
Pont-Rouge (Québec), Canada
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Photothèque nationale de l'air, Ottawa. No. F1, 500, négatif 3041. Source : La maison Déry : une restauration démystifiée par Harold Germain, octobre1987/octobre 1989.

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La rivière Jacques-Cartier est réputée pour ses poissons depuis fort longtemps. À l'arrivée des Européens, elle était déjà fréquentée par des groupes des Premières Nations qui y pratiquaient la pêche depuis des millénaires, à l'aide de techniques qui leur sont propres. En 1632, Champlain la nomme " Rivière des Esturgeons & Saulmons" (Rivière des Esturgeons et Saumons). Mais en 1656, le cartographe Nicolas Sanson d'Abbeville l'identifie plutôt comme étant " La rivière J. Quartier ". Il semble qu'il se soit fié à une légende qui circulait à l'époque selon laquelle l'explorateur Jacques Cartier aurait séjourné à son embouchure. Ce nom lui est resté.
La rivière Jacques-Cartier s'étend sur 178 kilomètres. Elle coule du lac Jacques-Cartier, dans la réserve faunique des Laurentides jusqu'à Donnacona où elle rejoint le fleuve St-Laurent.

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La rivière Jacques-Cartier dans le secteur du Site de pêche Déry
20e siècle
Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Corporation des lieux historiques de Pont-Rouge

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À leur arrivée, les premiers colons de la seigneurie de Dombourg, aussi nommée Pointe-aux-Trembles, peuvent pêcher à leur guise dans la rivière Jacques-Cartier. La situation change en 1768 quand le seigneur de l'époque, Joseph Brassard Deschenaux, s'approprie les droits exclusifs de pêche. Les contrevenants étaient même menacés de poursuites.

Note : la seigneurie de Dombourg dite La Pointe-aux-Trembles fut accordée en 1653 à Jean Bourdon. Dombourg est d'ailleurs l'anagramme de Bourdon. En 1680, elle change de mains. Vendue à Nicolas Dupont de Neuville, elle devient la seigneurie de Neuville mais est toujours dite de la Pointe-aux-Trembles. En 1716, on la nomme seulement Pointe-aux-Trembles. À l'époque, en plus de Neuville, elle englobe une partie des villes actuelles de Cap-Santé, des Écureuils, de Saint-Basile et de Saint-Raymond ainsi que la totalité de la ville de Pont-Rouge. (Source : Société d'histoire de Neuville)

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Le pont de 1804, par George Heriot
1805, lithographie de 1840
Pont Déry, rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Bibliothèque du Musée du Québec

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En 1791, Hugh Finlay (vers 1730-1801), alors maître général des Postes adjoint de l'Amérique du Nord britannique, recommande au gouvernement la construction d'un pont sur la rivière Jacques-Cartier afin d'acheminer le courrier de façon sécuritaire. Le chemin du Roy, qui relie Québec à Montréal, traverse alors la rivière à la hauteur de Donnacona, à l'aide d'un bac qui est peu efficace. Le chemin du Roy sera donc détourné et passera à l'intérieur des terres. Ce tronçon prend le nom de " Chemin de la Diligence ". En 1798, un pont en pierre est mis en place à la hauteur du Site de pêche Déry, mais il s'écroule. Cependant, les piliers de pierre tiennent le coup et seront utilisés par la suite.

En 1800, une loi impose la construction d'un autre pont. Malheureusement, ce pont, réalisé par Martin Cannon, s'écroule de nouveau en 1801. Enfin, en 1804, le maître charpentier Jean-Baptiste Bédard (1761-1818) construit le nouveau pont et la maison destinée au péager. Ce pont devient l'un des premiers ponts à péage au Québec.

Ce pont et la maison qui lui est adjacente seront étroitement liés à l'histoire de la pêche sur la Jacques-Cartier.
Illustration du premier pont selon George Heriot. En 1799, George Heriot (1759-1839) remplace Hugh Finlay à titre de maître général des Postes adjoint de l'Amérique du Nord britannique. C'est lui qui verra la construction du pont de Jean-Baptiste Bédard. Comme il est aussi aquarelliste, il le dessine en 1805 en l'intitulant " New Bridge on the River Jacques Cartier".

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Le tableau du taux de péage au 21e siècle
Début 19e siècle
Maison Déry, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Collection Corporation des lieux historiques de Pont-Rouge

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La maison construite à proximité du pont était louée par le gouvernement au péager et à sa famille. Il semblerait que le premier péager à l'avoir occupée, en 1804, se nommait François Pommereau. À la suite de son décès, sa veuve, Françoise Fouré dite Vadeboncoeur prendra la relève quelques mois.
En 1816, Joseph Déry fut nommé péager à son tour. Trois autres générations de Déry suivirent, d'où l'appellation actuelle du site, du pont et de la maison. Les Déry y vécurent jusqu'en 1936. À cette date, le dernier Déry, Edmond, fut forcé de déménager au village. Il avait tenté, en vain, d'acheter la maison qui appartenait toujours au gouvernement.
Il est à noter que les taux de péage originaux étaient environ le double des taux indiqués sur ce tableau de 1843. Le passage se payait alors en deniers et en shillings.

