1

Pêcheur au-dessus d'une fosse par James-Hope Wallace et Louis Déry pêchant à l'épuisette
1841
Rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Royal Ontario Museum, Toronto. Neg. No. 73CAN383. Cat. No. 951.45.54.

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Walter Henry, comme d'autres après lui, nous décrit la façon de pêcher d'un des péagers du pont, Louis Déry.
" Il y a à cet endroit un enfoncement circulaire latéral, creusé par un remous et formant un trou relativement calme, où les saumons se voient forcés d'arrêter pour reprendre haleine avant de s'attaquer au dernier grand obstacle. Alors qu'ils se reposent, se croyant à l'abri du danger et ayant pour unique préoccupation les difficultés fluviales à affronter, Louis Dayrée les cueille sans pitié à l'aide d'un filet à manche, et les transporte vivants et avec soin jusqu'à un réservoir copieusement alimenté par un ruisseau à quelques pas de là, où il les relâche, les laissant réfléchir à leur triste sort avec leurs compagnons d'infortune. Les captifs y passent une ou deux semaines, jusqu'à ce qu'ils soient en nombre suffisant pour être expédiés vers le marché de Québec. " Walter Henry, " Trifles from my portfolio, or recollections of scenes and small adventures during twenty-nine year's military service ", (1839).
L'oeuvre est de James Hope-Wallace et se nomme "Cascades of River ". Elle a été réalisée en 1841.

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Le révérend Adamson et l'étonnante façon de pêcher de Louis Déry
19e siècle

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Crédits:
E.T.D. Chambers, "The Fisheries of the Province of Quebec: historical introduction", Published by the Department of Colonization, Mines and Fisheries of the Province of Quebec, 1912

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L'étonnante façon de pêcher de Louis Déry
Here there is a circular and lateral recess at the bottom, worn into the rock by an eddy, and forming a small, and comparatively quiet spot: in this boiling and raging torrent, where they are forced to stop for breath before attempting to overcome the last grand impediment, whilst reposing at this resting place, dreaming of no evil from human hand, and occupied only with their fluvial difficulties, Louis Dery used quietly to approach the roaring gulf, lower into its depths a ladder about five and twenty feet long, which, being held in its perilous position by his wife, he clung to with one hand, while with the other armed with a long-handled-polenet, he mercilessly scooped out four, five, or six fine salmon at a time,- handing the pole of the net to his wife, who assisted him in drawing them up the side of the precipice, and carrying them alive and with care to a reservoir of water filled by copious springs only a few paces distant; where the captives used to remain until a sufficient number was collected to be sent to the Quebec market. (Adamson)

Le révérend Adamson nous donne plus de détails sur l'étonnante façon de pêcher de Louis Déry.
Il y a ici un enfoncement circulaire et latéral usé dans la pierre par un remous, et qui forme un petit et, comparativement au reste, calme endroit : dans ce torrent bouillonnant et furieux, où ils [les saumons] sont forcés de s'arrêter pour reprendre leur souffle avant de tenter de vaincre le dernier grand obstacle, où un temps ils sont à cet aire de repos, rêvant que le mal ne viendra pas de la main humaine, et simplement occupés avec leurs difficultés fluviales, Louis Déry a l'habitude d'approcher doucement le gouffre rugissant, et de faire descendre dans les profondeurs une échelle d'environ 25 pieds de long qui est maintenu dans sa périlleuse position par sa femme et à laquelle il se cramponne d'une main tandis que de l'autre avec une épuisette à long manche, il sort impitoyablement de l'eau quatre, cinq ou six saumons en même temps - tendant le manche de l'épuisette à sa femme qui l'assiste pour les faire remonter du précipice et les amener vivants à un réservoir approvisionné par de nombreuses sources qui se trouve à quelques pas de distance; les captifs ont l'habitude de rester là jusqu'à ce qu'il y en ait un nombre suffisant pour être envoyé aux marchés de Québec. (Traduction libre) Rev. William Agar Adamson, " Salmon fishing in Canada, by a resident with illustrations ", (1860).
La photo du reverend Adamson provient de E.T.D. Chambers, "The Fisheries of the Province of Quebec: historical introduction", Published by the Department of Colonization, Mines and Fisheries of the Province of Quebec, 1912.

