Partie 5 : Les années de guerre, la synagogue de 1939 à 1945
La Shaar est profondément affectée par la Seconde Guerre mondiale. Plus de 200 membres de la synagogue s’enrôlent pour servir sous les drapeaux.
En tant que président du Comité responsable du bien-être religieux du Congrès juif canadien, le rabbin Abramowitz veille aux besoins religieux des soldats juifs canadiens et sélectionne les aumôniers juifs pour servir dans les Forces armées canadiennes. L’un des premiers aumôniers nommés fut le rabbin Gershon Levi, alors directeur pédagogique de la synagogue, qui sert outre-mer dès 1941. Le comité se réunit régulièrement pour discuter de questions telles que la publication et la distribution de livres de prières pour les soldats juifs et la disponibilité de la nourriture casher.
Une anecdote historique intéressante : le rabbin Abramowitz a envisagé pendant une brève période de nommer le rabbin Wilfred Shuchat à un poste d’aumônier. Âgé de 24 ans, le rabbin Shuchat avait deux ans de moins que l’âge minimum requis pour servir en tant qu’aumônier; il a malheureusement été disqualifié. Deux ans plus tard, cependant, il est en tant que rabbin adjoint de la Shaar.

Lettre du rabbin Herman Abramowitz au Dr Louis Finkelstein (29 août 1944) au sujet de la nomination potentielle du rabbin Wilfred Shuchat en tant qu’aumônier de l’armée.
De nombreux fidèles participent à l’effort de guerre. C’est le cas de Horace R. Cohen et Jack A. Klein, des administrateurs travaillant dans l’industrie du vêtement dans le cadre du Wartime Prices and Trade Board (Conseil des prix et du commerce en temps de guerre). Plus tard, les deux hommes seront nommés à l’Ordre de l’Empire britannique (OBE) en reconnaissance de leur travail.
La congrégation a également connu une augmentation inattendue du nombre de ses élèves à l’école hébraïque lorsque 37 enfants juifs de Londres, réfugiés au Canada, ont demandé à y être admis.
Faire face à l’Holocauste
On croit souvent, à tort, que les horreurs de l’Holocauste étaient inconnues dans le monde avant la fin de la Seconde Guerre mondiale; en réalité, les communautés juives du monde entier ne cessaient de sonner l’alarme. En 1941, le jour de Yom Kippour, le rabbin Abramowitz a prononcé un sermon émouvant intitulé « La tragédie juive », dans lequel il évoquait les catastrophes qui avaient déjà frappé les Juifs d’Europe et celles qui se poursuivaient.
À propos des Juifs vivant dans les territoires occupés par les nazis, le rabbin Abramowitz écrit : « Aujourd’hui, on n’entend plus parler d’eux; ils sont, dirait-on, complètement réduits au silence ». Il exhorte la communauté juive à « renforcer l’esprit de loyauté juive partout, en réponse aux défis que posent nos ennemis ».

La couverture du programme du service d’action de grâce pour la cessation des hostilités en Europe, 1945.
En 1945, à la fin de la Seconde Guerre, la Shaar organise un service spécial d’action de grâce, qui comprend une « prière pour les fils d’Israël qui ont survécu aux atrocités nazies ».