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Sidney Kelsie

Des artistes de tous horizons créent de l’art vernaculaire, y compris ceux et celles qui n’ont jamais reçu de formation formelle en art, qui ne se réclament pas d’une tradition artistique, qui n’ont pas été influencés par d’autres artistes ou disent ne pas l’avoir été, et même ceux et celles qui ne se considèrent pas comme des artistes. L’artiste Sidney Kelsie de l’Alberta était tout cela à la fois.

D’origine caribéenne et irlandaise, Kelsie est né en Nouvelle-Écosse en 1928. En raison de la ségrégation dans les écoles, son éducation a été compliquée et il a dû fabriquer de faux papiers pour s’enrôler dans la Marine à l’âge de 16 ans. Après la guerre, il a travaillé dans des camps de bûcherons jusqu’à ce qu’il se blesse et qu’il soit obligé d’aller à Edmonton où son métier était de peinturer des maisons. Il a donc pris sa retraite assez tôt.

Kelsie a commencé à faire de l’art en 1981. Un jour, il a trouvé un objet sculpté qu’il a installé sur le portail de son jardin, ce qui l’a encouragé à peindre des morceaux de bois et d’autres objets trouvés avec la peinture qu’il utilisait pour les maisons. Chacune des pièces colorées qu’il créait du début à la fin était exposée dans son jardin. Si elles étaient plutôt abstraites au départ, ses œuvres ont rapidement pris l’apparence d’animaux, de personnages et de visages. Les objets recouvraient son portail et sa clôture, étaient suspendus aux arbres et installés dans le jardin. Éventuellement, ses créations ont donné vie au jardin qui est ainsi devenu le cœur de son œuvre. Blue Picture Stand n’est qu’un petit exemple du plus grand concept.

Structure en bois bleu sur laquelle sont suspendues plusieurs images représentant des créatures et des motifs.

Sidney Kelsie – Blue Picture Stand

Bien que Kelsie disait ne pas avoir été inspiré par d’autres artistes, il est tout à fait possible que ses origines aient influencé, du moins inconsciemment, son travail. Son œuvre ressemble à « l’art de jardin » afro-américain qui vient de l’Afrique de l’Ouest où on a l’habitude de suspendre des porte-bonheurs dans les arbres pour protéger les habitants de la maison.

À mesure que de nouvelles pièces étaient ajoutées à la collection, le jardin, à l’allure joyeuse, attirait de plus en plus l’attention. Kelsie habitait en face du stade du Commonwealth et beaucoup de passants pouvaient voir ses œuvres, ou encore s’arrêtaient pour poser une question ou visiter le jardin. Parmi ceux et celles qui se sont intéressés au travail de Kelsie et à sa notoriété grandissante, on retrouve le journaliste David Staples qui a écrit en 1985 un article à son sujet ainsi que l’artiste Wayne Mackenzie qui l’a finalement convaincu d’exposer son travail au Electrum Design Studio. Par la suite, la commissaire Nancy Tousley a décidé d’inclure ses créations dans une exposition à la Collection McMichael d’art canadien. D’autres encore, comme Kelsie lui-même, étaient juste contents d’en profiter.

Structure en bois bleu sur laquelle sont suspendues plusieurs images représentant des créatures et des motifs.

Sidney Kelsie – Blue Picture Stand

Louise, la femme de Kelsie, était la source de son énergie et de sa motivation à créer, terminer et exposer ses œuvres. Lorsqu’elle est décédée en 1994, c’en était fini pour Kelsie. Il arrêta de peindre, décrocha les œuvres du jardin et se débarrassa de tout, sauf d’une poule. Il ne voulait plus voir tout ce qui lui rappelait son immense chagrin.

Il a survécu encore quelques années en vendant ses œuvres, mais cette période a été très sombre. Louise était non seulement sa compagne, mais elle gérait également sa vie et son travail en plus de répondre aux questions. Étant plus âgé qu’elle et d’une santé fragile, Kelsie n’avait jamais pensé que Louise partirait avant lui. Les activités qu’ils aimaient faire ensemble avant ne seraient plus jamais pareil.

Kelsie est décédé en 2000. Ses œuvres ont été éparpillées un peu partout, il a donc été plus difficile de continuer à apprécier ce qu’il avait créé. Au fil du temps, plusieurs de ses pièces ont été retournées à sa famille et à la collection de la Alberta Foundation for the Arts. Il peut maintenant inspirer la joie à la nouvelle génération.