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Le Trou noir et Louis Déry, sa femme Marguerite Pagé et leur échelle pour pêcher
22 septembre 2011
Rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Corporation des lieux historiques de Pont-Rouge

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Louis Déry, sa femme Marguerite Pagé et leur échelle pour pêcher

Quand l'eau était basse, Déry utilisait parfois, pour descendre, cette dangereuse échelle, sans l'assistance de sa femme; et les rumeurs courent à l'effet qu'elle prenait souvent sa place si les échelons glissants, quand l'excitation excessive rendait probable que son pied ne serait pas si ferme ni sa main si solide que d'habitude.
Mais cette tuerie en masse tire maintenant à sa fin; la pêche sur la rivière a été louée à bail par un gentilhomme de Québec, avec pour objet de protéger et perpétuer le saumon, tandis qu'il fournit au pêcheur honnête l'opportunité de se réjouir du sport du jour.
D'étranges noms ont été donnés par les Canadiens à ces trous et fosses formés par les remous de cette magnifique rivière. Immédiatement sous le bord du jardin de Déry se trouve un is a recess, worn deep in the rocky bank et ombragé par un overhanging précipice nommé " Trou noir ". Cette fosse est à proximité du pont d'où le poisson peut se voir distinctement, mais ne peut être facilement attrapé. (Traduction libre) Rev. William Agar " Adamson, Salmon fishing in Canada, by a resident with illustrations ", (1860).
Il est à noter que la configuration du site a changé suite à l'ajout de seuils pour permettre au saumon de remonter la rivière. La fosse du Trou noir, située tout près du pont Déry, devait donc être différente à l'époque où Louis Déry y pêchait.

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Les gorges par Constance Marina Sewell et la pêche de Louis Déry
20e siècle, vers 1903
Gorges Déry, rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Collection Graham Hill

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Richard Nettle et Déry
Spearing at one end of the river and netting at the other, have been the means of destroying this magnificent fishery.
At the bridge there is a perpendicular fall of about ten feet, in a very narrow gorge; at the bottom of which there is formed a pool. Here the fish congregate, and many are their efforts to ascend. They could manage to get up, but here Dery scoops them up with a net, and takes thera alive to a pond of running water. They remain there till enough are taken to be sent to market.
Persons wonder how it is that there are so few fish taken now. My only wonder is that they have lasted so long, and that there are any yet to be taken. Here was truly the golden goose, but the gander Dery killed it. Had he only spared ten or twenty fish every year and sent them swimming in the upper waters above the bridge, the river would always have swarmed with fish. But no ! take all you can has been the maxim, and now you have none to take.
Formerly they were taken by the thousand ; a few years since they were counted by the hundred; but now they can scarcely be numbered by the dozen. (Nettle)
Richard Nettle a été nommé Surintendant des Pêcheries en juin 1857 avec un salaire annuel de 1200.00$, selon E.TD. Chambers (Par comparaison, les garde-pêche qui furent engagés entre 1859 et 1861 gagnaient entre 40.00$ et 100.00$ par année). Nettle est considéré comme le père de la pisciculture au Canada. En effet, en plus d'écrire sur les habitudes du saumon, il a établi la première pisciculture (Ovarium), dans un édifice situé à côté de son bureau, tout près de l'angle des rues Saint-Jean et Sainte-Ursule, à Québec. Des œufs de truites et de saumons y étaient fécondés. Ils provenaient de la rivière Jacques-Cartier et d'un de ses affluents, la rivière aux Pommes. Les premières truites nées à cette pisciculture furent données à John Gilmour, important marchand de bois et constructeur de navires, qui les emporta au domaine de Marchmont, sa résidence.
Il est très sévère à l'endroit de Louis Déry.
" Prendre un poisson à la foëne à un bout de la rivière et l'attraper à l'épuisette à l'autre bout ont été les moyens de détruire ces magnifiques pêcheries.
Au pont, il y a une descente d'environ dix pieds dans une gorge étroite au-dessus de laquelle s'est formée une fosse. Ici le poisson se rassemble, et multiplie les efforts pour continuer la montaison. Ils peuvent parvenir à remonter, mais Déry les attrape au filet et les met, vivants, dans un réservoir. Ils y restent jusqu'à ce qu'il y en ait suffisamment pour les envoyer au marché.
Certains se demandent comment il se fait que si peu de poissons soient pris à présent. Mon seul questionnement est comment ils ont pu durer si longtemps et pourquoi il en reste encore à pêcher. C'était vraiment la poule aux œufs d'or, mais l'imbécile de Déry l'a tuée. S'il avait seulement épargné dix ou vingt poisson par année et les avait envoyés nager dans les eaux en aval du pont, la rivière aurait toujours fourmillé de poissons. Mais non! Attraper tout ce qu'on peut a été sa maxime, et maintenant il n'y en a plus à attraper.
Autrefois, ils étaient pris par milliers; quelques années, ils furent comptés par centaines; mais à présent ils ne peuvent sûrement pas être comptés par dizaines ". (Traduction libre) Richard Nettle, " The salmon fisheries of the St. Lawrence and its tributaries ", (1857).

