Les deux solitudes
Le terme Deux solitudes est tiré du titre d’un roman de Hugh MacLennan intitulé Two Solitudes, paru en 1945. Il fait référence aux relations distantes et tendues entre les Canadiens français et les Canadiens anglais, deux des trois peuples fondateurs du Canada moderne. Le roman de MacLennan se passe entre 1914 et 1939 et raconte l’histoire d’un homme à cheval entre les deux cultures. Il tente d’aller aux sources de son identité et ainsi imaginer une vision idyllique du Canada. En réalité, le titre de son roman est devenu le symbole d’un pays dysfonctionnel où tout oppose les rêves et les aspirations des francophones et des anglophones.

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Les réalités des deux minorités linguistiques : les anglophones du Québec et les francophones hors Québec.
Au cours de sa carrière, Bado illustre fréquemment ce thème en mettant l’accent sur les divergences de point de vue ainsi que le manque de communication entre les deux principaux groupes linguistiques du Canada. Il met aussi souvent en lumière les réalités fort différentes entre la minorité anglophone au Québec et les minorités francophones dans le reste du Canada.

Différence culturelle entre francophones et anglophones. Au Québec, la chanteuse Mitsou, au sommet de sa gloire, fait les manchettes. Au Canada anglais, c’est plutôt Yolanda Ballard, la compagne d’Harold Ballard, propriétaire âgé des Maple Leafs de Toronto, qui fait la une. La famille est en guerre ouverte au sujet de la succession de Mr. Ballard, jugé inapte à gérer ses biens.

Différence culturelle entre francophones et anglophones. Au Québec, on pleure la mort du chanteur Gerry Boulet. Au Canada anglais, celle de l’humoriste Johnny Wayne, membre du duo Wayne and Shuster, décédé à la même date.
Historiquement, le concept des deux nations s’appuie sur l’idée avancée par de nombreux intellectuels canadiens-français que la Loi constitutionnelle de 1867 serait un contrat entre les deux nations fondatrices du Canada. (Notons qu’à l’époque, les Premières Nations sont à la veille d’être assujetties à la fameuse Loi sur les Indiens qui les force peu à peu à abandonner leur culture et leur style de vie. On est donc loin d’une reconnaissance en tant que peuple fondateur.) Henri Bourassa, le fondateur du journal Le Devoir, va même déclarer que « le pacte de 1867 est un pacte entre deux races pour l’établissement d’un Canada biculturel. » À l’inverse, chez de nombreux politiciens anglophones et britanniques de l’époque, la Loi constitutionnelle de 1867 est un moyen de restreindre l’usage du français dans les limites du Québec.

Différence culturelle entre francophones et anglophones au point de vue littéraire. Du côté francophone, la publication de la biographie sur Céline Dion écrit par Georges-Hébert Germain. Chez les anglophones, la publication d’un livre sur Lady Di, décédée tragiquement quelques mois auparavant.

Différence entre francophones et anglophones au point de vue littéraire. Sur la tranche des livres francophones, les titres sont écrits de bas en haut afin de faciliter leur lecture lorsque les livres sont debout comme dans une bibliothèque. Sur les livres anglophones, c’est l’inverse afin de faciliter leur lecture lorsque les livres sont empilés sur une table.

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L’idée des deux peuples fondateurs va cheminer pendant plus d’un siècle, petit à petit, pour créer le concept du Canada français unifiant l’ensemble des francophones du pays. Ce chemin aboutit à la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme (Laurendeau-Dunton), imprégnée par la dominance de l’idée même des deux nations. Ce concept va se heurter violemment à la conception du multiculturalisme défendu par Pierre-Eliott Trudeau. Pour une partie des francophones, le fantasme des deux nations va persister jusqu’à aujourd’hui. Pour d’autres, il sera remplacé par une option plus souveraine. Une grande partie des anglophones vont accepter l’idée d’un multiculturalisme qui sera enchâssé dans la constitution de 1982. Les deux principaux groupes linguistiques poursuivront leurs routes dans des vases presque clos, avec des valeurs, des aspirations et des cultures où les occasions de rencontre se font rares.

Différence de perception entre les journaux francophones et les journaux anglophones sur le niveau de danger du français au Canada.
