Une vie à expérimenter et à conseiller
Il y a des gens qui ont une grande curiosité. Ils ont besoin de toujours en savoir plus.
À Saint-Denis de Kamouraska, un verger expérimental est créé vers les années 1880 par un homme de ce genre. On l’appelle Jean-Charles Chapais, fils (1850-1926).

Henriette Michaud et Jean-Charles Chapais, fils, en compagnie de leurs deux enfants, Charles et Anaïs
Au début de sa carrière, Jean-Charles Chapais travaille quelques années dans le domaine qu’il a étudié. Il est avocat.
Cependant, ce qui l’intéresse le plus ce sont divers aspects de la vie agricole et de la foresterie. Il écrit sur l’histoire de l’agriculture. Il pratique l’arboriculture fruitière et l’horticulture, tout en suivant de près la production laitière. D’ailleurs, c’est lui et Édouard-A. Barnard, son beau-frère, qui ont fondé la première école de beurrerie et de fromage en Amérique du Nord, en 1881.
Jean-Charles Chapais est à l’origine de beaucoup d’articles dans le Journal d’agriculture. Il prononce de nombreuses conférences où il rencontre des propriétaires d’arbres fruitiers. Souvent, ils lui font part de la difficulté de cultiver des pommes, entre autres, dans Bas-du-Fleuve.
Il n’en faut pas plus pour qu’il aménage un verger derrière la maison familiale à Saint-Denis, vers 1889. Il y cultive les fruits que l’on retrouve dans tous les vergers de la région, mais son verger n’est pas comme les autres. Il est expérimental.

Le jardin de Jean-Charles Chapais, fils, à Saint-Denis, au printemps. Ce jardin a été remis en état par La Maison Chapais.
Chapais fait des expériences de greffes, d’acclimatation, de résistance aux maladies et aux parasites avec ses arbres. Il essaie des traitements. Dorénavant, ses publications et ses articles portent sur ses observations. Il dresse des listes des meilleurs arbres fruitiers pour la région de la Côte-du-Sud et le Bas-du-Fleuve. Ses critères de classement sont le goût des fruits, la quantité produite par arbre, la capacité des arbres à vivre sous notre climat et leur résistance aux divers agresseurs.
Environ dix ans après la création de son verger d’expérimentation, on y compte près de 40 variétés de pommiers, la moitié de pruniers, neuf de cerisiers et deux de poiriers. Et quel fait surprenant, il cultive même des abricots !
Jean-Charles Chapais fait partie de la Société d’horticulture de L’Islet et de celle de pomologie. Il est visionnaire. En plus de ses expériences fruitières, il met en garde contre la déforestation. Il prône en visionnaire que les arbres retiennent le sol, qu’ils limitent les inondations et que le renouvellement de la ressource est long. En visionnaire, il touche au domaine de l’agroforesterie.
Lui et son homologue Amable Morin jouent des rôles très importants pour toute l’histoire de l’horticulture fruitière. Chapais, qui devient sous-ministre de l’agriculture, est le principal artisan des réformes de l’agriculture de l’Est-du-Québec.