S.O.S. Montfort
Au printemps 1996, le gouvernement de l’Ontario met sur pied la Commission de restructuration des services de santé ayant comme mandat d’évaluer le fonctionnement des hôpitaux de la province. Un rapport préliminaire est publié par la Commission en février 1997.

Situation difficile pour le français dans les hôpitaux de l’Ontario. Certains membres du gouvernement conservateur de Bill Davis tentent de bloquer l’adoption d’un projet de bilinguisme dans les hôpitaux de la région d’Ottawa par le Conseil régional de santé du district d’Ottawa-Carleton.

Deux Rochon en santé : Jean Rochon, médecin, député et ministre du gouvernement québécois (PQ) et Mark Rochon, président de la Commission de restructuration des soins de santé (CRSS) en Ontario.
Dans ce rapport, la Commission refuse de reconnaître le caractère distinct et unique de l’Hôpital Montfort en le considérant comme un hôpital bilingue. Elle recommande que l’Hôpital cesse d’offrir une gamme complète de services et s’intègre aux autres hôpitaux de la région. Cette restructuration aurait inévitablement entraîné la fermeture de l’Hôpital Montfort tel qu’il existait et la perte de nombreux services de santé offerts en français pour la communauté.

Le 22 mars 1997, un rassemblement monstre attire plus de 10 000 Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes au Centre civique à Ottawa.

Claude Ryan, ancien directeur du Devoir et chef du Parti libéral du Québec de 1978 à 1982, signe la pétition pour la sauvegarde de l’Hôpital Montfort – lui qui affirmait être guidé par la main de Dieu.
À la suite de cette annonce, un grand mouvement de contestation naît en Ontario français, mais aussi ailleurs au pays, pour dénoncer la perte de cette institution franco-ontarienne – S.O.S. Montfort. Gisèle Lalonde, ancienne mairesse de Vanier, s’affiche comme présidente de ce mouvement. Le quotidien Le Droit incite également les gens à signer une pétition qui recueillera plus de 125 000 signatures.

Gisèle Lalonde affirme en conférence de presse : « Je ne suis pas pour la violence, mais on a atteint la limite de notre patience. »

Plusieurs embûches se dressent devant la voie légale pour empêcher la fermeture de l’Hôpital Montfort.
Le mouvement S.O.S. Montfort atteint son apogée le 22 mars 1997 alors qu’un grand ralliement est organisé au Centre civique d’Ottawa, où sont réunies plus de 10 000 personnes venues des quatre coins de la province. Chanteurs, artistes et figures politiques expriment, tour à tour, leur soutien pour l’Hôpital et condamnent unanimement le gouvernement conservateur de Mike Harris qui refuse d’intervenir pour sauvegarder l’hôpital.

Les défenseurs de l’Hôpital Montfort annoncent qu’ils s’adresseront aux tribunaux à la suite du refus de la Commission de revoir ses conclusions.

Mike Harris, le premier ministre de l’Ontario, qui tire les ficelles de la Commission de restructuration des services de santé.
En réponse à cette manifestation monstre, la Commission décide de réviser ses recommandations au niveau de l’Hôpital Montfort. Jugeant les nouvelles recommandations tout aussi inacceptables, le mouvement S.O.S. Montfort se tourne vers les tribunaux.

La Commission de restructuration des soins de santé (CRSS) de l’Ontario annonce qu’elle fera appel du jugement de la Cour divisionnaire. D’après le gouvernement Harris, il est faux de conclure que la Charte canadienne des droits et libertés protège le patrimoine culturel et linguistique de la minorité franco-ontarienne.

Devant la Cour d’appel de l’Ontario, les avocats du gouvernement affirment que « rien dans la Constitution canadienne ne donne aux Franco-Ontariens le droit à un hôpital francophone. »
Dans sa décision du 29 novembre 1999, la Cour de l’Ontario souligne le caractère unique et distinct de l’Hôpital Montfort pour la minorité franco-ontarienne et empêche sa fermeture par le gouvernement provincial. En se basant sur la Loi sur les services en français, la Cour d’appel de l’Ontario confirme cette décision deux ans plus tard et assure ainsi la pérennité de l’Hôpital.

Le gouvernement Harris annonce qu’il respecte la décision de la Cour d’appel et qu’il ne s’adressera pas à la Cour suprême.

John Baird, président du Conseil du Trésor du gouvernement conservateur de Stephen Harper, abolit le programme de contestation judiciaire qui a financé la lutte pour contrer la fermeture de l’Hôpital Montfort.
