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L’art vernaculaire autochtone

L’art vernaculaire autochtone offre une perspective unique sur les Prairies en faisant une grande place à la relation spirituelle avec la terre. Le bison est un symbole puissant de cette relation. Il apparaît dans les premières œuvres de l’artiste kainai Percy Plain Woman et dans les œuvres récentes de l’artiste siksika Adrian Stimson. Cet animal est au cœur des récits individuels et collectifs sur les liens qui nous unissent à la terre. On peut considérer ces œuvres comme des récits visuels semblables à la tradition orale des peuples autochtones. Elles couvrent une période de près de quatre-vingts ans d’histoire culturelle.

Cinq hommes à cheval dans un champ poursuivant un bison avec des arcs.

Percy Plain Woman – Last Buffalo Hunt

La première génération d’artistes autochtones présentée dans cette exposition a été confrontée à des défis. Ils faisaient souvent face à des jugements injustes du milieu artistique et ne recevaient que très peu d’appréciation pour leurs peintures contemporaines.

Des termes comme « art de calendrier » étaient utilisés pour se moquer des œuvres d’artistes tels qu’Allen Sapp, Henry Beaudry et Bette Spence, ce qui a limité le potentiel d’exposition et de collection de leur travail. L’artiste et commissaire métis Bob Boyer s’est opposé à ce genre de langage. En 1994, au Musée d’art Mackenzie, il a monté une exposition rétrospective consacrée à Sapp intitulée Kiskayetum où il disait que cette description du travail de Sapp avait limité son potentiel de façon injuste et que ses œuvres avaient été mal comprises. Boyer considérait les peintures de Sapp comme des récits visuels. Une façon de montrer la vie quotidienne au début du système des réserves autochtones et de contribuer à l’histoire de l’art autochtone influencée par la transmission de connaissances et d’expériences d’une génération à l’autre.

Un homme avec une hache qui taille des bûches pour en faire des piquets.

Allen Sapp – Sharpening Willow Pickets

Sapp, Plain Woman et Beaudry ont tous capturé des moments de vie dans les réserves. Ils se servent de l’art visuel pour raconter des histoires un peu comme les peintures traditionnelles sur peau que les Autochtones utilisaient pour décrire des batailles et des actes héroïques. Les peintures de Sapp de pow-wow et d’activités du quotidien, la représentation par Beaudry de la signature du Traité no 6 et la toile de Plain Woman, Last Buffalo Hunt, montrent les changements du mode de vie des peuples autochtones. En 1987, la commissaire d’exposition Carol Podedworny a appelé ces artistes des « narrateurs réalistes ». Elle pensait que leur travail reflétait de façon unique la vision philosophique des nations autochtones.

Six personnes assises autour d’une table pendant qu’un chef autochtone en tenue de cérémonie signe un document.

Henry Beaudry – Treaty No. 6, Battleford Area

Les œuvres de Bette Spence illustrent aussi des scènes rappelant la vie dans les Prairies. Cependant, en tant qu’artiste féminine, son expression artistique a été influencée par différentes traditions culturelles. Malgré tout, ses œuvres, comme celles des artistes masculins de son époque, illustrent bien le pouvoir de la terre en jouant avec les notions de temps et d’espace.

Vue d’une vallée fluviale avec des arbres.

Bette Spence – Yukon River

Dans les années 1990, l’art autochtone a pris une dimension politique plus importante en dénonçant ouvertement le traumatisme colonial. Des artistes comme Sherry Farrell Racette, Allen Benjiman Clarke, Adrian Stimson, et Ruth Cuthand se sont servis de l’art pour lutter contre les pertes culturelles et l’effacement. Les dessins de Cuthand soulignent le racisme auquel elle a été confrontée en tant qu’enseignante. L’œuvre troublante de Racette, Riel’s Vision of Death; 1885, offre un commentaire au sujet des impacts du colonialisme sur l’histoire des Métis. Les œuvres puissantes de Clarke expriment des traumatismes personnels et collectifs face à l’expérience des pensionnats autochtones.

Trois images, une femme tenant une chandelle, une femme dans un lit, et une femme à cheval. Elles sont entourées de texte.

Sherry Farrell Racette – Riel’s Vision of Death

Enfant mal nourri, enchaîné qui tient un bol de soupe devant une religieuse.

Allen Benjiman Clarke – Mother Soup-erior