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Carte de la Réserve de l'ordonnance Jacques-Cartier
29 novembre 1864
Pont-Rouge (Québec), Canada
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D'après E.P. Harding, 29 novembre 1864. Archives publiques du Canada Ottawa No. NMC-15492.

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En 1818, le lot comprenant la maison Déry passe aux mains de la Couronne britannique. Elle le loue au Département de la Milice qui en fait la Réserve de l'ordonnance Jacques-Cartier. Cette réserve militaire semble n'avoir d'autre utilité que de permettre aux officiers britanniques de pratiquer leur loisir en toute quiétude. Nous sommes, en effet, en période de paix. La pêche qui s'y pratique est principalement la pêche au saumon. À cette époque, il est très abondant. On peut en pêcher deux ou trois à l'heure.

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Joseph Knight Boswell contre Pierre Denis
21 septembre 2011
Rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Corporation des lieux historiques de Pont-Rouge

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Même si bien des visiteurs viennent pêcher sur la rivière Jacques-Cartier, elle ne leur appartient pas pour autant. Joseph Knight Boswell l'apprendra à ses dépens.

Propriétaire d'une importante brasserie à Québec et maire de Bergerville de 1860 à 1866 (Bergerville correspondait à une partie du Sillery actuel), Boswell vient pêcher sur la Jacques-Cartier en juin 1858. En 1859, un litige le mène devant les tribunaux contre un résident de Pointe-aux-Trembles, Pierre Denis. Ce dernier soutient que Joseph Knight Boswell ne peut pêcher dans la portion de la rivière Jacques-Cartier bordant sa propriété. Le 1er juin 1859, un jugement est rendu par le juge Chabot de la Cour supérieure à Québec dans cette affaire.

La rivière Jacques-Cartier est déclarée rivière non-navigable et non-flottable. Plus précisément, on ne peut la naviguer à cause des obstacles naturels émaillés sur son parcours, telles des cascades et des rapides et parce que par temps sec, elle n'est pas assez profonde, par endroits. Elle ne peut pas non plus être flottable puisque des radeaux ou des trains ne peuvent y flotter. Elle était seulement dite " flottable à bûches perdues ". Conséquemment, les propriétaires riverains obtiennent le droit exclusif d'y faire la pêche. Boswell fut condamné à payer 5 shillings en dommages pour avoir pêché dans la rivière Jacques-Cartier, sur la portion appartenant à Pierre Denis.

L'avocat de Boswell, W.H. Kerr, compara la rivière Jacques-Cartier à d'autres rivières, telles les rivières Etchemin, St-Maurice et Chaudière, pourtant considérées comme navigables même si l'on trouve des cascades et des rapides plus importantes le long de leur parcours. Cet argument ne fit pas pencher la balance en faveur de son client. Par ailleurs, de nombreux témoins - dont Dubord et Hamilton, est-il noté - vinrent affirmer qu'il était impossible d'y faire flotter et descendre des billots.

Boswell fit appel de cette décision. Le 16 décembre 1859, le juge en chef Sir L.H. Lafontaine, maintint le premier jugement.
(Source : Lelièvre, Angers, Beaudry et Robertson, " Décisions des Tribunaux du Bas-Canada ", Vol. X, 1860)

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Joseph Knight Boswell et le contrôle de la rivière Jacques-Cartier
28 septembre 2011
Rue de la Porte, Québec (Québec), Canada
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Corporation des lieux historiques de Pont-Rouge

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Il semble que Boswell s'y prit autrement pour pouvoir pêcher sur la Jacques-Cartier puisqu'en 1862, il achète une série de propriétés par l'intermédiaire d'Archibald Campbell, notaire. Il s'agit du lot 72A, du lot 54 qui borde la fosse de l'Hôpital et du lot 55 qui se trouve face au pont Déry et sur lequel se trouve, à cette époque, la maison de l'officier militaire John Lambton. Il loue également le lot 290 sur lequel se trouvait la maison Déry. Boswell prend ainsi le contrôle des berges de la rivière et celui de la pêche au saumon dans le secteur Déry.
En mars 1866, il achète aussi le lot 286, situé en amont du pont, qui comprend la fosse " le Trou à Lamothe ". Son contrôle sur la rivière s'agrandit.
Cette épigraphe se trouve au 37, rue de la Porte à Québec.