Passer au contenu principal

La capitale bilingue d’un pays bilingue

Présente depuis l’époque de Bytown, la communauté francophone d’Ottawa s’est fortifiée au fil des combats qui ont marqué son histoire et celle des Franco-Ontariens. Cette communauté lutte constamment pour l’affirmation du visage francophone de certains quartiers, comme la Basse-Ville, Vanier ou Orléans, et pour la reconnaissance du statut bilingue d’Ottawa, capitale d’un pays officiellement bilingue.

Illustration : Le nom Orléan’s est écrit. L’accent aigu dit Le débat prend des accents aigus! et l’apostrophe réplique Que veux-tu, on s’apostrophe!

Orléans, ville francophone en banlieue d’Ottawa, maintenant quartier de la grande ville, lutte longtemps pour garder son accent. En 1994, la Commission de toponymie de l’Ontario approuve finalement la demande d’y inclure l’accent aigu.

 

Illustration : Deux dessins représentant Glen Shortliffe. Le premier est un portrait. Sur le deuxième dessin, Shortliffe est dans une corbeille à papier sur laquelle est inscrit le jeu de mots : Short-lived.

En 1999, Glen Shortliffe rédige un rapport qui recommande la création d’une grande ville d’Ottawa qui aurait un seul palier de gouvernement et qui serait bilingue. Le gouvernement de Mike Harris ne retient que la première recommandation.

 

Dans l’air depuis de très nombreuses années, la question du bilinguisme de la Ville d’Ottawa revient périodiquement dans l’actualité. La première réglementation entourant la question remonte à 1970. L’arrivée de la question est principalement due aux pressions provoquées par la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (aussi connue sous le nom de la Commission Laurendeau-Dunton). L’un des volumes du rapport de cette commission concerne exclusivement la capitale fédérale. Au tournant des années 1980, le rapport Bradet, dont le but est de mesurer l’efficacité de la politique sur le bilinguisme à la Ville d’Ottawa, constate l’état désastreux de la situation. La politique en place laisse entièrement aux fonctionnaires municipaux le soin de donner des services en français. En 1981, on réécrit la politique de bilinguisme de la Ville. Même si la situation s’améliore, on est bien loin du bilinguisme officiel dont rêvent les francophones d’Ottawa.

Illustration : Deux statues discutent devant Queen’s Park. La première dit : – Le 20 décembre est un des jours les plus courts…  L’autre répond : – … et un autre sombre pour les Franco-Ontariens!

Les députés conservateurs de l’Assemblée législative de l’Ontario adoptent la Loi 25 qui crée la grande ville d’Ottawa sans lui conférer un statut bilingue.

 

Titre : Bilinguisme à Ottawa… Illustration : Dessin d’un mendiant qui demande en français et en anglais : – As-tu du change? – Spare change?

Adoption d’une politique linguistique par la Ville d’Ottawa qui assure aux francophones des services dans leur langue; une politique que plusieurs jugent nettement insuffisante.

 

En 2000, quelques jours avant la grande fusion municipale qui a fait d’Ottawa la Ville que l’on connaît aujourd’hui, le conseil municipal de Vanier adopte comme dernière résolution le souhait que la nouvelle Ville d’Ottawa soit nommée officiellement bilingue. Tout juste après, en 2001, la nouvelle grande ville adopte, après de houleux débats, une politique linguistique qui assure aux francophones des services dans leur langue. Politique que plusieurs jugent nettement insuffisante, car, en fait, la nouvelle entité municipale ne fait qu’appliquer la politique qui était en place dans l’ancienne Ville d’Ottawa.

Titre : Politique de bilinguisme Illustration : Dessin d’un chien qui a le choix de sauter entre deux cerceaux : celui de la Ville d’Ottawa (plus grand) ou celui de Queen’s Park (plus petit).

Politique sur le bilinguisme de la capitale fédérale. La Ville d’Ottawa et le gouvernement de l’Ontario se renvoient la balle.

 

Titre : Bilinguisme dans la région de la capitale  Illustration : Dessin d’un homme tenant une pancarte Touche pas à la Loi 101. L’autre homme répond d’un air hautain : – Sorry, I don’t speak French!

L’Alliance canadienne, parti politique originaire de l’Ouest canadien, trouve que le gouvernement fédéral se préoccupe trop du bilinguisme de la ville d’Ottawa, mais pas suffisamment de celui de Gatineau, sur la rive québécoise de la rivière des Outaouais où s’applique la Loi 101 sur la protection du français.

 

Titre : Bilinguisme à Ottawa  Illustration : Dessin d’un serveur de restaurant qui répond à la fois Oui! et No!

Le gouvernement conservateur de l’Ontario refuse toujours de modifier la Loi sur le bilinguisme de la Ville d’Ottawa. La Ville voudrait adopter la même politique qui avait cours avant la grande fusion.

 

Illustration : Dessin d’un homme qui lit un journal titrant à la une : Ottawa bilingue? Ce dernier dit : – On demande un pouce… on nous donne un pied. Hors cadre, on aperçoit seulement la jambe d’une autre personne qui s’apprête à lui donner un coup de pied dans le dos.

Un sondage révèle que seulement 49 % des résidents d’Ottawa désirent que la ville soit désignée bilingue.

 

En 2007, un autre rapport peu reluisant sur la situation du français dans la capitale fédérale fait surface. La politique est relativement bien appliquée dans les anciennes villes, qui sont maintenant des quartiers historiquement plus francophones, comme Vanier ou la Basse-Ville. Mais dans les quartiers historiquement anglophones, principalement à l’ouest de la ville, on peine à satisfaire à la politique municipale. En 2017, un projet de loi du gouvernement de l’Ontario vient officialiser le caractère bilingue de la Ville d’Ottawa. Mais plusieurs attendent encore une reconnaissance semblable et une désignation officielle du côté fédéral. Cela viendrait officialiser un statut de capitale bilingue d’un pays officiellement bilingue, même si, à bien des égards, les francophones perdent de plus en plus de terrain.

Illustration : Un prêtre, durant son homélie, affirme qu’il s’agit d’un sujet trop délicat pour un référendum. Deux paroissiens discutent de la nature de ce sujet contentieux :  – Le mariage gai? – Non, le bilinguisme à Ottawa!

La Loi 163 du gouvernement ontarien (libéraux) demande à la Ville d’Ottawa de posséder une politique sur le bilinguisme. Devrait-on procéder à un référendum?

 

Titre : Bilinguisme dans la région de la capitale nationale  Illustration : Dessin de deux hommes brandissant des pancartes de manifestation Le Franco-Ontarien avec le slogan Ottawa bilingue! et l’Anglo-Québécois avec le slogan Gatineau bilingual!

Différentes perspectives entre les réalités des rives ontarienne et québécoise de la rivière des Outaouais.

 

Titre : Ottawa bilingue : les avis sont partagés Illustration : Dessin de deux pancartes de manifestation qui fusionnent pour lire le slogan NOUI (l’une dit OUI, l’autre NON).

Le projet de faire de la Ville d’Ottawa une ville officiellement bilingue à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération canadienne bat de l’aile. Le projet ne reçoit l’appui que de la moitié des conseillers municipaux.