Peinture de Constance Marina Sewell (1877-1969), réalisée vers 1903 et intitulée "Rivière Jacques-Cartier à Pont-Rouge".
Constance Marina Sewell était la fille d'Alexander W. Sewell, arpenteur général de la province de Québec, et de Jane Elizabeth Helen Oliver. Les Sewell possédaient des terres à Pont-Rouge, dans le Deuxième Rang du Brûlé et des lots le long de la rivière Jacques-Cartier (lots 237, 240, 244). Source : Germain Julien, " La naissance d'un village manufacturier. Pont-Rouge (1768-1911) ", (2010)

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Les gorges Déry par James Hope-Wallace et le réservoir de Louis Déry
1841
Gorges Déry, rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Royal Ontario Museum, Toronto. Neg. No. 73CAN430. Cat. No. 951.45.51

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As the river fell the fish were able to mount the impetuous canal rapid, so strangely excavated out of the live rock, and were caught in considerable numbers by Louis, at his "Peche" near the bridge, and then deposited alive in the clear pond, which had been formed for their reception under a copious spring, gushing out of the neighbouring bank. Here they swim about freely, although the space is limited, apparently unconscious of their captive condition; seeking the coolest and deepest part of the reservoir where they can enjoy a little shade. They do not appear to suffer or lose flesh from confinement and want of food, or from the difference between the purer water of the river, and the hard spring in which they are now placed. (Nettle)
Il est encore question, ici, du réservoir de Louis Déry.
Comme la rivière descend, le poisson était capable de monter les impétueuses rapides du canal si étrangement creusé dans la pierre et étaient attrapés en nombre considérable par Louis, à sa " Pêche " près du pont et ensuite déposés vivant dans un clair réservoir qui avait été façonné pour leur réception grâce à une source importante, qui sort à gros bouillons avoisinant la rive. Là, ils se baignent librement, même si l'espace est limité, apparemment inconscient de leur condition de captifs; cherchant la partie la plus froide et le plus profonde du réservoir où ils peuvent profiter d'un peu d'ombre. Ils ne semblent pas souffrir ou perdre de leur fraîcheur à cause de leur confinement et de leur besoin de nourriture, ou de la différence entre l'eau pure de la rivière et l'eau dure dans laquelle ils sont alors placés. (Traduction libre) Richard Nettle, " The salmon fisheries of the St. Lawrence and its tributaries ", (1857)

L'illustration est de James Hope-Wallace. Réalisée en 1841, elle s'intitule " Rapids in the Rocky Gorge ".

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Le pont Déry par Henry William Barnard et la pêche abusive par Trépanier
1841
Pont Déry, rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Royal Ontario Museum, Toronto. Neg. No. 73CAN289. Cat. No. 949.41.40

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As to the extent of their journeys up the Jacques Cartier, accounts strangely differ; some of the inhabitants allege that they never go higher up than Trepanier's Falls; others think that they go to the source of the river, but never return (which is, of course, a mistake); and Trepanier informed me that he had once taken six hundred in one night with a net, some distance above his falls. As to that locality, I have myself seen them cleaving its foamy waters and passing upwards and onwards in high glee. (Lanman)
Charles Lanman raconte que Louis Déry n'était pas le seul à faire de la pêche abusive.
" Quant à l'étendue de leur voyage sur la Jacques-Cartier [L'auteur parle des saumons], les récits diffèrent étrangement; quelques habitants allèguent qu'ils ne vont jamais plus haut que les chutes Trépanier; d'autres pensent qu'ils se rendent à la source de la rivière et ne reviennent jamais (ce qui, bien sûr, est une erreur); et Trépanier m'a informé qu'il a un jour attrapé 600 en une nuit, au filet, à quelque distance de ses chutes. Dans cette localité, je les ai moi-même déjà vus fendre ces eaux écumeuses et passer au-dessus et en-avant en jubilant. " (Traduction libre) Charles Lanman, " Recollections of curious characters and pleasant places ", (1881).
L'illustration est de Sir Henry William Barnard. Réalisée en 1841, elle s'intitule " Jacques Cartier River Bridge ".

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Le pont Déry par Cornelius Krieghoff et la baisse du saumon
1863
Pont Déry, rivière Jacques-Cartier, Pont-Rouge (Québec), Canada
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Crédits:
Musée Mc Cord. M967.100.6

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Baisse du saumon selon Lanman
A few years ago the salmon were even more numerous than the trout, but the cunning arts of pot-fishermen or poachers had well-nigh exterminated the race, and would have done so entirely but for the interposition of the Quebec anglers, who caused stringent laws to be enacted, and now see to it that the river is properly protected.
Charles Lanman a aussi remarqué la diminution du saumon.
" Il y a quelques années, les saumons étaient bien plus nombreux que les truites, mais la ruse des pêcheurs à tous prix ou des braconniers a presqu'exterminé la race, et l'aurait fait totalement, n'eut été de l'intervention des pêcheurs de Québec qui ont décrétés des lois stricts et grâce à cela, la rivière est correctement protégée. " (Traduction libre) Charles Lanman, Recollections of curious characters and pleasant places, (1881).
L'illustration est de Cornelius Krieghoff. Krieghoff (1815-1872) fut un peintre réputé. Il résida dans de nombreuses villes, dont Québec, de 1853 à 1863 et en 1870-1871. Cette peinture, intitulée " The Salmon's leap, Dery's bridge " a été réalisée en 1863.